DÉFINITION

Les vlogs correspondent à des blogues publiés sous forme de vidéos par un internaute qui s’exprime librement de manière récurrente, laissant la possibilité aux spectateurs d'interagir avec lui, ou entre eux sous forme de commentaires.

En effet, le mot vlog provient de la contraction entre «vidéo» et «blog». Ce genre audiovisuel correspond à des créateurs de contenus d’une plateforme numérique, Youtube par exemple, qui s’adressent, à l’aide de leur caméra, directement aux internautes. Cet échange peut se faire en temps réel, ou de manière asynchrone, étant donné que ces vidéos restent disponibles sur la plateforme de diffusion choisie pour visionner le contenu à n’importe quel moment. Ainsi, chaque créateur de contenu parviendra à créer une relation privilégiée avec les visionnaires, de manière à ce qu’une communauté soit créée entre les spectateurs et l’auteur. Ce type de contenu s’inspire des blogs pour rester au fait des tendances des réseaux sociaux, en mettant particulièrement l’accent sur les vidéos.¹⁾

MISE EN CONTEXTE

Le « vlog », soit la forme vidéo de la pratique du blogue, est apparu avec la démocratisation de l’internet et l’accès de plus en plus facile à la technologie permettant la captation en vidéo. Le mot est une contraction de l’anglais « video log », qui signifie l’enregistrement de données sur vidéo. Les premières itérations du vlog comme nous le connaissons aujourd’hui ont été répertoriées dans des blogs, au tout début de l’an 2000. Mais c’est la création de YouTube, en décembre 2005, qui donne le premier véritable coup d’élan : la plateforme permet de donner une meilleure visibilité au contenu en plus de réduire la friction causée par les enjeux de stockage. YouTube réunit en un lieu commun tous les utilisateurs, créateurs et consommateurs de ce type de contenu. La démocratisation de la pratique s’achève avec l’invention du téléphone intelligent, qui permet à tous les utilisateurs de filmer du contenu en format vidéo, et ce en tout temps. Les obstacles de la création de contenu comme ceux de la transmission et du stockage étant réglés par la progression technologique, le vlog est devenu depuis la dernière décennie une façon de partager à tous, de tous.

Aujourd’hui, le vlog se pratique autant sur des plateformes publiques, comme YouTube vers un public anonyme, que sur des plateformes privées où l’écoute est restreinte comme sur instagram ou sur snapchat. Alors que certains créateurs gardent la forme « intime » du vlog, d’autres utilisent cette opportunité à des fins plus économiques. Comme dans plusieurs autres formes de contenu numérique, tout créateur est aussi un récepteur : la distinction entre récepteur et créateur est très floue dans cet endroit où tous peuvent participer à l’ensemble, par des vidéos comme par des commentaires ou des partages. Cette page wiki s’attardera sur plusieurs enjeux que soulèvent la production et la consommation du vlog, comme la relation créateur-récepteur et la portée de ces vidéos « maison », en comparaison avec des publications plus professionnelles. ²⁾

ASPECTS

Le vlog correspond à une exposition de soi de la part du créateur. Il est le lieu d’un paradoxe majeur, où l’impression de réalisme induite par le format intime est exploitée au profit d’une mise en scène du soi qui se rapproche davantage d’une « autofictionnalisation » que d’un simple témoignage en vidéo de la vie quotidienne. Le « vloggeur » contrôle ce qu’il souhaite partager à ses auditeurs et ce qu’il ne partage pas. Il s’agit d’une manière de romancer ses activités quotidiennes ; le créateur parvient à embellir sa vie en sélectionnant quelles tranches de vie présenter ou cacher. «Pour certains artistes, l’art de la performance est un terrain privilégié pour évoquer l’expérience du « moi » dont ils sont les protagonistes.» ³⁾

