**Quatrième de couverture**: « Elle avait en toute confiance mis au propre ce petit bout de son âme, l’avait imprimé, l’avait rangé au fond d’une boîte de pêches en conserve avec quelques-uns de ses livres (qui eux aussi, en un sens, constituaient une parcelle de son âme), avait abandonné la boîte aux Artisans de la Paix et, depuis, elle attendait tranquillement que je vienne sonner à sa porte.» D’entrée de jeu, un carton de livres soldés. Parmi une collection d’ouvrages québécois très XIXe siècle se trouve une pièce de choix, le journal de Marie Bashkirtseff, une contemporaine de Maupassant. Et tout au fond de la boîte, une centaine de pages du journal de S-, une diariste chevronnée, qui plus est, native de Grand-Mère, comme le narrateur. Il n’en faut pas davantage pour que celui-ci s’engage dans une quête pour retrouver celle qu’il baptise Sam et qu’il croit être « La femme de sa vie ». D’indices en suppositions, de coïncidences en recoupements établis grâce à son journal, il la suit à la trace : à la campagne, dans sa petite maison du chemin Saint-François-de-Pique-Dur, à Limoilou, là où habite sa mère, et même jusqu’à Parent, en Haute-Mauricie. Cette petite musique familière et ironique, jouant en mode continu dans le récit du quotidien très ordinaire d’une trentenaire insaisissable, est bien celle de François Blais, passé maître dans l’art d’exploiter le filon du journal intime. Avec Sam, son huitième roman, il se pose en meneur d’un habile jeu de piste. Mais c’était sans compter sur le solide tempérament critique et agissant de son narrateur. Le journal de S- pourrait bien devenir l’enjeu d’une rivalité imprévue entre l’auteur et son personnage, ainsi qu’une réplique vive à la question posée à la fin de Vie d’Anne-Sophie Bonenfant : « Depuis quand un auteur n’a-t-il pas tous les droits sur son personnage ? **Justification**: Un jeune homme trouve un extrait de journal intime dans le fond d’un bac de livre aux Artisans de la Paix et tombe follement amoureux de la jeune femme qui en est l’auteure. Il recopie l’entièreté de son manuscrit et l’entrecoupe de toutes les démarches qu’il fait pour la retrouver. Il s'agit d'un récit qui peut ressembler à Dora Bruder de Modiano, sans le côté dramatique et sans empiéter sur la réalité (on ne parle pas ici de mémoire historique), dans le sens où le narrateur tente de reconstruire une identité perdue grâce à d'anciens documents et aux rares traces qu'il possède. Finalement, il retrouve Sam, cogne chez elle: il s'agit de François Blais, l'auteur du roman, qui est aussi l'auteur du journal intime. La vraie question ici est peut-être: à quel point peut-on détacher l'identité d'un personnage de celui de son auteur? (voir fiche dans Liste de lectures et fiches RANX 2)