==Dans les dictionnaires, sous la rubrique «récit» : == 1. Narration écrite ou orale de faits réels ou imaginaires. //Faire un long récit. Récit historique. Il s'indigna au récit de cette machination.// 2. MUS. Partie qui exécute le sujet principal d'une symphonie. / Clavier secondaire de l'orgue. (//Axis. L'univers documentaire//, Paris, Hachette, 1993, p. 2608) {{:ranx:recit._e._univers._2002_.pdf|Article sur le récit}} * Syntaxe et sémantique du récit * Le récit littéraire (le temps, le personnage, point de vue et voix) (//Encyclopaedia Universalis//, Paris, Encyclopaedia Universalis, 2002, p. 503-506.) Musique : terme apparu en France au XVIIe siècle et désignant un fragment ou une composition pour voix seule. Il se différencie du récitatif (déclamation chantée dans l'opéra et l'oratorio). Ce terme s'est appliqué au XVIIIe siècle aux solos de la musique instrumentale. Le récit est aussi le nom d'un des claviers de l'orgue formé de vingt-sept à trente-deux touches et enrichi de jeux destinés à l'origine à être joués en solo, imitant le cornet, la flûte, le hautbois et la trompette. (//Encyclopédie Bordas//, Paris, SGED, 1994, p. 4264) 1. action de relater, de rapporter qqch : //Faire le récit d'un voyage.// --2. Développement oral ou écrit rapportant des faits vrais ou imaginaires : //Écrire des récits d'aventures.// -- 3. Dans une oeuvre dramatique, narration d'un événement qui a eu lieu hors de la scène. -- 4. Solo instrumental de caractère orné. -- 5. Troisième clavier de l'orgue. -- 6. Syn. de récitatif. (//Grand usuel Larousse. Dictionnaire encyclopédique//, Paris, Larousse, 1997, p. 6204.) //Littér.// Le récit a été opposé, en critique littéraire, au roman, pour définir deux régimes de la narration, correspondant à deux traitements du référentiel. Le récit est fondamentalement rétrospectif : l'événement rapporté a eu lieu et la narration le fait connaître, hors de l'exposé d'une dynamique interne des événements. Le récit resterait essentiellement conceptuel dans la mesure où, traitant d'un acquis, il serait inévitablement réflexif. Il s'identifie au conte et à la nouvelle, narrations paradigmatiques et apologétiques, dont la brièveté exclut précisément tout examen de l'événement en lui-même et dans son indétermination, apparente ou réelle. Aussi une typologie pure du récit, réalisée en particulierdans le conte merveulleur, exclut-elle une véritable représentation de l'agissement et atteste-t-elle toujours le primat, de droit, de l'événement sur les personnages. Le récit ignore l'histoire qui se fait. Il se tient à une législation de l'incident, qui n'interdit ni l'incertain ni le dramatique, placés sous le signe de l'épreuve, qui est proprement action juridique. Inversement, le roman considère l'événement en tant qu'il //a lieu//, ce qui n'empêche pas la fiction historique qui voit dans l'histoire non pas le révolu, mais la genèse. Le récit correspond à une différenciation minimale des données spatio-temporelles, qui retrouvent cependant une importance dans le moment de l'énonciation. Dans le partage des pratiques littéraires, il introduit historiquement au roman, dans la mesure où l'événement fonde l'épreuve et l'aventure. L'idée s'est imposée, en théorie littéraire contemporaine, que le récit présente la forme organique de toute narration, romanesque et non romanesque ; il se définit comme texte référentiel avec temporalité représentée, passible d'une réduction formelle, qui n'est que la reprise, en données structurales, de son sémantisme juridique premier. À partir des acquis de l'analyse mythologique de Lévi-Strauss et de la systématique du conte folklorique merveilleux russe de Vladimir Propp, les analyses du récit décrivent un récit minimal par la conjonction de deux attributs apparentés mais différents : la conjonction est l'objet de la narration suivant un procès de médiation et de transformation. Quels que soient les détails de la détermination de la nature et du procès de médiation, prévautm dans la théorie, une logique de l'action, qui permet de tenir ensemble et le juridisme du récit premier et l'initiative casuistique du roman. Celui-ci se caractérise par l'adjonction de propositions facultatives mais dépendantes de la logique organique constitutive, et véritable brouillage de cette logique. (//Grand Larousse universel//, Paris, Larousse, 1995 [1984], p. 8772) « Il est peu de termes aussi galvaudés que celui-ci ; le comble étant que les spécialistes s'en accommodent sans sourciller. En gros, trois acceptions sont retenues dont la plus précise est d'être la plus courante. Il s'agit de celle, défendue et illustrée dans //Figures III//, selon laquelle le récit, c'est ce qui se lit de l'histoire, ce qui en est raconté et la manière dont on nous le raconte : "... énoncé, discours ou texte narrative..." La seconde est la plus répandue et émane de spécialistes fort dissemblables par ailleurs (Brémond, Todorov, Greimas) : le récit, c'est l'hsitoire -- comme l'atteste //Logique du récit//. Quelque peu et tardivement embarrassé, Brémond tentera bien de distinguer "récit racontant" et "récit raconté". Malheureusement, le distinguo ajoutait à l'embarras le pléonasme (le récit ne peut être que racontant) et l'aporie (le récit ne peut être raconté quMen cas de mise en abyme). Enfin troisième solution : considérer //récit// comme un terme polyvalent. C'est ce que font entre autres Barthes (//analyse structurale des récits//) et plus encore J.