Table des matières
COMPTE RENDU DE L’ATELIER DU 27 NOVEMBRE 2009
Discussion autour du plan de l’ouvrage collectif
[Fait par Manon Auger]
Plan de départ (1re partie) Idées de chapitres :
Précarité (crise de la représentation, mort de la littérature…)
Liminarité (décentrement par rapport à la littérature/à l’héritage, à la nation, à la France…)
Médialité (position de l’écrit par rapport aux autres médias, littérature et nouvelles tech-nologies…)
Oralité (rapport de l’écriture au langage parlé, au joual, aux patois, aux vernaculaires…)
Pauvreté (littérature du pauvre, « Belle Langue », épuisement, minoration, absence de maître…)
Intimité (retour du sujet, repli familial ou généalogique, parcellisation des sphères littéraires…)
Validité (question de la valeur, mécanismes de validation, distance critique minimale, durée et postérité des œuvres…)
INTRODUCTION
a) Mise en contexte
L’introduction sera d’abord l’occasion d’une mise en contexte, c’est-à-dire de donner des re-pères pour tous les publics visés, d’établir les faits et de faire la petite histoire de… Dire par quoi le contemporain se caractérise, ce qui en marque les bornes pour la critique : événements, circonstances, maisons d’édition, collections, grands colloques, prix, etc. En somme, un état des lieux.
b) Problématique et hypothèse
L’angle de saisie est celui de la narrativité, mais la démarche n’est pas encore clairement fixée, c’est-à-dire que beaucoup de propositions ont été faites mais qu’aucune hypothèse claire qui rendrait plus facile la suite du travail (rédaction et recherche) n’a été formulée. Les points sur lesquels tous semblent s’entendre :
- On s’intéresse ici au discours qui construit la littérature comme contemporaine, ce par quoi le contemporain peut exister parce que le discours critique (au sens large) lui accorde une cer¬taine valeur ou parce que certaines œuvres se conforment à une idée préconstruite du contemporain. En effet, le contemporain c’est aussi bien un discours sur la production littéraire qu’une production qui s’élabore en dehors de ces discours.
- Il ne s’agit ainsi pas d’une approche strictement comparatiste, mais bien d’un regard glo-bal sur deux littératures qui présentent des phénomènes similaires mais qui se déclinent différemment. Il s’agit plus spécifiquement de repérer les conta¬mi¬¬nations dans les œuvres, malgré la diversité des réactions vis-à-vis des mêmes mots d’ordre, des mêmes thèmes de réflexions (ex : les « retours à »).
- Il ne s’agit pas non plus de reconduire ce qui existe déjà, mais d’en offrir une synthèse et de repérer certaines apories, points aveugles, frictions que la prise en considération des deux littératures permet d’apercevoir, par exemple, les biais qu’introduisent les choix théoriques et méthodologiques des diverses critiques. De ce point de vue, la perspective métacritique est essentielle, tout comme la volonté d’offrir un discours sur deux littératures qui, dans le contexte contemporain, sont de moins en moins mises en perspective.
- Dans le même ordre d’idées, il s’agit également d’aller chercher des points de vue plus originaux, qui permettent de « traverser » les deux territoires, d’offrir de nouvelles pers-pectives. Ainsi, si on remarque de chaque côté une certaine homogénéité des discours critiques (et que l’on pourrait questionner d’ailleurs), il y a certainement beaucoup à ap-prendre d’une lecture conjointe de ces deux discours, tout comme d’une étude comparée d’œuvres françaises et québécoises réunies selon une problématique commune (par ex. : le minimalisme) pour ensuite en saisir les singularités.
- De façon générale, on s’entend pour dire que le terrain commun (la pertinence de rap¬pro-cher ces deux corpus) est le contemporain lui-même (soit des problématiques et des esthétiques liées plus globalement à une période) et que l’établissement de ce terrain com-mun nous permettra par la suite d’établir les singularités, à la fois françaises et québécoises. Mais il faut retenir que ces singularités sont dans le discours cri¬tique et dans certains aspects institutionnels – 1re partie – et dans les œuvres elles-mêmes – 2e partie. Cela ne pourra donc servir à caractériser chacune des parties, même si l’on propose que la 2e partie donne davantage d’éléments permettant de distinguer les deux littératures. En d’autres termes, ce qu’il y a de contemporain dans les littératures qué¬bécoise et française est autant dans les discours critiques français et québécois que dans les œuvres. Le « con-temporain » devient ainsi notre angle d’approche, le premier objet de notre étude ; il s’agira alors d’identifier les singularités des discours, des manifestations, etc. (ce qui est commun, mais aussi ce qui est spécifique, par ex. : problématique de la littérature migrante). Le problème qui se profile : comment articuler l’angle de saisie (la narrativité) et l’angle d’approche (le contemporain) ?
