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fq-equipe:02_-_dion_robert_1997_le_moment_critique_de_la_fiction

DION, Robert (1997) : le Moment critique de la fiction. Les interprétations de la littérature que pro¬po¬sent les fictions québécoises contemporaines

o Brève fiche de lecture

Introduction

« …emblématique des lecteurs-interprètes que mettent en scène plusieurs œuvres littéraires récentes : une figure porteuse d’un savoir de fiction mis en cause par cette même fiction et rejoint par elle ; et surtout, peut-être, une figure d’exégète fasciné par le geste créateur au point d’espérer faire de son commentaire une œuvre d’art susceptible d’éclipser l’œuvre commentée, voire de la remplacer. » (11)

« … pour que le commentaire se fasse fiction » (11)

« D’ailleurs, si les personnages d’interprètes apparaissent en nombre à ce point considérable dans les textes contemporains, c’est sans doute parce qu’on ne peut plus se fier aux traditionnels protagonistes-écrivains pour inventer les nouvelles aventures de la connaissance et cerner les nouveaux enjeux épistémiques de la littérature. » (11-12)

Dion précise que le phénomène qui l’intéresse n’est pas dominant dans la littérature québécoise ni une production qu’il aurait isolée dans la littérature contemporaine, mais il ne précise pas qu’elle est la place exacte de ce phénomène « passionnant qui consiste, pour la fiction, à produire un discours sur une autre œuvre littéraire, à en faire en quelque sorte la lecture critique. » (12)

« Je m’intéresse à la littérature de fiction en ce qu’elle représente un point de vue sur la littérature, à la littérature en tant que foyer d’interprétation du corpus littéraire, ce qui revient en somme à la considérer tel un genre (de la) critique. » (12)

L’intégration de la lecture à l’échelle du texte entier d’un autre texte littéraire existant ou inventé. (13) – la constitution d’une interprétation au sein du texte littéraire et l’intégration de cette interprétation à la fiction comme élément et moteur de celle-ci (13-14) mise en représentation fictionnelle de l’interprétation (14)

Il est parti du phénomène qui l’intéressait pour découvrir que plusieurs textes québécois récents mettaient en scène ce phénomène. Il remarque un changement à partir de 1978… « l’époque est au décloisonnement général, et c’est dans le fait que chaque œuvre propose une réponse à cette nouvelle donne culturelle et littéraire que mon corpus trouve sa cohérence. » (18)

« Chacune des œuvres propose donc une mise en fiction de la problématique interprétative, parfois de manière explicite, parfois sur un mode plus allusif ou dans des formes moins canoniques. » (19)

Il énonce, bien timidement dans l’introduction, l’idée que ses œuvres tendent vers d’autres genres, qu’elles expérimentent les limites et la perméabilité des genres. » (21)

* Peut-on déduire de tout cela que Dion fait de la littérature québécoise un exemple qui s’inscrit bien explicitement dans un mouvement plus global de la littérature moderne, voire post-moderne ? Qu’il ne tente pas de l’isoler, de trouver ses caractéristiques propres, mais bien de l’inscrire dans un tout plus grand ?

Dans le chap. 1 :

« …une certaine nostalgie manifestée par l’écriture contemporaine » (23)

La constatation suivante s’applique à la littérature moderne en général, mais son ouvrage donne à tout le moins l’idée que cela se manifeste fortement dans la littérature québécoise contemporaine : certaines œuvres sont « pleinement herméneutiques » (35), l’ « aspect métatextuel étant fermement arrimé à la diégèse, allant jusqu’à former l’essentiel de celle-ci, sans pour autant la réduire à un pur jeu intellectuel. » (35)

La dimension autotélique si importante pour les esthétiques contemporaines (autotélique signifiant « avoir soi-même pour but », mais voulant surtout dire d’un texte qu’il renvoie à sa propre création).

À propos du Mal de Vienne – qui annonce sans doute un courant tout à fait contemporain : « On entre dès lors dans l’univers de l’hyper-littérature – d’une littérature enivrée d’elle-même, de son propre réseau intertextuel et de son pouvoir sur le monde. » (162)

Ce qu’il y a de fondamental, avec l’étude de Dion, c’est qu’elle s’intéresse à des œuvres dont les enjeux narratifs et esthétiques lui paraissent exceptionnels (du moins assez pour justifier une étude). Dans cette optique, il concentre toute son attention dans chaque chapitre sur chacune des œuvres dans ce qu’elle a surtout d’unique – et non pas sur comment elle pourrait se rattacher à un courant commun issus de la littérature contemporaine (même si cela est explicite). Il est donc difficile de dégager des conclusions d’ensemble à partir de ces chapitres (d’où la petite fiche de lecture) – mais on peut aussi y voir là une façon de commenter une littérature « en train de se faire », c’est-à-dire multiplier les portraits pour, plus tard, en arriver à des conclusions plus larges. Cependant, la conclusion est, sur le plan de la recherche actuelle, remplie de pistes intéressantes.

Conclusion

« Il va sans dire que la présence de commentateurs en acte constitue un phénomène important dans la littérature québécoise d’après 1980. » (187) Nombreuses sont les œuvres où « l’activité de lecture et d’interprétation, si elle n’occupe pas toute la surface textuelle, dépasse la simple mention ou référence culturelle… […] Dans ces ouvrages, la littérature ne se réduit pas à un ornement, elle est en soi un art et un moyen de connaissance, à coup sûr, le plus proprement littéraire dont puisse disposer la littérature. » (187-188)

Il précise qu’un « pareil usage de la littérature comme instrument de connaissance est rare au Québec avant 1980 » (188) et explique cela 1- par un conjecture politique et sociale, dont la reconnaissance de la littérature comme pratique viable et de ses agents comme représentants crédibles, le texte littéraire devenant un discours recevable dans la société en général. Il explique aussi cela 2- par la montée hégémonique du discours critique et de la figure du professeur qui « tend à monopoliser la parole légitime sur la littérature » (188) – il y aurait donc, de la part des écrivains, l’intégration d’un discours dominant 3- internationalisation de la littérature québécoise qui intègre alors les autres discours (migrants, entre autres, comme l’annonçait Nepveu).

Le roman québécois serait marqué par l’inscription d’un héritage littéraire bigarré (Robert, Dion)

Résumé de sa thèse, p.191 : interprétations « brouillées », sans résolution, le texte source demeurant énigmatique, indéterminé. Il explique son titre p.192 – période retenue dans ces pages « marque un tournant décisif pour la littérature québécoise » = « … ouvrir l’ici à la dimension de l’ailleurs », cet « ailleurs » devient donc un ailleurs littéraire, intertextuel. « … dévoiler la pensée littéraire que produit la littérature » (193)

fq-equipe/02_-_dion_robert_1997_le_moment_critique_de_la_fiction.txt · Dernière modification : 2018/02/15 13:57 de 127.0.0.1

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