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diffraction:propositions_pour_une_litterature_inculte

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-Cet article est mentionné par Tiphaine Samoyault et Alexandre Gefen dans //La taille des romans// (voir [[diffraction:longueurs_du_xxe_siecle|autre fiche]]) et semble s'inscrire particulièrement bien dans la veine de la diffraction en littérature. Les mots en gras sont d'ailleurs certains mots-clé liés à celle-ci. Voici donc les principales articulations et idées de semblant de manifeste pour une littérature inculte :+LARNAUDIE, Mathieu, [["Propositions pour une littérature inculte"]], dans //Nouvelle Revue française//, no 588 (février 2009), p. 338-354. [SH - 17-09-2013] 
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 +{{:diffraction:larnaudie_-_propositions_pour_une_litte_rature_inculte.pdf|Mathieu Larnaudie, "Propositions pour une littérature inculte"}} 
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 +Cet article est mentionné par Tiphaine Samoyault et Alexandre Gefen dans //La taille des romans// (voir [[diffraction:longueurs_du_xxe_siecle|autre fiche]]) et semble s'inscrire particulièrement bien dans la veine de la diffraction en littérature. Les mots en gras sont d'ailleurs certains mots-clé ou expressions liés à celle-ci. Voici donc les principales articulations et idées de semblant de manifeste pour une littérature inculte :
  
 ===1- Introduction=== ===1- Introduction===
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 Larnaudie propose donc de désacraliser la littérature. Le sacré étant, selon Giorgio Agamben, ce qui a été soustrait à l'"usage commun" des hommes et a été "transféré dans une sphère séparée", la littérature souffrirait en quelque sorte d'un "//défaut d'usage//", à cause a) de la fétichisation du livre comme marchandise intellectuelle à l'âge du capitalisme cognitif (i.e. du manque d'approfondissement de la pensée); b) de la subtilisation du discours littéraire par le versant médiatique de la société du spectacle; c) de la muséification de la culture. Et l'opération inverse de la muséification, c'est la profanation". Larnaudie veut une littérature profane, profanée et profanatrice, bref "faire de la littérature une instance de profanation: le lieu d'une expérience de l'usage du langage et du monde. Inculte [...] est la littérature qui profane, contourne, retourne à son propre usage la fétichisation marchande, la subtilisation médiatique, la muséification de la  culture et du monde." (344-5) Larnaudie propose donc de désacraliser la littérature. Le sacré étant, selon Giorgio Agamben, ce qui a été soustrait à l'"usage commun" des hommes et a été "transféré dans une sphère séparée", la littérature souffrirait en quelque sorte d'un "//défaut d'usage//", à cause a) de la fétichisation du livre comme marchandise intellectuelle à l'âge du capitalisme cognitif (i.e. du manque d'approfondissement de la pensée); b) de la subtilisation du discours littéraire par le versant médiatique de la société du spectacle; c) de la muséification de la culture. Et l'opération inverse de la muséification, c'est la profanation". Larnaudie veut une littérature profane, profanée et profanatrice, bref "faire de la littérature une instance de profanation: le lieu d'une expérience de l'usage du langage et du monde. Inculte [...] est la littérature qui profane, contourne, retourne à son propre usage la fétichisation marchande, la subtilisation médiatique, la muséification de la  culture et du monde." (344-5)
-En somme, la littérature profane/inculte est celle qui ne se prévaut d'aucune légitimité, de se justifie d'aucune autorité, qui est, donc, souveraine: n'importe quel objet est bon pour elle en autant que se fasse "sensible l'intensité du désir (345).+En somme, la littérature profane/inculte est celle qui ne se prévaut d'aucune légitimité, de se justifie d'aucune autorité, qui est, donc, souveraine: n'importe quel objet est bon pour elle en autant que soit "sensible l'intensité du désir(345).
  
