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Fiche de lecture
Je vais relire certaines sections du roman pour compléter la fiche. Croyez-moi, c'est nécessaire…
1. Degré d’intérêt général
Très pertinent pour une étude sur la diffraction. Pour reprendre les mots de Catherine Lalonde, du Devoir, Wigrum est “à la fois une collection de récits et le récit d'une collection” (“Distiller la fiction”, Le Devoir, 10 décembre 2011, p, F3).
En résumé: Imposant dispositif métafictionnel + récits éparpillés + narration fuyante = Wigrum
2. Informations paratextuelles
2.1 Auteur : Daniel Canty
2.2 Titre : Wigrum
2.3 Lieu d’édition : Chicoutimi
2.4 Édition : La Peuplade
2.5 Collection : -
2.6 (Année [copyright]) : 2011
2.7 Nombre de pages : 202
2.8 Varia :
3. Résumé du roman
Sebastian Wigrum, un collectionneur hors du commun, disparaît mystérieusement de son domicile londonien en 1944. Le roman nous présente un inventaire des collections qu'il a rassemblées, avant et après 1944. Les 101 objets sont divers - des allumettes, un papillon de nuit, un rhinocéros en origami, le dentier du Père Noël, entre autres -, placés en ordre alphabétique et proviennent de trois collections: La collection du miroir, La collection de Prague et les Extraits de patience. La description de chacun de ces objets constitue un récit, parfois de seulement quelques lignes, parfois de quelques pages. De nombreuses récurrences et de nombreux liens se créent à mesure que le lecteur avance dans sa traversée de la collection de Wigrum, mais ces liens demeurent toujours énigmatiques, suggérés comme involontairement, plutôt qu'établis en fonction d'une construction sémantique particulière. Bref, les récurrences et les liens sont là, tout simplement, ils existent. Suite à la présentation de la collection, l'auteur, Daniel Canty, tente d'expliquer son projet d'écriture, mais ses explications sont manifestement fictives elles aussi et ne font que mystifier davantage le lecteur. En prétendant démêler les fils de la fiction, il en tisse une encore plus épaisse.
4. Singularité formelle
Surtout dans les parties 1, 2 et 4 (voir plus loin), des commentaires, digressions, transcriptions de citations en langue originale, dessins et schémas sont placés en marge du texte principal, à la verticale, comme dans certains textes de la Renaissance.
Le livre est encadré de bleu : l'endos de la première et de la quatrième de couverture sont d'un bleu immaculé, ce qui contraste singulièrement avec le reste du roman tout de blanc. Je n'y vois cependant pas, pour l'instant, de signification particulière…
Juste avant que ne débute l'inventaire, on retrouve une liste alphabétique de tous les objets ainsi qu'une autre liste, chronologique cette fois, ce qui sous-entend que le lecteur peut choisir d'aborder la collection selon l'angle qu'il préfère (donc la tabularité de la collection s'inscrirait dans la linéarité globale du roman).
Voici, les différentes parties de Wigrum: 1. Un bureau sur la lune - Chapitre Premier : Aurait été écrit par Wigrum lui-même tout juste avant sa disparition. Ce chapitre raconte, à la troisième personne, la vie quotidienne de Wigrum à Londres.
2. Sebastian Wigrum, collectionneur ordinaire - Préface : Prétendument rédigée en 1989 par Joseph Stepniac, le principal commentateur de l'oeuvre de Wigrum, cette préface retrace l'histoire de Wigrum, de son enfance jusqu'à l'établissement de sa collection.
3. Instructions au lecteur : Écrites par “les éditeurs”, elles constituent plus une présentation de la structure des textes qui suivent que de véritables instructions qui éclaireraient la lecture… il me semble…
4. Collection : Les trois collections sont ici rassemblées, en ordre alphabétique, et chaque objet est accompagné d'un dessin le représentant.
5. Wigrum et Stepniac - Postface : par Daniel Canty, en 2008. L'auteur affiche explicitement son projet comme relevant de la fiction. Toutefois, ses explications sont elles aussi fictives… Wigrum devient ici le récit du récit d'une collection.
