Table des matières
Blanckeman, Bruno & Jean-Cristophe Millois (dir.), Le Roman français aujourd’hui : transformations, perceptions, mythologies
Paris, Prétexte éditeur, 2004.
D. Viart, « Le Moment critique de la littérature : comment penser la littérature contemporaine ? » p. 11-35
« Fiction critique » : Les fictions critiques défont « les codes malmenés du roman pour y introduire un dialogue constant et complexe avec les élaborations des Sciences humaines (et même, pour certaines, des Sciences « dures »). Elles sont aussi dans un rapport majeur avec la littérature passée, fortement sollicitée non comme modèle mais comme interlocutrice et partenaire. » (p. 29-30)
« Transitive » : « Elle traite de ces objets non dans un pur travail de spéculations imaginaires ou abstraites mais en cherchant en elle et autour d’elle les éléments concrets qui lui serviront de traces, de documents, de signes à interpréter » (p. 30)
« Matérielle » : « qui articule ces éléments matériels avec lesquels et à propos desquels écriture, sa confrontation au matériau du langage, à la part de signifiants et de structures non plus simplement considérés comme vecteurs transparents d’un contenu mais comme matérialité du sens. » p. 31
« Dialogique » : Elle dialogue constamment avec l’héritage littéraire et avec les considérations des Sciences humaines. » p. 31
« Le romanesque n’est plus une histoire que l’on nous raconte, c’est une histoire que l’on se raconte – et à laquelle on mesure sa propre existence. » p. 33
D. Rabaté, « À l’ombre du roman : propositions pour introduire à la notion de récit », p. 37-51
Après avoir résumé brièvement l’histoire du récit, Rabaté le définit comme « un mixte indissociable de fictions et de spéculations théoriques. Un espace où jouent des savoirs pris dans une énonciation qui les met à distance, les donne à entendre comme autant de fables que nous nous racontons en vue d’accéder à une vérité nécessairement toujours en souffrance. » (p. 46) Il constate que beaucoup de textes contemporains portent l’indice générique du « récit » comme pour souligner qu’il ne s’agit pas de romanesque mais d’autre chose : ce que Viart appelle « fictions critiques ». Cette nouvelle façon de penser la littérature contemporaine évite de « se lamenter de façon récurrente et stérile sur la mauvaise santé romanesque de la littérature française » (p. 51).
C. Jérusalem, « À rose des vents : cartographie des écritures de Minuit », p. 53-77
« Nouveaux Nouveaux Romanciers », « écriture minimaliste », « romanciers impassibles », « jeunes auteurs de Minuit » : champ littéraire caractérisé par ses figures de référence (J. Echenoz et J.-P. Toussaint) et ses postulats esthétiques (minimalisme, retour du récit, tonalité ludique, agitation poétique de la prose romanesque). p. 53
« Filiation » : Largement explorée à partir des récits qui intérrogent explicitement la figure paternelle ou maternelle, la filiation peut aussi se penser en termes de linéaments d’un nouveau genre romanesque (par exemple, les écrivains regroupés sous l’étiquette de Minuit).
« Minimalisme » : « Une constellation de fictions marquée par l’esthétique du moindre, de la litote, de l’abstraction géométrique. » p. 57 « – narratif » : « réduction de l’intrigue, des personnages et du décor à son degré le plus infime » (p. 67). « – énonciatif » : « mise à distance de l’émotion, impassibilité » (p. 67). « – rhétorique » : « art de la litote, érosion syntaxique » (p. 67).
Trois modalités de l’écriture du réel contemporaine :
« Monologue intérieur » : « prête sa voix à d’autres existences pour rendre compte de l’histoire d’une génération (celle des années 60) et d’une classe (un milieu dit « modeste »). » p. 75 « Réalisme précaire » : « croise subtilement la notation concrète et le vertige fantastique [… pour interroger] simultanément la puissance du langage (polyphonie des discours) et l’implosion des liens traditionnels (généalogiques et/ou politiques). » p. 75-76 « Écriture géographique » : « en procédant à un minutieux état des lieux, livre les éclats du monde d’aujourd’hui. » p. 76 (l’inertie répétitive imprègne les (non-)lieux, (im-)mobilité spatiale/temporelle, etc.)
T. Samoyault, « Un réalisme lyrique est-il possible ? », p. 79-94
« Réalisme » : la forme que prend le réel « une fois récupéré, formulé, esthétisé », « ce par quoi chaque proposition romanesque nouvelle tente malgré tout de s’imposer ou ce contre quoi elle s’efforce de réagir » (p. 79) « Réalisme lyrique » : « la quête du réel menée depuis soi et avec l’aide des puissances autres de la littérature (la vérité, la parole et l’image). Conduite depuis soi et hors de soi, donc, cette quête permet de sortir de toute adhésion aux formulations idéologiques d’un réel donné pour privilégier la découverte d’un réel exemplaire, qui ait l’autorité tout è la fois de son evidence et de sa nouveauté. » p. 91 « toutes les expériences en régime réaliste lyrique sont des pensées du deuil et reposent sur le récit d’une expérience de la perte » (p. 90)
L. Ruffel, « Le Temps des spectres », p. 95-115
« Modernité impure » : la postmodernité. (p. 101) « Second temps de la postmodernité » : au début des années 90 a eu lieu la mort et donc le deuil de « la liaison entre la littérature et la révolution » p. 104 « Premier temps de la spectralité » : une spectralité résistante qui « se manifeste dans des romans qui installent la fin en leurs débuts, qui en font un point de départ. On ne peut alors qu’être frappé de l’extrême récurrence de cette structure dans des œuvres qui mènent une existence parallèle et qu’on nomme minimalistes ou maximalistes » p. 111