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diffraction:panorama_de_litterature_quebecoise_contemporaine._de_1970_a_nos_jours

Réginald Hamel [dir.], Panorama de littérature québécoise contemporaine : de 1970 à nos jours, Montréal, Guérin, 1997. [Myriam Saint-Yves]

Table des matières - Chapitre VI

1. Terminologie pour désigner le pluriel

- « code de pluralité des voix préconisé part le postmodernisme » (18) - « mise en veilleuse de l’intrigue » qui proclame « la primauté du signifiant sur le signifié » (18) - « codes nouveaux : pluralité des voix narratives, pragmatique de lectures individuelles, accumulation des procédés d’autoreprésentation et surencodage de l’intertextualité. » (20) - « écriture de l’exclusion » : « seul le « trip » intérieur compte ». (21) - « une nouvelle écriture […] qui adopte une structure éclatée » (353) - « une écriture minimaliste, presque elliptique par moments » (359) - « une langue qui se défait » (379) - « structure baroque, voisine du picaresque et du rocambolesque » (379) - Phrases, paragraphes, chapitres « en apparence déstructurés, mais, en réalité, structurés autrement ou restructurés, obéissant aux exigences profondes de la tête et du cœur. » (380). - « Ces innovations formelles, ces transformations novatrices, parfois teintées d’impertinence », « ruptures chronologiques », « le désordre et le brouillage des idées et des émotions » (380). - «parmi les littératures de la francophonie, la littérature québécoise est devenue celle de toutes les audaces et de toutes les démesures. » (381)

2. Explications et concepts utilisés

Malgré l'apparente désuétude de la division des genres littéraires, Maurice Lemire y a recours car la distinction par genre demeure, à son avis, « le meilleur moyen d'ordonner le discours sur la littérature. » (p. 18)

La production romanesque est subdivisée en courants et en thèmes :

- Roman psychologique : « on est tenté de grouper plusieurs œuvres sous le titre rassembleur d’observation critique de la condition humaine, où les romanciers se penchent, parfois avec détachement, souvent avec compassion, sur les difficiles rapports entre les êtres et dénoncent l’incommunicabilité qui résulte des conditions de vie dans lesquels ils évoluent, et l’incompréhension mutuelle qui les divise et les oppresse. » (358)

- Roman au féminin : « Il faut placer dans la foulée des interrogations sur la condition humaine l’immense déferlement de la littérature féminine/féministe depuis la décennie 1970. […] L’engagement des femmes écrivains – des écrivaines ‒ adopte plusieurs tons et plusieurs degrés. Certaines femmes revendiquent l’insoumission à grands cris, presque blasphématoires parfois […] La satire, l’ironie et parfois le sarcasme emportent le morceau et permettent d’éviter l’invective. » (361)

- Roman carnavalesque : « De là une structure aux multiples ruptures, baroque, voisine du picaresque et du rocambolesque, où s’entremêlent les situations les plus bizarres ou loufoques même, dans un procès(sus) de métaphorisation absolument hors-norme, qu’une écriture aussi éclatée (« sautée », « flyée », selon la terminologie postmoderne) accompagne dans des phrases plus ou moins enchaînées, à la ponctuation erratique ou nébuleuse, au vocabulaire carrément provocateur ou « néo-quelque chose ». Par-dessus tout, un rire énorme, incommensurable, qui adopte les formes les plus irrationnelles ou déraisonnables, dérisoires souvent, de l’ironie, de la satire, légère, grinçante ou noire, de l’humour désaccordé, du sarcasme, qui traduisent on ne peut mieux, ou paradoxalement, la désinvolture, le désemparement ou la désespérance des personnages. » (366)

- « écrivain écrivant » : le phénomène de « l’œuvre dans l’œuvre » ou de la mise en abyme se répand chez un grand nombre d’auteurs. La mise en abyme forme le livre que le lecteur lit, et ce au fur et à mesure de la lecture. (379.)

- Association de la naissance du joual et de la déconstruction formelle du roman; c’est le travail au niveau de la forme, mais aussi du langage qui caractérise la modernité: « Jouant avec les mots, puis avec les phrases, les chapitres, enfin avec la structure générale de l’œuvre, les écrivains passent graduellement d’une langue correcte à une langue qui se défait. De cette métamorphose fondamentale naît une langue humiliée reflétant les conditions difficiles de son évolution en contexte nord-américain, le « joual ». […] Le vocabulaire évolue tellement qu’à la dérive des sons correspond une dérive du sens (et des sens). » (379-380)

- Écrivains migrants : « contribuent efficacement à façonner et à transformer l’imaginaire [québécois] en apportant des points de vue neufs et originaux, des sensibilités différentes sur les thèmes de prédilection des Québécois » (381). Nommés : Ying Chen, Alice Parizeau, Dany Laferrière, Stanley Péan, Sergio Kokis, Jean-François Somcynsky (Somain), Élizabeth Vonarburg, Naïm Kattan, etc.

3. Cause(s) du pluriel

- Volonté de renouvellement dans les années 1970 : l’époque de liberté convient mieux à la prose, les auteurs déjà connus veulent moderniser leur technique. (18)

- Apparition du « je » qui coïncide avec l’entrée de l’individu dans la société libérale. La ville qui entre dans la diégèse « favorise toutes les déviances ». (19) Affirmation de soi comme constante de la décennie; passage de la recherche identitaire collective à la recherche individuelle.

- Écriture de la quotidienneté : « tentent de la reproduire dans son état d’incohérence. La séquence de banalités qui composent une journée ordinaire sert de prétexte à libérer une écriture qui se nourrit d’elle-même. » (20)

- « Cette orientation du roman résulte moins d’une influence sociologique que d’une certaine intertextualité. Les romanciers d’aujourd’hui, grâce à leurs études universitaires, imitent les grandes tendances de la littérature internationale. Certains d’entichent du « nouveau roman » français; d’autres, attirés par le postmodernisme américain et sud-américain fréquentent Samuel Beckett, Alain Robbe-Grillet […] mais aussi Italo Calvino, Umberto Eco, Jorge Luis Borges […] » (20)

4. Traces du discours critique des années 1970

- Études des années 70 privilégiées à cause du recul historique : « Aussi entends-je, même si je prends en compte certaines des plus récentes recherches, me fonder sur celles des années 1970 et 1980 qui ont déjà pris une valeur significative. » (p.1)

- En conclusion, Réginald Hamel tente une synthèse des débats menés depuis 1970 pour définir la postmodernité. « Où se loge le discours analytique sur notre littérature? Chez Baktine, Barthes, Blanchot, Chomsky, Cixoux, Deleuze, Derrida, Foucault, Greimas, Jakobson, Lacan, Lyotard, Riffaterre, Sollers et Todorov, et la liste peut être beaucoup plus longue. » Il cite aussi Michaud et Paterson, en spécifiant toutefois que lui et ses collaborateurs n'ont pas voulu, dans le panorama, prendre position. La conclusion sert plutôt, en convoquant les diverses théories, à souligner le caractère relatif de la notion de postmodernisme.

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