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fq-equipe:19-_greif_et_ouellet_2004_la_litterature_quebecoise_1960-2000

GREIF, Hans-Jürgen et François OUELLET (2004), La littérature québécoise 1960-2000, Québec, L'instant même.

NOTES TECHNIQUES :

o Très court ouvrage de synthèse qui se veut d’abord et avant tout une initiation à la littérature québécoise : « Nous avons conçu cet ouvrage comme une introduction à la littérature québécoise des années 1960 à 2000, période qui s’ouvre sur la modernité. Nous voulions rendre compte des principales tendances dans le roman et la nouvelle, la poésie, l’essai et le théâtre, sans négliger les réussites individuelles. » (2004 : 18) Dès lors, il s’agit d’un panorama rapide, un survol où foisonnent diverses oeuvres regroupées selon leur appartenance générique.

o Je ne retiens que l’introduction intitulée « Le Québec moderne » et la première partie « Le roman et les formes narratives brèves »

o Reprend les mêmes grandes catégories pour définir le contemporain que celles que l’on retrouve dans les panoramas : écriture migrante, foisonnement du genre de la nouvelle, question de l’américanité instaurée par le roman de Jacques Poulin, montée importante de l’écriture des femmes qui culmine avec le roman de Yolande Villemaire, La vie en prose, etc.

Intro : « Le Québec moderne »

- À propos des dates (1960 ou 1980) qui marquent l’avènement de la littérature contemporaine, la date de 1960 marquerait surtout celle de la modernité québécoise : « Si on considère que la littérature dite “moderne” prend naissance vers 1960 au Québec, c’est parce que cette date marque l’avènement de la “poésie du pays”, caractérisée par l’affirmation, difficile et douloureuse, d’une autonomie nationale vis-à-vis du pouvoir anglophone, et de ce que Gilles Marcotte a appelé “le roman à l’imparfait”, c’est-à-dire une forme romanesque qui substitue le réalisme subjectif et les audaces et innovations esthétiques au point de vue omniscient et au plat naturalisme psychologique ou agriculturiste qui prévalaient depuis cent ans (de 1846 à 1950 environ). » (2004 : 9)

- Les auteurs remarquent toutefois une autre rupture au tournant de 1980 : « Les années 1970 consacrent de nouveaux écrivains, tandis que la fin de la décennie marque le retour du lyrisme et l’essoufflement de l’engagement politique. La défaite référendaire, mais sans doute aussi le malaise existentiel d’une société qui a évacué trop rapidement les valeurs traditionnelles, accentuent ce virage. Ils entraînent le désengagement des intellectuels et des écrivains et valident la promotion d’une écriture de l’intime et du repli sur soi, l’essor d’une écriture postmoderne (phénomène qui caractérise toute la littérature occidentale contemporaine). » (2004 : 15)

- Présence incontournable des écrivains allophones (écriture migrante) : « En ce qui concerne les écrivains allophones ou “néo-québécois”, ils contribuent à enrichir une réflexion déjà intense sur la question identitaire, thème fondamental de la littérature québécoise en raison des conditions historiques que l’on sait et du statut officiellement “bilingue” du Canada, mais qui demeure hautement problématique dans les faits. Ces écrivains venus d’ailleurs participent assurément au renouvellement postmoderne de la littérature québécoise. » (2004 : 18)

« Le roman et les formes narratives brèves »

- Greif et Ouellet soulignent eux aussi le « caractère protéiforme » de la production romanesque : « La quête de la société québécoise qui tend vers la modernité et une autonomie aussi bien culturelle que politique se traduit par une production romanesque protéiforme et volumineuse : dès le début des années 1960, la scène littéraire explose, comptant une centaine de titres en moyenne par année. » (2004 : 21)

- Les auteurs me semblent lire la production de 1960-2000 dans une certaine continuité : « Ces romans [d’Aquin et de Ferron] font ressortir la question de l’identité politique québécoise, question qui sous-tendra toute la production littéraire des décennies à venir. » (2004 : 21)

- Et mettent de l’avant la question identitaire comme étant central dans l’ensemble de la littérature québécoise : « C’est dans le sillage des sagas qu’évolue le thème de la fuite ou de l’évasion, depuis toujours présent dans la littérature québécoise, et étroitement lié à la question identitaire. » (2004 : 26) – Dans les années 1980, c’est le roman historique qui prend le relai des questionnements identitaires : « Cette quête identitaire est liée, dès la parution de Kamouraska (1970) d’Anne Hébert, mais surtout depuis le début des années 1980, à une vague sans précédent de romans historiques […] et dont certains sont adaptés pour le cinéma ou la télévision […]. [Ces romans] oscillent entre le désir de “l’authenticité” et la fiction, où personnages historiques et imaginaires se côtoient. Ces romans historiques, dont plusieurs mettent en scène la rébellion de 1837-1838, font bien partie de la question entourant l’identité politique sans toutefois recourir au discours explicite sur l’indépendance, porté par le roman des années 1960. » (2004 : 28)

