TOMACHEVSKI, Boris, « Le héros », dans //Théorie de la littérature//, Paris, Seuil, (1925) 1965, p. 293-298. **Résumé** Il faut d'abord parler du motif tel que l'entend Tomachevski. Un texte se décompose en unités thématiques. Les parties indécomposables, les plus petites particules du matériau thématique, constituent les motifs. Les motifs dynamiques se distinguent des statiques : les premiers changent la situation, les seconds ne la changent pas. Greimas, dans //Sémantique structurale//, tirera parti de cette distinction. Certains motifs peuvent être omis sans pour autant détruire la succession de la narration (motifs libres), alors que d'autres ne peuvent l'être sans que soit altérée le lien de causalité qui unit les événements (motifs associés). Barthes, dans son article « Introduction à l'analyse structurale des récits », a repris cette opposition : les motifs associés constituent des //fonctions// (noyau ou catalyse), les libres, des //indices// (des indices proprement dits, renvoyant à un caractère, sentiment, atmosphère, philosophie; ou des informations, qui servent à identifier, à situer dans l'espace et le temps). La liste des motifs constants et variables peuvent servir à caractériser un genre. C'est la perspective de V. Propp, //Morphologie du conte russe//. En ce qui concerne le personnage, Tomachevski dira qu'il joue le rôle de fil conducteur permettant de s'orienter dans l'amoncellement des motifs. Le critique aborde deux enjeux concernant le personnage : la caractérisation et l'attention du lecteur. Dans un premier temps, Tomachevski relève certains cas de figure liés à la caractérisation, un procédé qui sert, dit-il à reconnaître le personnage. L'appellation; la caractérisation directe (l'information sur son caractère est donnée par l'auteur (sic), un autre personnage ou par lui-même) et indirecte (le caractère ressort de ses actes, de sa conduite); le caractère constant (qui reste le même au cours de la fable) ou changeant (qui évolue au fur et à mesure du déroulement de l'action). Dans un deuxième temps, Tomachevski s'attarde aux moyens pour capter l'attention et l'intérêt du lecteur. Le moyen fondamental, dit-il, consiste à provoquer la sympathie. Les types positifs/négatifs provoquent un rapport émotionnel sympathie/antipathie avec le lecteur. « Le personnage qui reçoit la teinte émotionnelle la plus vive et la plus marquée s'appelle le héros [...] Le héros n'est guère nécessaire à la fable. La fable comme système de motifs peut entièrement se passer du héros et des ses traits caractéristiques ». Précision de type immanentiste : le rapport émotionnel est contenu dans l'oeuvre. La sympathie pour un personnage pourrait provoquer le dégoût et la répulsion pour le même caractère dans la vie réelle.