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ranx:perdu

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 +{{ :ranx:de_sorientation_foudroyante.docx |Version Word avec mise en page et couvertures}}
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 **[Désorientation Foudroyante]** **[Désorientation Foudroyante]**
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 +//Perdre touts ses repères et la tête//
  
 Si [Désorientation Foudroyante] ne se rencontre pas si souvent dans notre corpus, sa récurrence mérite tout de même d'être relevée étant donné son caractère singulier. [Désorientation Foudroyante] se trouve soudainement en proie à des problèmes mémoriels qui l’amènent à tout remettre en question. Identité, famille, repères : tout est devenu incertain et les avancées doivent donc se faire avec prudence. Ces troubles mémoriaux rendent plus complexe l'établissement d'une frontière entre les possibles et la réalité; elle demeure floue et les deux côtés se mêlent. L’histoire où évolue [Désorientation Foudroyante] est assujettie à sa confusion et se présente souvent comme la reconstitution progressive et partielle de son identité et son univers.\\ Si [Désorientation Foudroyante] ne se rencontre pas si souvent dans notre corpus, sa récurrence mérite tout de même d'être relevée étant donné son caractère singulier. [Désorientation Foudroyante] se trouve soudainement en proie à des problèmes mémoriels qui l’amènent à tout remettre en question. Identité, famille, repères : tout est devenu incertain et les avancées doivent donc se faire avec prudence. Ces troubles mémoriaux rendent plus complexe l'établissement d'une frontière entre les possibles et la réalité; elle demeure floue et les deux côtés se mêlent. L’histoire où évolue [Désorientation Foudroyante] est assujettie à sa confusion et se présente souvent comme la reconstitution progressive et partielle de son identité et son univers.\\
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 [[http://wikiauteurs.contemporain.info/doku.php/oeuvres/au_piano|Documentation critique]]  [[http://wikiauteurs.contemporain.info/doku.php/oeuvres/au_piano|Documentation critique]] 
  
-__Daragane dans //Pour que tu ne te perdes pas dans le quartier// de Patrick Modiano__+__Daragane dans //Pour que tu ne te perdes pas dans le quartier// de Patrick Modiano ;__
 Daragane est étranger à son passé, ses « souvenirs se dérobaient à lui au fur et à mesure, comme des bulles de savon ou les lambeaux d’un rêve qui se volatilisent au réveil » (p. 15). Son amnésie lui cause une grande confusion, le désoriente. Il ne reconnaît pas son environnement, son propre passé. Il est étranger à lui-même : « Il se demandait si cette femme était la même que celle qu’il avait connue, enfant, à Saint-Leu-la-Forêt. Et lui, qui était-il? Quarante ans plus tard, quand l’agrandissement de la photomaton lui tomberait entre les mains, il ne saurait même plus que c’était lui, cet enfant-là » (p. 100). Daragane ne s'intéresse plus aux autres, ni au monde jusqu'à ce qu'il se fasse entraîner dans une enquête qui le mènera dans les dédales de ses souvenirs oubliés.  Daragane est étranger à son passé, ses « souvenirs se dérobaient à lui au fur et à mesure, comme des bulles de savon ou les lambeaux d’un rêve qui se volatilisent au réveil » (p. 15). Son amnésie lui cause une grande confusion, le désoriente. Il ne reconnaît pas son environnement, son propre passé. Il est étranger à lui-même : « Il se demandait si cette femme était la même que celle qu’il avait connue, enfant, à Saint-Leu-la-Forêt. Et lui, qui était-il? Quarante ans plus tard, quand l’agrandissement de la photomaton lui tomberait entre les mains, il ne saurait même plus que c’était lui, cet enfant-là » (p. 100). Daragane ne s'intéresse plus aux autres, ni au monde jusqu'à ce qu'il se fasse entraîner dans une enquête qui le mènera dans les dédales de ses souvenirs oubliés. 
  