-===3- Une littérature altérée: la question du sens.===+===3- Une littérature altérée: la question du sens, porosité===
  
-La littérature inculte serait altérée (aux yeux de certains prescripteurs) parce que plutôt que de considérer comme incorruptible et pure, sûre de sa signification, elle est au contraire **perméable** à tout ce qui lui permet de se réinventer, d'opérer des connexions inédites. "[L]a littérature inculte n'est jamais l'expression d'un sens qui lui préexisterait, que ce soit d'un message ou d'un "propos sur le monde". En cela, elle est à la fois affirmative et //soustractive//: l'écriture, sa matérialité, la pensée-matière qui l'impulse, sont ouvertes à tout ce qui arrive, tout ce qui advient, à **l'accidentel chaotique et sensible de l'advenue**; elles travaillent le sens à même son jaillissement, elles agencent ses oscillations, renversent les perspectives, désordonnent la signifiance, la **recomposent autrement**, la déplacent, elles soustraient le texte au moment où s'érigerait un sens barricadé, identique à lui-même; au moment où s'opérerait la clôture du signe." (346-7) Dans l'ensemble, ces jolies propositions passablement vagues et répétitives suggèrent que Larnaudie réclame pour la littérature inculte un sens perpétuellement ouvert.+La littérature inculte serait altérée (aux yeux de certains prescripteurs) parce que plutôt que de considérer comme incorruptible et pure, sûre de sa signification, elle est au contraire **perméable** à tout ce qui lui permet de se réinventer, d'opérer des connexions inédites. "[L]a littérature inculte n'est jamais l'expression d'un sens qui lui préexisterait, que ce soit d'un message ou d'un "propos sur le monde". En cela, elle est à la fois affirmative et //soustractive//: l'écriture, sa matérialité, la pensée-matière qui l'impulse, sont ouvertes à tout ce qui arrive, tout ce qui advient, à **l'accidentel chaotique et sensible de l'advenue**; elles travaillent le sens à même son jaillissement, elles agencent ses oscillations, renversent les perspectives, désordonnent la signifiance, la **recomposent autrement**, la déplacent, elles soustraient le texte au moment où s'érigerait un sens barricadé, identique à lui-même; au moment où s'opérerait la clôture du signe." (346-7) Dans l'ensemble, ces jolies propositions passablement vagues et répétitives suggèrent que Larnaudie réclame pour la littérature inculte un sens perpétuellement ouvert grâce à une certaine porosité du matériau littéraire.
  
 ===4- Littérature immodeste: littérature difficile, de recherche=== ===4- Littérature immodeste: littérature difficile, de recherche===
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 ===5 - Littérature multiple : la question du réel=== ===5 - Littérature multiple : la question du réel===
  
-Le réel est multiple, et la littérature se doit de se mesurer à la multiplicité du réel. Il n'y a pas de réalité simple et identifiable qu'il suffirait de "montrer", tâche à laquelle devrait être limitée la littérature, "comme s'il y avait, donc, un réel pur, immaculé, original et authentique, en deçà des représentations et des médiations, en deçà de ses modes d'appréhension et du sujet qui s'y met en jeu. Bref, il ne suffit plus de promener son miroir au bord de la route pour restituer la réalité comme si la langue était transparente et que la littérature faisait croire au réel.+Le réel est **multiple**, et la littérature se doit de se mesurer à la multiplicité du réel. Il n'y a pas de réalité simple et identifiable qu'il suffirait de "montrer", tâche à laquelle devrait être limitée la littérature, "comme s'il y avait, donc, un réel pur, immaculé, original et authentique, en deçà des représentations et des médiations, en deçà de ses modes d'appréhension et du sujet qui s'y met en jeu. Bref, il ne suffit plus de promener son miroir au bord de la route pour restituer la réalité comme si la langue était transparente et que la littérature faisait croire au réel.
  
-"Nous désirons une littérature plurielle, multiple, qui ne se distingue pas du réel, mais engage une expérience du réel dans toute sa complexité. La littérature n'est aucunement un reflet du monde; elle fait intégralement partie du monde. La littérature fabrique du réel; elle l'agence, elle le rend lisible et le suscite; en tant que pensée sensible, elle participe, pleinement, de ce qui le compose." (352)+"Nous désirons une littérature **plurielle****multiple**, qui ne se distingue pas du réel, mais engage une expérience du réel dans toute sa **complexité**. La littérature n'est aucunement un reflet du monde; elle fait intégralement partie du monde. La littérature fabrique du réel; elle l'agence, elle le rend lisible et le suscite; en tant que pensée sensible, elle participe, pleinement, de ce qui le compose." (352)
  
 ===6 - Littérature collective: effritement de l'instance créatrice individuelle === ===6 - Littérature collective: effritement de l'instance créatrice individuelle ===
diffraction/propositions_pour_une_litterature_inculte.1379519598.txt.gz · Dernière modification : 2018/02/15 13:56 (modification externe)

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