L’internaute qui visionne le vlog détient un rôle important dans l’émergence de popularité du créateur et de ses vidéos. En effet, le visionnaire participe en «répond[ant] par un “j’aime” , un geste de partage, un commentaire ou en créant sa [propre] vidéo. » (Lange, 2019 dans Châteauvert, 2021) Le rôle de l'internaute qui agit en tant que spectateur est donc primordial à l’émergence de ce genre et à la popularité du créateur de contenu. Chaque internaute, occupant une des deux positions possibles, le créateur et le spectateur, forment un ensemble, où l’un dépend de l’autre pour assurer sa fonctionnalité. ⁴⁾

Il est possible de faire des liens avec la pratique du vlog et l’émergence de subcultures attachées à celle-ci. En effet, un exemple de cette subculture est l’apparition et l’émergence avec les années de la plateforme Youtube. On peut utiliser ce terme sociologique étant donné la création d’un langage familier et propre et les concepts partagés, formant ainsi une communauté, entre les créateurs de contenu sur la plateforme et le public consommant leur travail. Dans son article, Boris Urbas utilise l’exemple du Let’s play et de la nostalgie vidéoludique pour confirmer mes affirmations : « Ce sont d’abord des « joueurs d’ancien » qui marquent un fort intérêt parfois exclusif pour le passé du JV. Jouer aux jeux du passé leur procure une satisfaction particulière permettant de raviver les souvenirs d’une jeunesse vécue ». Selon l’auteur, cette pratique concentrée autour de l’univers numérique participe à créer une « culture geek » et il est possible de faire un lien entre cette communauté en ligne et l’émergence d’une mode culturelle tournant autour des années 80. Le vlog participe ainsi à la construction et à l’inspiration de la culture populaire. (Urbas, 2016)⁵⁾.

BIBLIOGRAPHIE ET MÉDIAGRAPHIE AVEC COMMENTAIRES

CHÂTEAUVERT, Jean. (2021). Le vlog pour espace de communication. Communiquer, (31). https://www.erudit.org/fr/revues/communiquer/2021-n31-communiquer06495/1082892ar/.

PAPY, Fabrice (dir.), dossier « Mémoires d’une culture vidéoludique sur la plateforme Youtube », dans Les Cahiers du numérique, vol. XII, no 3 (automne 2016), p. 93 à 114.

• L’article s’intéresse plus particulièrement à la culture du vlog dans le contexte de Youtube. L’auteur s’intéresse à cette pratique qui se manifeste dans un contexte d’artisanat. En effet, le vidéaste amateur cherche à créer un produit dans le confort d’un environnement qui, du moins, à l’époque, n’était pas biaisé par une ou un supérieur commerciale et il pouvait ainsi se concentrer sur la fidélité de son art. L’auteur fait également le lien entre cet artisanat et sa faible rémunération étant donné l’ambition du créateur de contenu qui est de cultiver dans un espace libre et non de gagner sa vie. Historiquement parlant, il va aussi aborder des notions comme l’émergence d’un intérêt pour le jeu vidéo, en témoignant de cette nostalgie des années 70 à 90, pour expliquer une subculture du vlog qui est celle du Let’s play.

ROLAND, Barbara. (2012). « La mise en scène de soi », Mémoire autobiographie imaginaire. vol.10 n.2 https://www.analisiqualitativa.com/magma/1002/article_08.htm.

SANCHEZ, Dan. « History of Vlogging, the First Vlogger, & How Vlogging Evolved » [billet], dans Dan SANCHEZ, Danchez, https://danchez.com/history-of-vlogging/.

TINGCHI LIU, Matthew, Yongdan Liu et Lida L. Zhang, « Vlog and brand evaluations: the influence of parasocial interaction », dans Asia Pacific Journal of Marketing and Logistics (v.31, n.2), Univeristé de Macau, Chine, 2018, p.419-436.

• La production et réception du vlog dans la logique de consommation de biens. Création du lien de confiance entre le producteur de contenu et le récepteur par le vidéo blogging et influence de cette impression de rapprochement sur les habitudes de consommation.