RICARDOU, Jean, « Mort du personnage fictif », Pour une théorie du nouveau roman, Paris, Dunod, 1971, p. 235-246.

Contrairement à ce que laisse entendre le titre, les propos de Ricardou ne sont pas axés sur le statut ontologique (référentiel/fictif) du personnage, mais sur son identité. L'une des grandes ambitions du Nouveau Roman était de déconstruire le personnage en tant qu'entité dotée d'une psychologie, d'une cohérence qui le rapproche de la personne. Ricardou fait valoir, en ayant comme corpus quatre (nouveaux) romans, les procédés textuels disloquant cette identité.

*Dissocier l'individu en fragments incomparables (activité disjonctive) et amalgamer ces éléments divers (patronyme, rôle social, nationalité, parenté, âge, apparence, etc.) Produire d'inquiétants amalgames.

*Dans une même oeuvre, une multitude de protagonistes (150!). Impossible pour eux d'avoir une consistance, il leur manque une suffisante continuité.

*Parfaite absence du nom propre, l'ère du pronominal. (Benveniste : « Je » ne peut être identifié que par l'instance du discours qui le contient »; Hamon : signe/personnage anaphorique) Le Je peut aussi bien permettre la mise en place du personnage que son exacte abolition.