6. Les Extraits de patience - Apostille : par Daniel Canty, 2011. L'auteur raconte comment il a été en contact “réel” avec Wigrum, Stepniac et Stein, et continue de brouiller les frontières entre réalité et fiction. Dans Wigrum, la réalité, même lorsqu'elle tente de s'opposer à la fiction, est invariablement fictive.
7. L'inventaire de la succession - Index : par Leroy Stein, qui semble être un autre avatar pseudo-réel de l'identité fictive Sebastien Wigrum/Joseph Stepniac. Cet index, censé désenchevêtrer les fils de la fiction, a plutôt l'effet inverse puisque les références sont, en général, obscures ou incomplètes.
8. Remerciements : par Daniel Canty. Les remerciements d'usage, qui semblent tout ce qu'il y a de plus réels, se terminent par les phrases suivantes : “Je salue enfin Sebastian Wigrum, Joseph Stepniac, Leroy Stein et Clara, où qu'ils soient, et qui qu'ils puissent être. Toute ressemblance avec des personnes mortes ou vivantes, fictives ou réelles, est bien sûr plus que fortuite.” L'auteur - ou serait-ce plutôt le narrateur ? J'avoue ne plus trop savoir - colmate donc la fuite de la réalité vers la fiction.
5. Caractéristiques du récit et de la narration
La narration est assurée par plusieurs figures différentes, notamment: Sebastian Wigrum, Joseph Stepniac, “les éditeurs”, Daniel Canty et Leroy Stein. Un problème se pose régulièrement: Lequel raconte ? Wigrum et Stepniac en viennent à ne former qu'une seule personne et Stepniac, selon les “Instructions au lecteur” est peut-être l'auteur des descriptions des objets de la “Collection de Prague”. D'ailleurs, “les éditeurs” qui ont rédigé ces instructions sont-ils ceux de l'édition de Stepniac, de Canty ou d'aucun des deux ? Qui a écrit les “Extraits de patience” ? À ma connaissance, aucune information n'est fournie à leur propos. Lorsque Daniel Canty écrit dans une Postface et une apostille, le trouble du lecteur est grand avant qu'il ne comprenne qu'il a ici affaire à un Daniel Canty personnage et non auteur. Leroy Stein, enfin, à l'origine de l'index se mélange lui aussi avec les figures de Wigrum et Stepniac.
Le seul récit que l'on pourrait qualifier de “principal” dans ce roman, c'est celui qui concerne l'identité de Wigrum : Qui est-il ? Existe-t-il ?. Même si répondre à ces questions ne résout rien, il reste qu'à la figure de Wigrum sont liées toutes les autres figures narratives du roman, tous les objets des collections et, confusément, les personnages présents dans les descriptions des objets.
6. Narrativité (Typologie de Ryan)
6.1- Simple
6.2- Multiple
6.3- Complexe
6.4- Proliférante
6.5- Tramée
6.6- Diluée
6.7- Embryonnaire
6.8- Implicite
6.9- Figurale
6.10- Anti-narrativité
6.11- Instrumentale
6.12- Suspendue
Justifiez :
7. Rapport avec la fiction
Je crois qu'il faudrait un mémoire de maîtrise entier pour circonscrire la question du rapport à la fiction dans Wigrum… À ce que j'ai déjà écrit dans les autres sections (car dans Wigrum, j'ai l'intime conviction que, d'une façon ou d'une autre, tout est lié au rapport problématique avec la fiction - ou avec la réalité, selon le point de vue -), j'ajouterais que ce ne sont pas seulement les figures de narrateur qui sont tour à tour fictionnalisées ou véracifiés ? (rendus plus réels, bref), mais aussi les personnages mentionnés dans les descriptions de la collection. Les personnages historiques réels (Alan Turing,
8. Intertextualité
Infernale. L'index en donne déjà un certain aperçu, cependant, les noms des auteurs n'y sont pas mentionnés….
9. Élément marquant à retenir
Un roman qui résiste…