Essai fait sur le mode du va-et-vient entre las productions marquantes de l'après-guerre et la production contemporaine à la publication (1997). Relativement impressionniste, analogique et intrinsèquement « intertextuelle », la pensée érudite de Brunel entend saisir les mouvements (reflux, refus) qu'opèrent poésie, théâtre et roman dans la sphère littéraire. Le contexte éditorial est vaguement évoqué (mais on sent des retours d'ascenseur ou en tout cas des parti-pris: collègues, étudiants, affinités, etc.). Très clairement, Brunel postule une hybridité des genres et une sédimentation du littéraire, décliné comme un feuilleté de « rappels », « d'appels » ou de « renvois ». Une conceptualisation souple, donc, sensible à la stylistique et aux thématiques. La frontière « 1980 » est encore une fois évoquée, sans explication autre que la « diasparition » (physique) des maîtres à penser des années 1960. La division est très nette entre « vraie littérature » (de recherche, d'enquête, de « devinette ») et « littérature de consommation » (qui profite de la mise en marché).

1. Datation du « contemporain »

a) Histoire et histoire littéraire:

Le concept de « contemporain » est plutôt appelé « littérature d'aujourd'hui », et correspond (en 1996) à la période post-1980.

b) Critères historiques / Critères esthétiques

« [Henri Mitterand, 1996: La Littérature française du Xxe siècle] s'accorde avec moi pour constater un “tournant des années 1980”, correspondant à la disparition des maîtres à penser de la génération précédente (Sartre, Lacan, Barthes, Althusser, Goldmann, Foucault), mais aussi à une évolution comme naturelle du goût. L'engrenage du nouveau avait abouti à une multiplication (Nouveau Théâtre, Nouveau Roman, Nouvelle Critique, Nouveaux Philosophes, mais pourquoi pas tout aussi bien Nouvelle Cuisine), à une surenchère (le Nouveau nouveau roman de Jean Ricardou). Une manière de “rétro” tend à s'y substituer. “Il peut y avoir, il y a déjà un conformisme de la 'post-modernité”, écrit Henri Mitterand. «Et celle-ci glisse à son tour dans le passé, selon un mouvement que les morts de Deleuze et de Marguerite Duras», en 1995 et 1996, «auront peut-être accéléré». » (192)

« La récupération des données culturelles n'est pas propre à la post-modernité […]. Mais il est certain qu'elle s'est accentuée après le tournant des années 1980, et qu'elle va donc dans le sens d'un mouvement de reflux, caractéristique majeure de la littérature à la fin du Xxe siècle. » (193: je souligne)

2. Auteurs nommés:

Jean Echenoz « l'écrivain post-moderne dont la France avait besoin » (p. 196) Patrick Modiano Jean-Marie Rouart Jean Rouaud Alain Robbe-Grillet (cycle autobiographique) Jean-Noël Pancrazi Yves Navarre Hervé Guibert Guy Hocquenghem Guillaume Le Touze Christian Giudicelli Bernard-Marie Koltès Yves Bonnefoy Marie Darrieussecq [Duras, Pérec, Beckett, Sarraute, des Forêts, Butor, Simon, Semprun, Sollers – Rimbaud,

3. Sous-genres majeurs de la littérature contemporaine

Plutôt des « manières » et des thématiques que des genres – d'ailleurs dits « en crise ».

Crise des genres: « Les jeux de (dé)construction aggravent une instabilité dans la zone sinon de l'innommable, du moins de l'inclassable. » (p. 172) Littérature du sida (p. 186-189) Le mouvement de « reflux » (modernité-postmodernité)

4. Quelles questions préoccupent le discours sur le contemporain

Où va la littérature d'aujourd'hui? Les critères de littérarité: la part de la tradition littéraire dans les définitions des critères de littérarité.

5. Concepts pour parler de cette littérature

Concepts? Plutôt mots-clés:

Post-moderne, fin-de-siècle, « d'aujourd'hui »,

6. Littérature contemporaine et Histoire

s/o

7. Littérature contemporaine et littérature précédente

« Que faire de la tradition » Trois manières:

1. la distance parodique
2. « explosion, rupture, volonté rimbaldienne de tout mettre à bas »é
3. « se couler dans le moule d'une certain tradition, celui en tout cas de formes ou de formules ordinaires, pour les exploiter jusqu'à leur faire rendre gorge et obliger le lecteur, peut-être, à demander grâce, ou du moins pouce » (p. 25)

8. Valeur de la littérature contemporaine

« Où va donc la littérature française aujourd'hui? Moins, me semble-t-il, vers le néant dans une course folle à la modernité que vers une post-modernité où le nouveau se conquiert à partir du donné culturel. […] « S'il me fallait conclure, je dirais donc qu'un équilibre tend à s'établir, inattendu après tant de pointes, de poussées et d'éclats. Je dirais aussi que la littérature française de la fin du Xxe siècle n'est pas une littérature fin-de-siècle prise dans le vertige d'une décadence. Elle a bien souvent de la fraîcheur, du brillant, surtout peut-être quand elle adopte la forme brève, laissant à des consommateurs plus qu'à des lecteurs les romans-fleuves, les fausses sagas-familiales ou les fresques historiques en technicolor. » (p. 206)