- Plus spécifiquement, la narrativité (ou disons plutôt ce que les œuvres font de la nar¬ra-ti¬vité ? Ou bien un travail sur cet aspect particulier qui rend ces œuvres dignes d’intérêt pour la critique ? Il faudrait préciser, sinon ça n’a pas grand sens) re¬pré-senterait une de ces valeurs structurantes que l’on retrouve dans les deux littératures mais qui se déclinent différemment dans chacune.
- Une des hypothèses sous-jacentes (mais qui ne concerne que la première partie) est que, dans les années 1980, il y a eu une coupure, un désarrimage théorique de la critique québécoise vis-à-vis de la théorie française. Au cours de l’atelier, un des assistants a toutefois fait remarquer que, depuis 2000, on assiste à un nouveau « retour » (!), soit ce-lui d’une posture critique québécoise qui accepte davantage la théorie française. Faudrait-il, du coup, revoir notre périodisation pour la faire se terminer à 2000 ?
c) Plan de l’ouvrage
Il faut ici préciser que chaque thème proposé est une sorte de coup de sonde dans le corpus. Ainsi, les propositions pour les divers chapitres sont davantage des propositions de contenu que des titres arrêtés. Ce qu’on cherche, ce n’est la structure la plus élégante, mais à en arriver à un plan qui puisse nous indiquer ce qu’on va écrire et dans quel ordre.
Les notions proposées dans cette version du plan sont des notions qui travaillent les deux lit-tératures en cause. Au surplus, elles travaillent à la fois le discours critique et les œuvres elles-mêmes.
REMARQUES GÉNÉRALES :
- Les questions touchant à l’archéologie du contemporain, la question de l’étude du contem¬po¬rain, de sa définition, etc., n’ont pas été abordées lors de l’atelier. Peut-être devront-elles être formulées en introduction, de manière à établir la méthodologie et à s’inscrire plus globalement dans la mise en contexte ? À cet égard, le plan proposé par René Audet pourrait servir de base à la rédaction de l’introduction. Sinon, elles pour-raient être inté¬grées à même la réflexion qui traversera toute la première partie. Faudrait-il donner une valeur très précise aux termes « contemporains » et « actuels » qui semblent pour l’instant interchangeables ?
- Il faudrait s’interroger à savoir si certains concepts que l’on retrouve dans les deux dis-cours ne caractérisent pas, de part et d’autre, des phénomènes différents alors que, inver-se¬ment, des concepts différents désignent une seule et même réalité. Le collectif pourrait être l’occasion de faire le point là-dessus.
1RE PARTIE : MÉTACRITIQUE – HISTORIQUE
Dans l’ensemble de cette partie, il s’agit de relire les principaux consensus du discours critique sur la production contemporaine, sous l’éclairage de la situation historique, par exemple, ou des réflexions poétiques et esthétiques. Il ne s’agit pas simplement de déblayer le terrain, mais de faire un retour sur les grands thèmes de la critique, sans exclure qu’on reprenne plus tard nous aussi les thèmes en question. En somme, il s’agira d’identifier ce qui « ressasse » dans le discours afin d’en prendre la mesure, de comprendre, de questionner la valeur de ces discours, de voir si on parle des mêmes choses quand on utilise les même mots, etc. C’est par le biais d’une discussion sur les grands « poncifs » des discussions critiques françaises et québécoises (pour les mesurer l’une à l’autre) que l’on va entrer, à notre tour, dans la discussion du/sur le contemporain.
Dans cette perspective, il serait intéressant d’identifier les « thèmes d’obsession » et de montrer comment le discours critique s’engouffre dans ces thèmes. Nous mettrions ainsi côte à côte di-vers phénomènes, mais nous pourrions par le fait même mettre de l’avant les forces qui mobi-lisent le discours critique. L’hypothèse ici est qu’il y aurait deux « versants » véhiculés par le discours critique : d’un côté, un versant négatif (deuil, crise, mort, etc.) et, de l’autre, un versant plus positif (mémoire, retour du sujet, transmission, etc.). Il s’agit donc (dans la première partie, mais aussi, de façon globale, dans l’ensemble de l’ouvrage) de déplacer les enjeux habi¬tuel¬le-ment repérés, de reconsidérer, le cas échéant, les mouvements de crise comme des mouvements dynamiques.