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 __Maurice Ravel dans //Ravel// de Jean Echenoz ;__ __Maurice Ravel dans //Ravel// de Jean Echenoz ;__
-Ravel perd progressivement la capacité de composer, de jouer du piano, de se souvenir des gens, de signer son propre nom, jusqu’à ne plus savoir ouvrir une porte. Sa perte graduelle de mémoire le désoriente. Il comprend de moins en moins de choses. Cela commence lorsqu’il est de passage en Amérique (il ne sait pas communiquer en anglais). Plus loin, il ne comprend pas pourquoi le boléro est aussi populaire à l’instar de sa sonate pour gaucher qui n’est pas appréciée. Puis, sa dégénérescence le fait oublier les personnes qu’il connait et même ses propres compositions. Il est progressivement arraché du monde: « Il répond simplement qu’il attend, mais sans préciser quoi. Il vit dans un brouillard qui l’étouffe chaque jour un peu plus » (p. 111). À l'inverse des autres personnages de la catégorie, l'histoire n'est pas une reconstitution de son identité mémorielle, mais une dégénérescence de celle-ci.+Ravel perd progressivement la capacité de composer, de jouer du piano, de se souvenir des gens, de signer son propre nom, jusqu’à ne plus savoir ouvrir une porte. Sa perte graduelle de mémoire le désoriente. Il comprend de moins en moins de choses. Cela commence lorsqu’il est de passage en Amérique (il ne sait pas communiquer en anglais). Plus loin, il ne comprend pas pourquoi le boléro est aussi populaire à l’instar de sa sonate pour gaucher qui n’est pas appréciée. Puis, sa dégénérescence le fait oublier les personnes qu’il connait et même ses propres compositions. Il est progressivement arraché du monde : « Il répond simplement qu’il attend, mais sans préciser quoi. Il vit dans un brouillard qui l’étouffe chaque jour un peu plus » (p. 111). À l'inverse des autres personnages de la catégorie, l'histoire n'est pas une reconstitution de son identité mémorielle, mais une dégénérescence de celle-ci.
  
 Jean Echenoz, //Ravel//, Paris, Éditions de Minuit, 2006, 128 p.\\ Jean Echenoz, //Ravel//, Paris, Éditions de Minuit, 2006, 128 p.\\
 [[http://wikiauteurs.contemporain.info/doku.php/oeuvres/ravel|Documentation critique]] [[http://wikiauteurs.contemporain.info/doku.php/oeuvres/ravel|Documentation critique]]
  
-__L'homme dans //Heures creuses// d'Elsa Boyer__+__L'homme dans //Heures creuses// d'Elsa Boyer ;__
 Une apocalypse lente et étrange plonge la ville dans des heures creuses pendant la journée. L’air devient très humide, le temps se confond avec le futur et le passé préhistorique et les perceptions sont altérées, deviennent angoissantes. Les humains se comportent de façon anormale et ont tendance à muter ou à disparaître ; plus personne ne parle. L'homme n’échappe pas à cette impression désagréable, mais pour ne pas sombrer tout de suite, il s’achète une voiture et roule dans la ville pendant les heures creuses, à la recherche de Gertrude Jekyll, une ancienne collègue de travail. Il l’entrevoit à quelques reprises, mais Gertrude Jekyll n’est plus la femme de ses souvenirs : elle a disparu, muté. L’invasion invisible finit par s'emparer de lui. Il croit que s’il retrouve Gertrude Jekyll, tout sera sauvé, mais il ne se rappelle que vaguement de sa collègue de travail, et de moins en moins au fil du roman. Il comprend de moins en moins son environnement, alors qu'il est gagné par l'invasion. Une apocalypse lente et étrange plonge la ville dans des heures creuses pendant la journée. L’air devient très humide, le temps se confond avec le futur et le passé préhistorique et les perceptions sont altérées, deviennent angoissantes. Les humains se comportent de façon anormale et ont tendance à muter ou à disparaître ; plus personne ne parle. L'homme n’échappe pas à cette impression désagréable, mais pour ne pas sombrer tout de suite, il s’achète une voiture et roule dans la ville pendant les heures creuses, à la recherche de Gertrude Jekyll, une ancienne collègue de travail. Il l’entrevoit à quelques reprises, mais Gertrude Jekyll n’est plus la femme de ses souvenirs : elle a disparu, muté. L’invasion invisible finit par s'emparer de lui. Il croit que s’il retrouve Gertrude Jekyll, tout sera sauvé, mais il ne se rappelle que vaguement de sa collègue de travail, et de moins en moins au fil du roman. Il comprend de moins en moins son environnement, alors qu'il est gagné par l'invasion.
  