- La question de l’américanité, qui semble faire consensus chez les critiques, spécialement avec la figure de Jacques Poulin : « C’est dans cette veine que l’américanité devient un thème important du discours romanesque de la postmodernité : dans Volkswagen Blues, le personnage principal part à la recherche de son identité à travers l’Amérique pour se retrouver devant un frère qui a perdu la mémoire de sa langue maternelle. Jacques Godbout (Une histoire américaine [, 1986]), Monique LaRue (Copies conformes, 1989), ou encore Roch Carrier dans Petits hommes tornades (1996), explorent le mythe américain sous des angles différents. » (2004 : 27-28)

- Autre consensus : l’arrivée de l’écriture des femmes et de l’écriture migrante : « Cependant, le mouvement contestataire des années 1970 provoque l’éclosion de deux autres courants, extrêmement importants, qui font la lutte aux écrivains établies et à l’orientation de la littérature, dominée par des hommes francophones. Il s’agit d’abord de la montée de l’écriture des femmes, ensuite celle d’auteurs allophones, vers le milieu des années 1980. » (2004 : 28-29)

- Le roman de Yolande Villemaire, La vie en prose (1980), semble aussi très marquant ; il serait en quelque sorte l’aboutissement des luttes féministes des années 1970 et représentatif de l’écriture des femmes, tout en soulignant le passage de la poésie vers la prose – il y aurait ici un lien intéressant à faire entre cet avènement des femmes en littérature et le passage de l’âge de la poésie à celle de la prose. Ce roman serait aussi intéressant en ce qu’il « romp[t] avec le roman traditionnel » (2004 : 29)

- La rupture des années 1980 coïncide avec le référendum : « Lors de la période postréférendaire, au début des années 1980, les écrivains accusent clairement le traumatisme provoqué par l’échec du rêve d’un Québec souverain. Dorénavant, un vent de nostalgie s’installe : les narrateurs semblent vouloir se tourner vers les années de leur enfance – la période duplessiste de la “de la grande noirceur”, si décriée il y a vingt ans. Mais ce retour en arrière sert à entamer des réflexions sur une série de sujets : l’évolution du Québec ; les maux engendrés par la transformation d’une société auparavant essentiellement agricole en un tissu urbain trop hâtivement construit ; la perte progressive des valeurs traditionnelles (famille, religion, rapports d’autorité) ; l’impasse idéologique dans laquelle se trouve la société. Comme ce fut le cas avec les auteurs de la “nouvelle intériorité” en Europe, au milieu des années 1980, les écrivains québécois procèdent à l’introspection, à l’examen du passé et du milieu urbain […]. Du coup, les espaces se resserrent : les textes donnent à voir des couloirs de métro, une salle d’attente chez le médecin, traduisant ainsi l’incommunicabilité et l’isolement des personnages. » (2004 : 30)

- Cela continue : « Les auteurs québécois consolident leur œuvre dans les années 1980. Certains parlent encore abondamment de questions touchant toute forme de sexualité, domaine tu ou caché depuis la fondation de la colonie et condamné par l’Église. Il y avait donc du rattrapage à faire […]. Avec l’emprise faiblissante du clergé sur la société, des tabous – l’indicible – sont exposés au grand jour, comme l’inceste […] ou l’homosexualité […]. Ces textes traduisent avant tout des amours difficiles, incommunicables ou impossibles, où les personnages ne se touchent que du bout des doigts. Les relations interpersonnelles sont instables; le mariage éclate souvent devant les embûches semées par le quotidien sordide; le suicide est et sera fréquemment perçu comme la seule issue possible devant le désespoir d’une vie désœuvrée […]. D’autres auteurs, comme Christian Mistral, retracent l’homme dans les méandres de la grande ville en parlant du sentiment de dépossession de la génération née au début des années 1960 […]. Le thème de l’aliénation reste étroitement lié à ce rejet; le Québec est perçu comme une société ayant changé beaucoup trop rapidement, sans se donner le temps de réfléchir aux conséquences de ce virage effectué par la Révolution tranquille. » (2004 : 31-32)

- Une partie du chapitre est réservée au genre de la nouvelle, qui « surtout au début des années 1980 […] se fraie une place importante sur la scène littéraire québécoise ». (2004 : 32)

- La dernière partie est quant à elle consacrée à l’écriture migrante, si caractéristique du Québec contemporain : « Par la présence insistante de ces voix venues d’ailleurs, auxquelles se mêlent de pus en plus celles d’auteurs autochtones […], par la diversité des thèmes et des approches théoriques face au texte, la nouvelle et le roman québécois contemporains se présentent, à l’heure actuelle, sous le signe de l’hétérogène, du fragmentaire, où le regard se détache de plus en plus du passé pour se tourner vers le présent et l’avenir. » (2004 : 38)

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