-M. Adam dont l'ouvrage au titre singulier couvre tant bien que mal un vaste pluriel. Quant à Todorov il propose dès 1966 la distinction entre //récit// comme histoire et //récit// comme discours ; ce qui aurait pu entraîner la mise à l'écart de //récit//. Mais //histoire// étant décidément insupportable, on en retient le couple //récit-discours// -- avec de surcroît la référence inexacte à Benveniste. Inexacte pour deux raisons : d'une part Benveniste ne parle que d'énonciations (histoire et discours) et pas de contenus, d'autre part il n'emploie que rarement //récit// sauf pour qualifier de //récit historique// l'énoncé correspondant à l'énonciation historique. Fallait-il faire le détour par là pour en arriver à ce résultat? //Discours// (appliqué à l'une des énonciations et à son produit) vaut désormais pour tout énoncé ; et surtout //récit//, barré par //discours//, dégagé de ses relations à l'énonciation historique, prend du galon et désigne dorénavant l'histoire comme contenu. Parmi les vicissitudes d'une telle acception, on peut citer cette permutation, véritable quiproquo : //récit// nommant l'histoire, c'est //narration// qui servira pour le récit. Autre inconvénient de taille, cette fois dans le domaine du théâtre où //récit// a déjà un sens précis. Qu'à cela ne tienne! //récit// aura aussi le sens d'histoire ou d'action : "... un temps de récit de vingt-quatre heures pouvait se réduire à une durée de discours de quelques heures." (Groupe µ, //La rhétorique générale//, Larousse, 1970, p. 178.) « Sans perdre pour autant son identité et son apparentement à //discours//, la première définition est appelée à se diversifier ou encore à subir les questions les plus pointilleuses. Ainsi de l'identité texte-récit qui peut fort bien être remise en question dès lors que le critère du narratif est strictement fixé : ce qui se raconte de l'histoire serait le récit //stricto sensu//, ce qui ne l'est pas -- par exemple les excursus -- ressortirait au texte. On ne s'étendra pas sur de nombreuses sous-espèces annoncées par le terme canonique mais assorti d'un ancrage adjectival. La plupart sont connues et ont leurs spécialistes : le récit spéculaire (L. Dallenbäch), le récit enchâssé qui donne lieu de la part de Genette à taxinomie et scrupules terminologiques, le "récit ordinaire" mieux connu grâce à J.-M. Adam et que l'on peut définir comme récit oral non fictionnel, le récit historique et enfin le récit théâtral.» (Gérard-Denis Farcy, //Lexique de la critique//, Paris, Presses universitaires de France, 1991, p. 80-81) ---- == Synthèse des définitions == **Sémiotique narrative : Le récit est histoire** **Narratologie : Le récit est énonciation narrative** - 2 orientations en //théorie du récit// (qui correspondent peu ou prou aux deux grandes acceptions du terme) : 1) //Narratologie//, énonciation narrative : le récit est analysé au travers des voix, chargées de sa conduite et convoquées pour sa réception ; il est un discours et se trouve analysé comme tel. 2) //Sémiotique narrative//, le récit est histoire : préoccupé de soumettre à son ordre les actions qu'il expose, il se donne comme une totalité où, entre début et fin, s'éprouve la conversion du sens (schématisation narrative). Le récit n'est pas à proprement parler un genre. Le problème n'est pas qu'il déborde du domaine littéraire pour concerner aussi bien l'historiographie, l'oral et le non verbal, car en matière de théorie, c'est bien le récit littéraire qui a longtemps servi de modèle à toute narratologie. Tel que vu par Ricoeur (//Temps et récit//, 1983-1985), l'ascendant exercé par le narratif a déterminé l'édification même des genres. De Greimas à Todorov, la difficulté à penser la transformation au coeur de la dynamique narrative, autrement que comme une série de règles dérivées, est restée patente. C'est pourquoi Ricoeur (option herméneutique) a choisi de remonter jusqu'à l'« intelligence du récit », celle forgée à la faveur de la familiarité du lecteur avec les intrigues types, dans le but de faire de la configuration narrative une question temporelle. (Paul Aron, Denis Saint-Jacques et Alain Viala, //Le dictionnaire du littéraire//, Paris, Presses Universitaires de France (Quadrige / PUF), 2004 [2002]) - //Récit// = 1) Synonyme de //discours//, il désigne un énoncé narratif. Discours oral ou écrit qui assume la relation d'un événement ou d'une série d'événements. 