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 __L'homme en question dans « L'homme en question » dans //Selon toute vraisemblance// de Laurent Graff ;__ __L'homme en question dans « L'homme en question » dans //Selon toute vraisemblance// de Laurent Graff ;__
-Le cadran sonne, l’homme se lève de son lit, regarde par la fenêtre. Il fait les choses pour la première fois. L’homme en question cherche dans la pièce, remarque la porte, l’ouvre, sort de son immeuble : « Il tenait là un objet précieux, même s’il en ignorait totalement la fonction. À force de s’y agripper, il appuya dessus et actionna la poignée. La porte s’ouvrit » (p.81). Cela lui prend une semaine. Il semble que l’homme en question ne comprenne pas son environnement. Les choses autour de lui, dans la pièce qui aurait dû être sa chambre, lui sont étrangères. De plus, il ne se rappelle pas s’être déjà levé de son lit. Ses souvenirs sont soit confus et oubliés, soit inexistants.+Le cadran sonne, l’homme se lève de son lit, regarde par la fenêtre. Il fait les choses pour la première fois. L’homme en question cherche dans la pièce, remarque la porte, l’ouvre, sort de son immeuble : « Il tenait là un objet précieux, même s’il en ignorait totalement la fonction. À force de s’y agripper, il appuya dessus et actionna la poignée. La porte s’ouvrit » (p. 81). Cela lui prend une semaine. Il semble que l’homme en question ne comprenne pas son environnement. Les choses autour de lui, dans la pièce qui aurait dû être sa chambre, lui sont étrangères. De plus, il ne se rappelle pas s’être déjà levé de son lit. Ses souvenirs sont soit confus et oubliés, soit inexistants. Tout est à réapprendre.
  
 Laurent Graff, //Selon toute vraisemblance//, Paris, le dilettante, 2010, 160 p. Laurent Graff, //Selon toute vraisemblance//, Paris, le dilettante, 2010, 160 p.
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 La mort n'est qu'un passage, disent les chamanes. Après le décès, l'existence se poursuit comme avant. Simplement, le monde paraît plus crépusculaire. Les gestes ralentissent, l'intelligence décroît, la mémoire devient confuse. C'est ce qui arrive à Dondog, qui ne se rappelle que de quelques bribes de son enfance, durant l'extermination des Ybürs, la race dont il est issu. Dondog part à la recherche de Jessie Loo, une chamane qui devrait pouvoir l'aider à retrouver la mémoire et à accomplir sa vengeance. Dondog est incapable de donner sens à ses souvenirs. Plus largement, il n’est pas certain du rôle qu’il a à jouer, du sens de son existence. Dondog a une intention claire : se venger, mais il le fait à l'aveuglette. La mort n'est qu'un passage, disent les chamanes. Après le décès, l'existence se poursuit comme avant. Simplement, le monde paraît plus crépusculaire. Les gestes ralentissent, l'intelligence décroît, la mémoire devient confuse. C'est ce qui arrive à Dondog, qui ne se rappelle que de quelques bribes de son enfance, durant l'extermination des Ybürs, la race dont il est issu. Dondog part à la recherche de Jessie Loo, une chamane qui devrait pouvoir l'aider à retrouver la mémoire et à accomplir sa vengeance. Dondog est incapable de donner sens à ses souvenirs. Plus largement, il n’est pas certain du rôle qu’il a à jouer, du sens de son existence. Dondog a une intention claire : se venger, mais il le fait à l'aveuglette.
  
