fq-equipe:alain_borer_-_oeuvre-vie_et_mothemes

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-**FICHE THÉORIQUE PROBLÉMATIQUE VIE/ŒUVRE**+====== Notions : Œuvre-vie et mothèmes ======
  
-**Notions : Œuvre-vie et mothèmes**+===== IINFORMATIONS PARATEXTUELLES =====
  
- 
-**I- INFORMATIONS PARATEXTUELLES** 
  
 Auteur : BORER, Alain Auteur : BORER, Alain
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-**II- CONTENU :**+===== II- CONTENU : =====
  
 Mothèmes pour le paradigme Œuvre-vie et son triangle indissociable − attitude(s)/image(s)/idée(s) Mothèmes pour le paradigme Œuvre-vie et son triangle indissociable − attitude(s)/image(s)/idée(s)
  
  
-**1 - Définition :+==== 1 - Définition : ====
  
-a) Résumé :**+=== a) Résumé : ===
  
 Dans ce livre qui est une énième somme sur Rimbaud − mais sans doute pas la moindre −, la tentative de Borer, déjà soulignée ailleurs (Dion, 2008, «Deux vies, une œuvre? : //Rimbaud en Abyssinie// d’Alain Borer»), se résume à unifier Rimbaud où et quand d’autres en ont toujours vu deux, autrement dit : Dans ce livre qui est une énième somme sur Rimbaud − mais sans doute pas la moindre −, la tentative de Borer, déjà soulignée ailleurs (Dion, 2008, «Deux vies, une œuvre? : //Rimbaud en Abyssinie// d’Alain Borer»), se résume à unifier Rimbaud où et quand d’autres en ont toujours vu deux, autrement dit :
  
 L’auteur tente donc : L’auteur tente donc :
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 1- d’incorporer //totalement// la correspondance dans l’œuvre puisque, de toute manière et au sens où on l’entend généralement, Rimbaud n’a jamais réalisé de son plein gré une œuvre, et 1- d’incorporer //totalement// la correspondance dans l’œuvre puisque, de toute manière et au sens où on l’entend généralement, Rimbaud n’a jamais réalisé de son plein gré une œuvre, et
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 2- de prouver que le jeune Rimbaud poète et le un peu moins jeune Rimbaud négociant sont en parfaite adéquation, qu’aucune fracture issue du renoncement à refonder l’homme par la poésie, de « "changer la vie" » (p. LXXV), tâche prométhéenne s’il en est une, sépare « les deux » hommes : « La poésie fut cette formule alchimique introuvable, cette mission impossible dont il comprit la vanité ; //une entreprise parmi d’autres//, la plus sublime (peut-être), la seule en tout cas qui nous soit adressée. C’est lire platement la correspondance que d’opposer au poète qui parlait d’or celui qui parlera d’argent. » (p. LXXV, je souligne) 2- de prouver que le jeune Rimbaud poète et le un peu moins jeune Rimbaud négociant sont en parfaite adéquation, qu’aucune fracture issue du renoncement à refonder l’homme par la poésie, de « "changer la vie" » (p. LXXV), tâche prométhéenne s’il en est une, sépare « les deux » hommes : « La poésie fut cette formule alchimique introuvable, cette mission impossible dont il comprit la vanité ; //une entreprise parmi d’autres//, la plus sublime (peut-être), la seule en tout cas qui nous soit adressée. C’est lire platement la correspondance que d’opposer au poète qui parlait d’or celui qui parlera d’argent. » (p. LXXV, je souligne)
  
-Le mot d’ordre du paradigme Œuvre-vie de Borer est donc « raccorder » (p. LXXIII). Raccorder autant la correspondance à l’œuvre que le Rimbaud #1 au Rimbaud #2 − entendre les idées, les attitudes et les comportements du premier aux idées, attitudes et comportements du deuxième. Voici l’expression la plus explicite de la tentative ou de l’hypothèse de Borer : « Aussi peut-on discerner un axe lumineux et tendu à travers le désordre d’une œuvre et les misères d’une vie : énigmatiques //littéralement// dans le poème, les mothèmes dans l’œuvre et la vie se comprennent //dans tous les sens//. L’//Œuvre-Vie// se perçoit //sur le plan ontologique//, hors du plan strictement littéraire, qu’elle englobe. […] sa vie fut comme son œuvre : un chantier abandonné sans cesse et renaissant ailleurs. » (p.LXXV-LXXVI). +Le mot d’ordre du paradigme Œuvre-vie de Borer est donc « raccorder » (p. LXXIII). Raccorder autant la correspondance à l’œuvre que le Rimbaud #1 au Rimbaud #2 − entendre les idées, les attitudes et les comportements du premier aux idées, attitudes et comportements du deuxième. Voici l’expression la plus explicite de la tentative ou de l’hypothèse de Borer : « Aussi peut-on discerner un axe lumineux et tendu à travers le désordre d’une œuvre et les misères d’une vie : énigmatiques //littéralement// dans le poème, les mothèmes dans l’œuvre et la vie se comprennent //dans tous les sens//. L’//Œuvre-Vie// se perçoit //sur le plan ontologique//, hors du plan strictement littéraire, qu’elle englobe. […] sa vie fut comme son œuvre : un chantier abandonné sans cesse et renaissant ailleurs. » (p.LXXV-LXXVI). 
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 Borer, dans la dernière citation, présuppose donc, avec son « //dans tous les sens// », que Rimbaud a fait de sa vie une œuvre et/ou une œuvre de sa vie ; la poésie n’est pas la fin, mais n’était qu’un moyen de faire œuvre de sa vie. Borer, dans la dernière citation, présuppose donc, avec son « //dans tous les sens// », que Rimbaud a fait de sa vie une œuvre et/ou une œuvre de sa vie ; la poésie n’est pas la fin, mais n’était qu’un moyen de faire œuvre de sa vie.
  