La première partie serait en somme plus une étude des mouvements de transformation (dyna-mique de changement) que de leurs résultantes. Le postulat serait que le discours met en place des vecteurs de changement autour de certains pôles ; nous nous concentrerions pour notre part sur le narratif contemporain, en disant « voilà ce que le narratif contemporain a fait à l’idée de littérature ».
Idées de chapitres :
o Comme changement majeur, on propose que le chapitre sur la « Validité » pose au préa-lable, sous un autre titre, la question de la « valeur » construite du contemporain et qu’il ouvre la pre¬mière partie, étant donné qu’il proposerait un regard d’ensemble sur diverses ins¬tances insti¬tu¬tion¬nelles. Ainsi, la « valeur », c’est ce qui permet de comprendre la structuration du champ sous le rapport de l’esthétique : qu’est-ce qui est valorisé, qu’est-ce qui échappe dans le discours critique ? En contrepartie, on se demande : est-ce que ces choix sont validés par l’institution (prix, anthologie, collections, éditions) ?
o Par ailleurs, il a été souligné que certaines notions se recoupent et doivent être repensées dans un nouvel ordre : par exemple, la question de la crise de la littérature doit peut-être être envisagée en même temps que celle de la position de l’écrit par rapport aux autres médias (mais sans s’y résumer). Il est pour le moment suggéré que soit revu le contenu des parenthèses plutôt que les idées de chapitres.
o Le chapitre intitulé « Liminarité » pourrait toutefois poser problème, dans la mesure où il s’agit trop évidemment d’une notion empruntée via Michel Biron. En contrepartie, celle-ci s’applique peut-être bien pour comprendre le cas québécois, dans la mesure où elle désigne une position où il n’y a pas d’antériorité et qu’il s’agit d’un contraste majeur entre le Québec et la France, mais qui trouve des résonances des deux côtés. (Ce phénomène serait-il consécutif au décentrement ou lui serait-il antérieur ?) Question à poser : cette hypothèse de la liminarité, qui valait peut-être pour Garneau, Ferron et Du¬charme, vaut-elle pour les entreprises québécoises contemporaines, où il est beaucoup question d’héritage et de transmission ?
o De même, un chapitre sur « Littérature et nouveaux médias » pourrait être pertinent (dans le cadre de « Médialité » ?).
o De nouvelles notions ont toutefois été proposées, notions qui permettent d’asseoir la valeur de la littérature contemporaine (l’asseoir pour qui ? Pour la critique ou pour nous ?). Il s’agit de : mémoire, retour, mélange, soupçon, critique, mort et renaissance, réel/fiction. Qu’en faire ?
2E PARTIE : POÉTIQUES ET ESTHÉTIQUES
Les idées défendues dans la deuxième partie sont en conjonction avec les éléments présentés dans la première partie. Plus spécifiquement, la deuxième partie pourrait être écrite à partir de thèmes qui permettent de proposer notre propre analyse du contemporain. En reprenant des termes poétiques et esthétiques qui permettent de mettre les œuvres en perspective, il s’agira, cette fois, de faire dialoguer des œuvres québécoises et des œuvres françaises. Ce qui est recherché, c’est une certaine originalité des points de vue qui permette de mettre en relief, comme dans la première partie, les points de saisie et de diffraction, tout comme les singularités entre les deux.
Dans cette partie, Frances Fortier propose d’intégrer des notions qui sont davantage de l’ordre de la poétique, comme celle d’hybridité.
Pour le moment, nous pouvons reconduire ce qui avait été proposé lors de l’atelier de février 2009 :
Autorité (narration, vraisemblance…)
Sensibilité (sens, émotion, phénomènes…)
Indécidabilité (genres, hybridations, hétérogénéité…)
Récursivité (intertextualité, autoréflexivité, dérivations, répétitions…)
Transitivité (réel, fiction, biographique, témoignage, document, archive…)
Tonalité (tons, minimalisme, ironie…)
Etc.
AUTRES NOTES : Suite à l’atelier, il est demandé aux chercheurs de : 1/ Réfléchir aux notions qui structurent actuellement le plan et « nettoyer » les parenthèses s’y rapportant 2/ Réfléchir à ce que chacun peut/veut faire dans l’immédiat, quelle problématique les intéresse, quels chapitres ils pourraient prendre en charge, etc.