CRIN, « Jeunes auteurs de Minuit », n° 27, 1994.
Entretien avec Toussaint, études de cas sur : Toussaint, Rouaud, Marie Redonnet, Bernard-Marie Koltes, Echenoz, Guibert, Bon, Christian Gailly.
Ammouche-Kremers, M. « Présentation ».
Bien qu’il ne s’agisse pas d’école, Minuit lance un groupe d’écrivains sous la dénomination commune de Nouveaux Nouveaux Romanciers. Ces Jeunes Auteurs de Minuit (JAMs) sont caractérisés par leur ton impassible et leur écriture minimaliste. Ils revalorisent le genre romanesque en revendiquant le droit de réhabiliter les notions « périmées » de l’intrigue, du personnage ou de la valeur. Ils se réapproprient « un passé dont les formes, les thèmes, les souvenirs esthétiques et intellectuels, viennent nourrir des récits enfin restaurés dans leur fonction cognitive. »
- - -. « Entretien avec Jérôme Lindon, Directeur des Éditions de Minuit », p. 1-14.
Écrivains mentionnés : Echenoz, Rouaud, Bon, Toussaint. La « génération de l’après Nouveau Roman ».
Lindon : Une partie des jeunes écrivains avait été stérilisée, non pas par les Sciences humaines, mais plutôt par le Nouveau Roman.
Ammouche-Kremers : Il s’agit moins de rupture ou de refus que de réappropriation, un grand mouvement de liberté qui souffle.
Schoots, F. « L’Écriture minimaliste », p. 127-144.
Corpus de minimalistes : Eric Chevillard, Patrick Deville, Jean Echenoz, Christian Gailly, Marie Redonnet, J.-P. Toussaint, Christian Oster. Corpus de non-minimalistes : Marie NDiaye, François Bon, Rouaud, Guibert, Eugène Savitzkaya
Contrairement à la génération précédente, la nouvelle génération ne participe pas en groupe aux débats sur la littérature et n’avance pas de théorie commune. On peut isoler, depuis 1989, un « banc, ou bien l’unique banc » de la littérature actuelle, soit les JAMs. Ces derniers se distinguent par la réduction des techniques narratives et par leur relation (de continuité ET d’opposition) aux Nouveaux Romanciers. Ce minimalisme, considéré comme l’une des tendances par laquelle le postmoderne se distingue par rapport au moderne, peut-être un minimalisme de forme (brièveté de mots, phrases, paragraphes, récits, oeuvres), de style (ton impassible, démantèlement du vocabulaire, syntaxe et rhétorique), ou de contenu narratif (réduction des personnages, exposition, mise en scène, intrigue). La majorité des JAMs pratique un minimalisme formel : - les textes sont courts (moins de 200p.) et fragmentaires - imprécision temporelle, simultanéité dans le temps - langue parlée, répétitions, méfiance de la langue figurée - ludisme - impassibilité, qui n’est pas insensibilité, mais plutôt la dissimulation d’émotions - pas de relation de causalité : le récit revient, mais pas innocemment, pas dans sa forme balzacienne, les narrateurs brouillent délibérément les pistes - l’importance et omniprésence du regard, surcharge de signes visuels - l’écriture est à la fois matière et sujet, le narrateur se représente comme à la fois créateur tout puissant est sceptique qui se corrige sans cesse - la narration se construit par la dialectique entre hasard et détermination ; si la focalisation passe librement entre personnages, la narration est faite d’une seule voix.
-« Infidèles, les signes de ponctuation ne permettent plus de distinguer récit du narrateur et récit des personnages (discours direct ou discours indirect), de sorte qu’il est parfois difficile d’identifier la voix narrative. » p. 130
- « L’effet humoristique produit par le traitement ludique du langage, est accru par l’alternance entre les tons différents : scientifique et banal, soutenu et vulgaire, impersonnel et direct, parlé et littéraire, humoristique et tragique, technique et populaire, lyrique et prosaïque. » (p. 133) L’idée d’impassibilité est certes fondée sur cette alterance.
la réflexion sur le hasard est essentielle dans les roman minimalistes. pour arrêter l’écoulement du temps dévastateur, les personnages s’imposent des tâches inutiles ou impossibles, se déplacent sans cesse pour fuir la solitude, ou bien se retirent dans un coin pour « se perdre dans le solipsisme »
les auteurs minimalistes (Chevillard, Deville, Echenoz, Gailly, Oster, Rdonnet, Toussaint) forment un groupe à part parmi les jeunes auteurs de minuit.
par rapport au nouveau roman : caractéristiques communes : métalepses narratives, point de vue à motivation compositionnelle et non psychologique, attention au moindre détail, références à l’arbitraire du jeu, absence d’une causalité propre à relier et expliquer les épisodes de l’intrigue. différences : les personnages recoivent un nom chez les jams. les motifs récurrents et les mises-en-abyme réfèrent à la structure complexe à la base de l’énonciation et de l’énoncé chez les NR, alors que chez les JAM ils ne structurent pas le récit mais, parfois, permettent ds transitions.