  
-**b) Les mothèmes :**+=== b) Les mothèmes : ===
  
 Les mothèmes sont des mots (des moteurs) récurrents dans l’œuvre de Rimbaud (poésie et correspondance) qui traduisent des thèmes ou des préoccupations autant esthétiques que biographiques. Ils expliquent − éclairent d’une lumière −, //dans tous les sens//, l’œuvre à partir du vécu biographique (traduit en comportements et attitudes), et inversement. Les mothèmes sont des mots (des moteurs) récurrents dans l’œuvre de Rimbaud (poésie et correspondance) qui traduisent des thèmes ou des préoccupations autant esthétiques que biographiques. Ils expliquent − éclairent d’une lumière −, //dans tous les sens//, l’œuvre à partir du vécu biographique (traduit en comportements et attitudes), et inversement.
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-**c) L’œuvre et la vie**+=== c) L’œuvre et la vie ===
  
 Borer, en distinguant « plus généralement quatre types de relations de l’œuvre et de la vie » (p. LXXVI), donne des significations particulières aux notions d’œuvre et de vie. Borer, en distinguant « plus généralement quatre types de relations de l’œuvre et de la vie » (p. LXXVI), donne des significations particulières aux notions d’œuvre et de vie.
  
-**1- Une vie sans oeuvre**+== 1- Une vie sans oeuvre == 
 La vie, pour qu’on la qualifie de //vie//, doit être extraordinaire. Ainsi, dans la première relation, « //une vie sans œuvre// » (p. LXXVI), l’individu n’a laissé au cours de sa vie ni écrit ni trace (matérielle, d’ordre culturel, scientifique ou philosophique, etc.), mais sa vie a été une « œuvre en soi, consacrée ou légendaire, dont les figures sont l’artisan parfait, le dandy, l’explorateur ou le saint… » (Ibid.) (L’artisan parfait serait celui qui a produit des chefs-d’œuvre qui pourraient être considérés comme de l’art mais qui n’ont pas été signés, donc il ne laisse pas de trace − mon interprétation. Les figures de l’explorateur et du saint sont un peu plus problématiques, puisqu’un explorateur écrit souvent un carnet de bord et le saint livre souvent sa pensée par écrit. Il y a donc ici peut-être un jugement de valeur de Borer − qui fait entorse à sa conception même de l’œuvre-vie de Rimbaud −, le critique sous-entendant que l’œuvre doit être significative, qu’elle doit se retrouver dans le haut de la pyramide des systèmes de valeurs déjà établis.) La vie, pour qu’on la qualifie de //vie//, doit être extraordinaire. Ainsi, dans la première relation, « //une vie sans œuvre// » (p. LXXVI), l’individu n’a laissé au cours de sa vie ni écrit ni trace (matérielle, d’ordre culturel, scientifique ou philosophique, etc.), mais sa vie a été une « œuvre en soi, consacrée ou légendaire, dont les figures sont l’artisan parfait, le dandy, l’explorateur ou le saint… » (Ibid.) (L’artisan parfait serait celui qui a produit des chefs-d’œuvre qui pourraient être considérés comme de l’art mais qui n’ont pas été signés, donc il ne laisse pas de trace − mon interprétation. Les figures de l’explorateur et du saint sont un peu plus problématiques, puisqu’un explorateur écrit souvent un carnet de bord et le saint livre souvent sa pensée par écrit. Il y a donc ici peut-être un jugement de valeur de Borer − qui fait entorse à sa conception même de l’œuvre-vie de Rimbaud −, le critique sous-entendant que l’œuvre doit être significative, qu’elle doit se retrouver dans le haut de la pyramide des systèmes de valeurs déjà établis.)
  