-Antoine Volodine, //Dondog//, Paris, Éditions du Seuil, 2002, 368 p.+Antoine Volodine, //Dondog//, Paris, Éditions du Seuil, 2002, 368 p.\\
 [[http://wikiauteurs.contemporain.info/doku.php/oeuvres/dondog|Documentation critique]] [[http://wikiauteurs.contemporain.info/doku.php/oeuvres/dondog|Documentation critique]]
  
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 __Le traducteur dans //La volière// d'Annie Chrétien ;__ __Le traducteur dans //La volière// d'Annie Chrétien ;__
-Le traducteur n'arrive pas à se souvenir d’ou est passée sa femme. Cette amnésie le trouble et l'isole. Si celui-ci accuse sa femme d'être disparue, il se pourrait bien qu'elle ne soit en fait que momentanément absente. Il est chez lui, son travail n’avance pas, et il se demande : « s'était-il vengé? […] Était-il ce genre d'homme? Était-il le plus cruel des deux? […] Il ne se souvenait plus de rien, ne se rappelait pas. Vide, vide, vide. Une coquille vide, une tête emmurée. […] Quel genre de famille avaient-ils formée? Par quel genre d'absence étaient-ils habités? » (p. 58). Plus certain de rien, l'homme est complètement désorienté. Il en vient à halluciner; des êtres merveilleux lui rendent visite et il ne sait plus faire la différence entre fiction et réalité. +Le traducteur n'arrive pas à se souvenir d’où est passée sa femme. Cette amnésie le trouble et l'isole. Si celui-ci accuse sa femme d'être disparue, il se pourrait bien qu'elle ne soit en fait que momentanément absente. Il est chez lui, son travail n’avance pas, et il se demande : « s'était-il vengé? […] Était-il ce genre d'homme? Était-il le plus cruel des deux? […] Il ne se souvenait plus de rien, ne se rappelait pas. Vide, vide, vide. Une coquille vide, une tête emmurée. […] Quel genre de famille avaient-ils formée? Par quel genre d'absence étaient-ils habités? » (p. 58). Plus certain de rien, l'homme est complètement désorienté. Il en vient à halluciner; des êtres merveilleux lui rendent visite et il ne sait plus faire la différence entre fiction et réalité. 
  
 Annie Chrétien, //La Volière//, Québec, L’instant même, 2008, 150 p.\\ Annie Chrétien, //La Volière//, Québec, L’instant même, 2008, 150 p.\\
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 __L'homme dans //S comme Sophie// de Pierre de Chevigny ;__ __L'homme dans //S comme Sophie// de Pierre de Chevigny ;__
-« Le narrateur a un fils de trois ans et deux maîtresses. Il pense souvent à une ancienne amoureuse, du nom de Sophie, qui l’a quitté ou... qu’il a tuée à coups de couteau, il ne sait trop. Il a entrepris une thérapie avec une psychologue chez qui il se rend régulièrement. Il se dit fou » : la quatrième de couverture établit déjà une grande désorientation chez l'homme. Il n'arrive pas à se souvenir de ce qui est arrivé à cette femme qu’il a connu. Est-elle partie, l’a-t-il tuée ? En proie à des hallucinations en plus des trous de mémoire, la confusion s'installe dans l'esprit de l'homme.+« Le narrateur a un fils de trois ans et deux maîtresses. Il pense souvent à une ancienne amoureuse, du nom de Sophie, qui l’a quitté ou... qu’il a tuée à coups de couteau, il ne sait trop. Il a entrepris une thérapie avec une psychologue chez qui il se rend régulièrement. Il se dit fou » : la quatrième de couverture établit déjà une grande désorientation chez l'homme. Il n'arrive pas à se souvenir de ce qui est arrivé à cette femme qu’il a connue. Est-elle partie, l’a-t-il tuée ? En proie à des hallucinations en plus des trous de mémoire, la confusion s'installe dans l'esprit de l'homme.
  
 Pierre de Chevigny, //S comme Sophie//, Montréal, XYZ (Romanichels), 2011, 162 p.\\ Pierre de Chevigny, //S comme Sophie//, Montréal, XYZ (Romanichels), 2011, 162 p.\\
 [[http://orion.crilcq.org/#s_comme_sophie|Orion]] [[http://orion.crilcq.org/#s_comme_sophie|Orion]]
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