2) Synonyme d'//histoire//, il désigne la succession d'événements réels ou fictifs qui font l'objet de ce discours. 3) Synonyme de //narration//, il désigne l'acte de narrer pris en lui-même. Trois sens étroitement liés dans la mesure où le discours narratif ne peut être tel que parce qu'il raconte une histoire, sans quoi il ne serait pas narration (proféré par quelqu'un). (Joëlle Gardes-Tamine et Marie-Claude Hubert, //Dictionnaire de critique littéraire//, Paris, Armand Colin, 2004) - Discours / récit Énoncés embrayés (discours) et énoncés non embrayés (récit) : les seconds énoncés renferment des embrayeurs et autres expressions déictiques ou subjectives (narratif, passé simple, événements indépendants de leurs répercussions sur le présent) et les premiers ne contiennent aucun renvoi à la situation d'énonciation (moment de la parole). (Michel Jarrety, //Lexique des termes littéraires//, Paris, Gallimard (Le livre de poche), 2001) - Il est peu de termes aussi galvaudés que celui-ci - le comble étant que les spécialistes s'en accomodent sans sourciller. La définition la plus précise (la moins courante) est dans //Figures III// : le récit, c'est ce qui se lit de l'histoire, ce qui en est raconté et la manière dont on nous le raconte. La seconde définition, plus répandue : le récit, c'est l'histoire - comme l'atteste //Logique du récit//. Troisième « solution » : considérer //récit// comme un terme polyvalent (Barthes, //Analyse structurale des récits//). (Gérard-Denis Farcy, //Lexique / de la critique//, Paris, Presses Universitaires de France, 1991) - Toute forme de présentation, orale ou écrite, d'une histoire, véritable ou fictive. Perspective linguistique : 1) Le récit correspond à un énoncé rapporté ; 2) Le discours est une énonciation directe (dialogue). Le romancier mélange le plus souvent ces deux types d'énonciation (voir Genette, //Figures II//). (Philippe Forest et Gérard Conio, //Dictionnaire fondamental du français littéraire//, Paris, Pierre Bordas et Fils, 1993) - Sens large : texte narratif ou à dominance narrative racontant une histoire constituée d'événements concernant des personnages. Sens spécifique : forme narrative brève à la structure souple. (Hendrick, VAN GORP, et al., //Dictionnaire des termes littéraires//, Paris, Honoré Champion (Champion Classiques), 2005 [2001]) **Le récit comme genre littéraire :** - A brief novel, usually with a simple narrative line. / Comme genre : un court roman, habituellement renfermant une seule ligne narrative directrice. (//Encyclopaedia Britannica//) - Le récit n'est pas un //genre// littéraire (donc une variable culturelle), mais un //type// (invariant) d'organisation - donc de cohésion - des énoncés. Pour qu'il y ait récit, il faut passer du plan de la succession à celui de la configuration, le déplacement de la succession temporelle vers la causalité narrative. (//Dictionnaire des genres et notions littéraires//, Paris, Albin Michel (Encyclopaedia Universalis), 2001) ---- ==Lectures== Selon Genette, le récit est à la fois [[le signifiant, l'énoncé, le discours et le texte narratif]]. Huglo s'attarde moins au récit qu'au [[sens du récit]], lequel est constitué de la fable comme objet, de la mise en oeuvre d'un sens et d'un nouage sensible. Selon Ricoeur, le récit est une [[synthèse de l'hétérogène]] S'opposant à Ricoeur, Villeneuve considère le récit comme un [[triomphe de la discordance sur la concordance]]. Si Jean Molino et Raphaël Lafhail-Molino reprennent la définition du récit de Ricoeur - celle, globalement, d'un acte de configuration narrative dont l'objectif est la construction d'un monde du texte différent du monde du lecteur -, ils s'en distinguent en évacuant la thématique temporelle au profit de la [[fonction fabulatrice]]. Si Baroni s'inspire des définitions du récit de Ricoeur et de Jean-Michel Adam, il insiste sur le rôle configurant - et, par là même, déterminant - de la [[tension narrative]] dans l'élaboration du récit. Celui-ci reposerait ainsi sur une relation d'interdépendance entre tension et intrigue, deux dimensions narratives qui se définissent réciproquement à partir d'un point de vue thymique et structurel. Selon Sturgess, le récit est le [[lieu]] où se déploie la narrativité. David Hayman semble proposer une définition similaire (il s'abstient d'une définition précise) : le récit serait le lieu, l'espace dans lequel les techniques narratives, opérées sous la logique de la [[narrativité]], se manifestent. (David Hayman, //[[Re-forming the Narrative, Towards a Mechanics of Modernist Fiction]]//, London, Cornell University Press, 1987, 211p.