Fiche de lecture
1. Degré d’intérêt général
Recueils de “récits autour de la voix” fortement teinté par l'imaginaire et l'onirisme. Chaque récit semble former une nouvelle circonvolution métaphorique autour du thème de la voix, mouvement par lequel le récit progresse lentement.
2. Informations paratextuelles
2.1 Auteur : Danielle Dussault
2.2 Titre : Le vent du monde
2.3 Lieu d’édition : Montréal
2.4 Édition : Triptyque
2.5 Collection : -
2.6 (Année [copyright]) : 1987
2.7 Nombre de pages : 112 p.
2.8 Varia :
Sous-titré “Récits autour de la voix”
3. Résumé du roman
Un personnage féminin, qui finira par se nommer Lili Daliso à partir du 14e récit, “Les parois sonores chuchotent”, tente de cerner ce qu'elle nomme “la voix”, à travers différentes rencontres qu'elle effectue à chaque récit. D'abord plutôt abstrait, ce concept de “voix” se définit peu à peu, au fur et à mesure que Lili Daliso devient elle aussi de plus en plus tangible et de plus en plus assurée, comme la prise de parole de la femme par le biais de l'écriture. C'est, du moins, mon interprétation de ce récit hautement métaphorique et à forte tendance onirique. D'ailleurs, je dois admettre que certains passages m'ont paru plus nébuleux voire opaques, notamment ceux, récurrents, concernant des souris et des montagnes… Peut-être est-ce par manque de connaissance de ma part à propos du contexte social et/ou féministe de l'époque…
4. Singularité formelle
Les 18 récits sont séparés en 5 sections intitulées “La nuit des temps”, “La nuit de la fenestration”, “Entre l'aube et la fenaison”, “Les murs de l'état 0” et “Cris dans la voûte céleste”.
5. Caractéristiques du récit et de la narration
La narration est d'abord à la première personne, puis à la troisième personne, focalisée sur “la jeune femme”, et enfin, omnisciente. Peut-être est-ce justement en parvenant à ce degré d'omniscience que la “voix” peut accéder à la parole.
6. Narrativité (Typologie de Ryan)
6.1- Simple
6.2- Multiple
6.3- Complexe
6.4- Proliférante
6.5- Tramée
6.6- Diluée
6.7- Embryonnaire
6.8- Implicite
6.9- Figurale
6.10- Anti-narrativité
6.11- Instrumentale
6.12- Suspendue
Justifiez :
Embryonnaire avec tendance instrumentale, parce que l'impression que donne Le vent du monde, c'est celle d'un univers onirique qui défile, sans vraiment de causalité entre les événements, les rencontres, et raconté sur un ton lyrique qui rend l'ensemble très peu orienté vers une fin à proprement parler. Toutefois, le pendant métaphorique non négligeable du récit m'amène à croire que sa fonction principale est véritablement, sous le couvert du rêve et de l'imaginaire, d'illustrer l'accession des femmes à la parole et à l'écriture.
7. Rapport avec la fiction
À la page 96, Lili Daliso est inspirée par ce qu'elle lit dans les “milliers de bouteilles accumulées”, ce qui la pousse à écrire quelque chose à son tour, à transmettre la “voix”. Il s'agit donc moins d'un rapport avec la fiction que d'un rapport avec l'écriture qui a un effet boule de neige, i.e. qu'elle entraîne elle-même l'écriture. La “voix” passe de celles qui ont précédé jusqu'à Lili.
8. Intertextualité
Le titre d'un des récits, “Race de monde”, rappelle évidemment ce roman de Victor-Lévy Beaulieu, mais franchement, je ne saurais dire en quoi autrement.
9. Élément marquant à retenir
L'aspect circonvolutoire de l'organisation du recueil. À force d'être abordée selon différents angles et par des métaphores différentes, la “voix” passe d'un motif abstrait à un enjeu social et artistique.