-**2- L’œuvre sans la vie**+== 2- L’œuvre sans la vie == 
 //L’œuvre sans la vie//, « menée à l’exception de la vie » (Ibid.), aurait Mallarmé et Flaubert pour figures de proue (Borer donne Mallarmé, moi « j’induis » Flaubert). Cette relation s’inscrit donc par excellence dans le courant de pensée de l’art pour l’art, où on vit en retrait de la société à laquelle donc on ne prend pas part, ni dans ses écrits ni d’aucune autre façon. //L’œuvre sans la vie//, « menée à l’exception de la vie » (Ibid.), aurait Mallarmé et Flaubert pour figures de proue (Borer donne Mallarmé, moi « j’induis » Flaubert). Cette relation s’inscrit donc par excellence dans le courant de pensée de l’art pour l’art, où on vit en retrait de la société à laquelle donc on ne prend pas part, ni dans ses écrits ni d’aucune autre façon.
  
 Cela sous-entend encore une fois que l’œuvre, pour qu’on la qualifie d’œuvre, doit se retrouver dans le haut d’un système de valeurs déjà établi. Bref, si la correspondance de Rimbaud tend, avec Borer, à faire partie intégrante d’une œuvre, il n’en va pas de même pour toutes les correspondances. Borer s’en sauve sûrement en affirmant que Rimbaud ne fait pas partie de cette catégorie « relationnelle » ; que dans //l’œuvre sans la vie//, une correspondance ne peut faire intégralement partie de l’œuvre, Cela sous-entend encore une fois que l’œuvre, pour qu’on la qualifie d’œuvre, doit se retrouver dans le haut d’un système de valeurs déjà établi. Bref, si la correspondance de Rimbaud tend, avec Borer, à faire partie intégrante d’une œuvre, il n’en va pas de même pour toutes les correspondances. Borer s’en sauve sûrement en affirmant que Rimbaud ne fait pas partie de cette catégorie « relationnelle » ; que dans //l’œuvre sans la vie//, une correspondance ne peut faire intégralement partie de l’œuvre,
  
-**3- L’œuvre-vie**+== 3- L’œuvre-vie == 
 Tandis que dans //l’œuvre-vie//, cette « étrange connexité de ces deux instances, […] pour laquelle la seule perspective biographique échoue aussi sûrement que la seule analyse textuelle » (Ibid.), les deux instances sont si bien intriquées que tout ce qui relève de la trace fait partie intégrante de l’œuvre.  Tandis que dans //l’œuvre-vie//, cette « étrange connexité de ces deux instances, […] pour laquelle la seule perspective biographique échoue aussi sûrement que la seule analyse textuelle » (Ibid.), les deux instances sont si bien intriquées que tout ce qui relève de la trace fait partie intégrante de l’œuvre. 
  
 En somme, l’œuvre-vie est entendue de manière beaucoup plus spécieuse ou du moins restrictive que dans la problématique vie-œuvre du groupe de recherche. Les astres de ce paradigme œuvre-vie sont, en plus de Rimbaud, Van Gogh, suivi de près par Hölderlin et Maïakowski, sans oublier Antonin Artaud. Tous ces êtres d’exception ont tenté de mettre en pratique la question ironique de Mallarmé : « pourquoi ne fait-on pas de la vie plutôt que faire de l’art ? » (Ibid.) En somme, l’œuvre-vie est entendue de manière beaucoup plus spécieuse ou du moins restrictive que dans la problématique vie-œuvre du groupe de recherche. Les astres de ce paradigme œuvre-vie sont, en plus de Rimbaud, Van Gogh, suivi de près par Hölderlin et Maïakowski, sans oublier Antonin Artaud. Tous ces êtres d’exception ont tenté de mettre en pratique la question ironique de Mallarmé : « pourquoi ne fait-on pas de la vie plutôt que faire de l’art ? » (Ibid.)
  
-**4- Ni œuvre ni vie**+== 4- Ni œuvre ni vie == 
 Il y a enfin le lot des communs : ni œuvre ni vie… (Ce lot des communs peut-il comprendre les auteurs mineurs qui auraient vécu une vie minable ?) Il y a enfin le lot des communs : ni œuvre ni vie… (Ce lot des communs peut-il comprendre les auteurs mineurs qui auraient vécu une vie minable ?)
  
  
 +=== d) Œuvre-vie et « imagidaire » : ===
  
-**d) Œuvre-vie et « imagidaire » :** 
  
 Pour Borer, du moins c’est ce que je crois comprendre, la vie peut-être lue comme on lirait une œuvre, et c’est ainsi, je le répète, que la vie aussi est l’œuvre, qu’elle fait partie d’elle et donc ne fait pas que l’expliquer. Pour Borer, du moins c’est ce que je crois comprendre, la vie peut-être lue comme on lirait une œuvre, et c’est ainsi, je le répète, que la vie aussi est l’œuvre, qu’elle fait partie d’elle et donc ne fait pas que l’expliquer.
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-**III – LECTURES ET COMMENTAIRES**+===== III – LECTURES ET COMMENTAIRES =====
  
 **Sur la notion d’« imagidaire »** **Sur la notion d’« imagidaire »**
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