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fq-equipe:boblet_marie-helene_2005_des_faux_amis_aux_freres_ennemis_tangence

Boblet, Marie-Hélène, « Des faux amis aux frères ennemis : dialogue et conversation dans L’inquisitoire, Le square, L’amante anglaise, Le dîner en ville », Tangence, n°79, automne 2005, p. 55-73.

Article à ne retenir que parce qu'il s'avance un peu sur le terrain du « très contemporain », qui sert de repoussoir en fin d'article pour faire sentir la singularité d'une « génération d'auteurs » qui la précède. On sent un certain dédain chez Boblet à décrire le « nouveau » roman de la parole. D'abord, il faut faire remarquer que l'auteure s'intéresse aux romans dialogués de la fin des années 1950 à 1970 (période appelé « après guerre »), correspondant, en gros, à la période contemporaine de l'aventure du Nouveau Roman (Pinget, Duras et C. Mauriac – mais aussi Robbe-Grillet et Beckett).

Voyons ce contraste

Les romans dialogués de 1960-1970 « le roman dialogué renouvelle non seulement l’art romanesque mais aussi la vision de l’homme : il renonce à la version rationaliste et positiviste. Les années 1960 et 1970 portent l’espoir logique et éthique d’un fondement nouveau de l’humain : la relation, en philosophie, implique non plus « je pense, donc je suis », mais je te parle, donc nous sommes. » (70)

« La génération des romanciers qui a retenu notre attention épouse une attitude rigoureuse, inquiète peut-être, à l’égard de ce qu’il convient déjà d’appeler une société de communication. Faudra-t-il se résoudre à conclure, avec Marc Fumaroli, qu’on entre en communication comme on entre en concentration, avec un numéro de matricule ? » (71)

Les romans du discours et de la parole de 1990-2000 « Écoutez-moi… je vous en supplie » : le don de silence est plus prometteur et plus productif que la logorrhée des personnages de romans très contemporains qui monopolisent la parole comme on s’acharne à (se) prouver que l’on existe. À cet égard, les titres de romans des années 1990 et 2000 sont révélateurs d’un engouement pour le discours, le verbal (à ne pas confondre avec la mode du vocal ou de l’oral qui a marqué les romans de l’entre-deux-guerres, de Céline à Queneau en passant par Beckett ou Butor. (72: je souligne)

Auteurs de son corpus appartenant au « très contemporain » Lorette Nobécours: La conversation (Grasset, 1998); Nous (Pauvert, 2002) Lydie Salvayre: La déclaration (Julliard, 1990); La médaille (Seuil, 1993); La conférence de Cintegabelle (Seuil, 1999) Amélie Nothomb: Hygiène de l'assassin (Albin Michel, 1992); Cosmétique de l'ennemi (Albin Michel, 2001)

« De ce point de vue, la conversation telle qu’elle se déploie dans les romans les plus récents (comme l’indiquent d’ailleurs les titres apparentés à La déclaration ou à La conférence, traversés par la même logorrhée) n’apparaît plus comme un art social, commun aux honnêtes gens du même monde, qui éprouve l’intégration dans un groupe ou une collectivité, pas plus qu’elle n’opère le passage d’une vérité fuyante et labile, fragile et précieuse. Les années antérieures tenaient à autrui, ne pariaient pas sur le moi solipsiste, mais en faisaient un produit dérivé de l’autre. Les romans de la société de communication, eux, sont davantage le lieu où sévit le mot d’ordre de la singularité, le diktat absurde de l’individualité : soyez vous-même, comme si l’on pouvait penser sans matière et s’imposer sans épreuve, celles qu’incarnent l’autre et sa différence. » (72)

« Les pièces de Philippe Minyana, comme Chambres ou Inventaires, ou les travaux d’écriture de François Bon, essais transgénériques eux aussi jusqu’à Daewoo, attestent une inquiétude et une espérance perpétuées à l’égard de la parole tenue et ténue : « La conversation vous met d’emblée dans une perspective ouverte, tout ce qu’on suggère au bout des phrases, et qui devient muet si on se contente de transcrire. C’est cela qu’il faut reconstruire, seul. […] J’appelle ce livre roman d’en tenter la restitution par l’écriture, en essayant que les mots redisent aussi ces silences. » [Daewoo, p. 48] Le personnage sera élaboré à partir d’une « construction de mots pour mettre en avant, oui, sa façon de dire les mots » [Daewoo, p. 103]. Le souci poétique d’un effet d’authenticité ne peut que se combiner avec le soin accordé à la résonance de la parole au-delà de la phrase… » (73)

Fiche

Datation du « contemporain » 1. a) « romans très contemporains »: 1990-2000 b) Critère sociologique: l'avènement annoncé puis avéré de la société de communication Il y aurait un déplacement des préoccupations du collectif (1960-1970) à l'individualisation, au solipsisme (1990-2000)

2. Auteurs nommés: Roman: Lorette Nobécours Lydie Salvayre Amélie Nothomb Écritures dramatiques François Bon Philippe Minyana (Théâtre - « dialogue intérieur ») Daniel Danis (Théâtre - « théâtre épique »)

3. Sous-genres majeurs de la littérature contemporaine s.o.; sinon les romans dialogués

4. Quelles questions préoccupent le discours sur le contemporain La construction du sujet par la parole

5. Concepts pour parler de cette littérature « engouement pour le discours, le verbal » (p. 72) « la loghorrée des personnages des romans très contemporains qui monopolisent la parole comme on s'acharne à (se) prouver que l'on existe » (72) « les romans de la société de communication » (73) ou « une inquiétude et une espérance perpétuées à l'égard de la parole tenue et ténue » (73)

6. Littérature contemporaine et Histoire Question qui n'est pas directement discutée

7. Littérature contemporaine et littérature précédente La littérature contemporaine ne semble pas avoir retenu l'avertissement ou la méfiance de la « génération précédente » à l'égard de la société de communication: « Les romans de la société de communication, eux, sont davantage le lieu où sévit le mot d’ordre de la singularité, le diktat absurde de l’individualité : soyez vous-même, comme si l’on pouvait penser sans matière et s’imposer sans épreuve, celles qu’incarnent l’autre et sa différence. » (73) Sauf dans les écritures dramatiques, où « cet intérêt et cette attention pour la parole partagée » semblent perdurer (73).

8. Valeur de la littérature contemporaine Mots clés:

Dans le roman: Individualité (péjoratif) « moi solipsiste » (73)

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