Ceci est une ancienne révision du document !
Cet article est mentionné par Tiphaine Samoyault et Alexandre Gefen dans La taille des romans (voir autre fiche) et semble s'inscrire particulièrement bien dans la veine de la diffraction en littérature. En voici les principales articulations et idées:
1- Larnaudie s'oppose à une certaine pratique du roman qui, à l'heure du storytelling de masse, “se distingue avant tout par une immuable fidélité à la formule unique de la narration linéaire et [qui] consiste à organiser, dans un langage le plus transparent possible, selon le principe d'une causalité chronologique plus ou moins continue, le récit des péripéties psychologiques, morales et sociales d'un personnage sur fond de réalité localisée” (338). On retrouve ici sensiblement la même critique que les Nouveaux Romanciers ont en leur temps adressée au “roman traditionnel”, ce que Larnaudie tente de nuancer sans être cependant bien convaincant.
2- 1ère proposition de ce que serait cette littérature “inculte”:
"Nous désirons une littérature inculte: c'est-à-dire qui se refuse à toute forme de culte, de dévotion; qui ne se fasse pas une idée statique, contemplative et définitive de ce qu'est la "culture", de ce qui la compose et la mobilise; qui n'ait pas de révérence à faire, ni à des instances légitimantes, ni à l'air du temps; qui soit infidèle aux normes romanesques [...]; qui soit inadéquate aux termes du débat ambiant, insoluble dans le dispositif imposé; qui soit expérimentatrice et informée, libre; en prise avec le réel et à la mesure du possible." (342)
En somme, Larnaudie propose de désacraliser la littérature. Le sacré étant, selon Giorgio Agamben, ce qui a été soustrait à l'“usage commun” des hommes et a été “transféré dans une sphère séparée”, la littérature souffrirait en quelque sorte d'un “défaut d'usage”, à cause a) de la fétichisation du livre comme marchandise intellectuelle à l'âge du capitalisme cognitif (i.e. du manque d'approfondissement de la pensée); b) de la subtilisation du discours littéraire par le versant médiatique de la société du spectacle; c) de la muséification de la culture. Et l'opération inverse de la muséification est elle aurait été muséifiée