== Résumé de l’œuvre : == Paul projette de quitter Paris pour habiter Bordeaux. Entretemps, il doit prendre quelques jours de congé pour aider ses amis, Catherine et Jean, à désensabler leur maison au bord de la mer. Arrivé à Saint-Girons-Plage, il ne trouve pas ses amis. Ils ne sont ni à la maison ni à l'hôtel. À l'hôtel, on lui propose de partager une chambre et c'est là qu'il fait la rencontre de Charles qui possède, lui aussi, une maison de bord de mer et qui doit être désensablée (il est le voisin de Catherine et Jean). Ils font connaissance et se rendent, le jour d'ensuite, à la plage pour retirer, à la pelle, le sable qui obstrue l'entrée de leur maison. Pendant qu'ils s'attèlent à l'ouvrage devant leur maison respective, Ingrid, la femme de Charles, informe Paul que Catherine veut lui parler au téléphone. Il prend l'appel et Catherine lui indique qu'elle ne se rendra pas à Saint-Girons-Plage parce qu'elle s'est disputée avec Jean. Paul décide de continuer à pelleter tout de même, malgré le désistement de ses amis. Il se lie à Ingrid et décide de les accompagner, son mari et elle, chez eux pour soutenir une amie, Brigitte, qui vient de perdre son époux. Ils partent tous trois, Ingrid seule devant, dans sa propre voiture (elle et Charles sont pratiquement séparés). Ils assistent aux obsèques, épaulent l'épouse. Paul se sent plutôt mal à l'aise dans les circonstances, mais s'intéresse de plus en plus à Ingrid. Lors des funérailles, Brigitte décide de quitter pour Paris et de ne pas assister à la mise en terre de son mari. Charles et Ingrid l'accompagnent à la gare. Ingrid lâche un coup de fil à Paul de là, pour l'inviter à prendre le train avec elle. Finalement, Paul accepte l'invitation et c'est le début d'une idylle qui met fin aux projets bordelais de Paul. == Narration : autodiégétique (Paul) == Explication : Paul raconte son propre récit. == Personnage(s) en rupture : Paul == == A) Nature de la rupture : interprétative == Explication : Le personnage de Paul demeure relativement secret pour le lecteur. Il est impossible de savoir à quoi il ressemble physiquement, quel est son passé, quel est son emploi. Il tient à demeurer énigmatique auprès des autres personnages et évite de se dévoiler. Sa principale caractéristique est son sens de l'analyse exacerbé. En cela, d'ailleurs, il rappelle Palomar, le personnage d'Italo Calvino qui passe au peigne fin le monde qui se tient devant lui de façon pointilleuse et cartésienne. Mais ce n'est pas tant le monde comme tel qu'il dissèque, mais plutôt les relations interpersonnelles dans lesquelles il n'excelle pas. Il hésite constamment, sur-interprète les moindres gestes de son interlocuteur. La ponctuation est d'ailleurs éloquente et évoque cette pensée hachurée, sans cesse interrompue dans son propre cours par une hésitation, par un questionnement, un doute. De plus, sa volonté de vivre est remise en doute au début du roman où il évoque son envie de vivre «un peu». Mais cette information n'est pas suffisante pour conclure si cela est lié à un passé de suicidaire. Le mystère reste intact. == B) Origine de la rupture : actorielle == Explication : Il se place lui-même en retrait des gens. Son sens de l'interprétation excessive se traduit par une mise à distance du monde et par une complexification extrême des relations. == C) Manifestations : volitive, sensorielle et mémorielle == Explication : La volonté du personnage est plutôt étrange. Il formule explicitement son envie de "vivre un peu" : «Je n'avais guère de chances, en effet, avec une pelle à la main, qu'il advienne quelque chose dans ma vie. Je veux dire qu'en marge de Bordeaux je n'étais pas contre l'idée qu'il pût advenir quelque chose. J'étais même pour. Bordeaux, c'était acquis, je n'avais pas à revenir là-dessus. Et donc j'étais prêt. Sans intention particulière de vivre, je l'ai dit, dans les temps qui viendraient. Mais dans l'immédiat, pourquoi pas? me disais-je. Vivre un peu. En attendant.» (p. 13) Ses perceptions de la réalité sont plutôt étonnantes et son rapport à la réalité est constamment mis en doute : «Je n'avais jamais beaucoup cru à Saint-Girons-Plage, du reste. Dès ma première visite, j'avais pris le paysage de haut, incertain d'y jamais entrer ni de fouler réellement le sol où il s'inscrit.» (p. 18) Il se perçoit difficilement. Il n'a pas un rapport direct à lui-même. Il ne reconnait pas même son reflet dans le miroir : «Là, je ne fus plus personne. Ma pensée était entièrement occupée de Dugain-Liedgester. Je ne me remarquai même pas dans la glace au-dessus du lavabo.» (p. 47), «Toujours cet autre, là, en face, pour me rappeler que j'avais du retard. Cette tête, qui me précédait dans le temps. Aucune envie de la rejoindre.» (p. 48-49) Plus loin, même, il se représente comme mort : «je suis là parce que la vie n'est pas émouvante, me disais-je, je suis là parce que je suis mort et que les morts n'habitent plus nulle part.» (p. 146) Les rapports aux autres passent par le silence : «Le silence, désormais, s'était installé entre nous comme le plus sûr moyen de dialogue.» (p.162) Mémorielle : «je ne me souviens jamais de rien, ni de moi ni de personne, ce n'est pas faute d'avoir vécu mais j'ai un problème, avec ça, j'ai dû te le dire.» (p. 40) == D) Objets : (voir section "Manifestations") == Explication : == E) Manifestations spatiales : == Lieux représentés : la plage est LE lieu qui est représenté avec plus de précision Explication : «l'indistinction du sable et l'infinie répétition de l'eau, avec toujours ce vent qui ne lie rien et qui altère les sons. Aucune précision. Pas de recul. Tout est là, bruyant.» (p. 18)