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ranx:perdu

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ranx:perdu [2016/12/22 13:56] – créée virginieranx:perdu [2018/02/15 13:57] (Version actuelle) – modification externe 127.0.0.1
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-Les personnages que nous qualifions ici de Perdus ne sont pas si nombreux dans notre corpus, mais sont extrêmement intéressantsEn effet, le « Perdu » est un personnage soudainement frappé de problèmes mémoriels qui l’amènent à tout remettre en question. Identité, famille, repères : tout est devenu incertain et le personnage doit donc avancer avec prudence. Nous notons au passage que le problème mémoriel n’est pas une condition sine qua non pour l’appartenance à cette catégorie. D’autres situations particulières peuvent aussi causer la remise à zéro des connaissances et la désorientation complète qui caractérisent ce personnage. Par exemple, Max (Au piano, Jean Echenoz [2003]) n’est pas touché par des problèmes de mémoire, mais sa situation particulière – une réincarnation – lui cause le même genre de désagréments. Dans plusieurs cas relevés, il se rappelle vaguement l’existence d’une épouse qu’il cherche à retrouver, se demande s’il l’a en fait tuée et même s’il en a réellement déjà eu une. Par le fait de ces problèmes mémoriels souvent narrés à la première personne, la ligne entre possibles et réalité est souvent floue. L’histoire elle-même est une reconstitution progressive et partielle de l’identité et de l’univers de ce personnage.+{{ :ranx:de_sorientation_foudroyante.docx |Version Word avec mise en page et couvertures}}
  
-Des exemples notables :+**[Désorientation Foudroyante]**
  
-Au piano – Jean Echenoz ;+//Perdre touts ses repères et la tête//
  
-Dans la première partie, Max, pianiste, n’a plus que quelques semaines à vivre avant d’être violemment tué, mais ne le sait pas encore. Il vit avec une femme qu’on apprendra être sa sœur, rêve à Rose, rencontrée il y a trente ans, suit une voisine, la femme au chien, sous la surveillance de son imprésario et d’un assistant qui doit veiller à ce qu’il ne boive pas trop avant les concerts et qui le pousse sur scène pour l’obliger à jouer, ce qui terrorise MaxDans la deuxièmemortil attend dans un centre sous la supervision de Béliard, où l’on va décider s’il ira « dans le parc » ou « dans la section urbaine » et fait l’amour avec Doris Day, infirmière dans l’au-delà. Dans la troisième et dernière partie, il « ressuscite » en Amérique du Sud et se retrouve finalement à Paris à travailler comme barman dans un hôtel de passesSon ancien assistant, ignorant quil était mort, le reconnait, le fait engager comme pianiste. Béliard apparait, puisque se faire reconnaitre et reprendre son ancienne occupation sont interdits (on a modifié le visage de Max)Max croit à nouveau reconnaitre Rose, mais Béliard apparait et la ramène dans l’au-delà, geste cruel qui fait réaliser à Max quil est probablement en enfer. La réincarnation du personnage lui cause une rupture mémorielle qui le désoriente, étant donné le fait que son ancienne vie lui est inaccessible. Le fait que des fragments de mémoires s’offre à sa conscience est la source du problème de désorientation.+Si [Désorientation Foudroyante] ne se rencontre pas si souvent dans notre corpus, sa récurrence mérite tout de même d'être relevée étant donné son caractère singulier. [Désorientation Foudroyante] se trouve soudainement en proie à des problèmes mémoriels qui l’amènent à tout remettre en questionIdentitéfamillerepères : tout est devenu incertain et les avancées doivent donc se faire avec prudence. Ces troubles mémoriaux rendent plus complexe l'établissement d'une frontière entre les possibles et la réalité; elle demeure floue et les deux côtés se mêlentLhistoire où évolue [Désorientation Foudroyante] est assujettie à sa confusion et se présente souvent comme la reconstitution progressive et partielle de son identité et son univers.\\ 
 +Notons au passage que le problème mémoriel n’est toutefois pas une condition sine qua non de [Désorientation Foudroyante]D’autres situations particulières peuvent aussi causer la remise à zéro des connaissances et la désorientation complète qui caractérisent son identité. Par exemple, Max (//Au piano//, Jean Echenoz) n’est pas touché par des problèmes de mémoire, mais sa situation particulière – une réincarnation – provoquent le même genre de désagréments
  
-Certainement pas (Aline [Mademoiselle Rose]) – Chloé Delaume ; 
  
-Le docteur Lenoir, dans une enquête inspirée du jeu de Clue, tente de démontrer qu'il a été assassiné par six personnes avec six armes différentes. Les personnages sont alors tour à tour présentés. Une amnésie rétrograde est la cause de la rupture mémorielle du personnage d’Aline. Elle est en déconnexion avec sa personnalité, la personne qu’elle a été. Elle a besoin des autres pour savoir qui elle est. L’oubli la rend vulnérable, ayant pour seul repère son corps, qui lui est pratiquement inutile. Elle se rappelle aussi plusieurs éléments relevant de la culture populaire, eux aussi d’une utilité discutable, cette connaissance du fictif ne lui offre aucune piste quant à son propre passé « Ainsi Aline Maupin ne savait plus rien d'elle, mais du reste du monde n'avait rien oublié. Elle se souvenait des guerres, de l'âge du capitaine, de la règle de trois et de Coco Chanel [et la liste continue]. » (p.41)+**Des exemples notables :**
  
-Pour que tu ne te perdes pas dans le quartier Patrick Modiano+__Aline Maupin dans //Certainement// pas Chloé Delaume ;__ 
 +Une amnésie rétrograde affecte Aline Maupin. Elle ne se souvient de rien qui la concerne, de sa personnalité, de la personne qu’elle a été. Elle a besoin des autres pour savoir qui elle est. L’oubli la rend vulnérable, ayant pour seul repère son corps, qui lui est toutefois inutile pour se retrouver : « Mon corps ne m'apprend rien » (p. 36). Inconnue à elle-même, elle se souvient toutefois du reste du monde, de l'Histoire et de la fiction. Elle est devenue vide dans un monde dont elle se souvient tout entier. Elle ne souhaite toutefois pas se souvenir : « Je voudrais que tout cela s'éternue lettre morte, je voudrais que l'oubli grignote avec emphase toutes ces larves sinistrose implantées au-dedans. […] Je voudrais tant avoir la mémoire des poissons. » (p. 112).
  
-Daragane n'est plus interessé aux autres ou au monde. Jusqu'à ce qu'il se fasse entraîner dans un genre d'enquête qui le mènera dans les dédales de ses souvenirs oubliés. Son amnésie est la cause de sa confusion. Il est étranger à son passé et doncperdu: «Mais ces souvenirs se dérobaient à lui au fur et à mesurecomme des bulles de savon ou les lambeaux d’un rêve qui se volatilisent au réveil.» (p.15)«Il se demandait si cette femme était la même que celle qu’il avait connueenfantà Saint-Leu-la-Forêt. Et lui, qui était-il? Quarante ans plus tard, quand l’agrandissement de la photomaton lui tomberait entre les mains, il ne saurait même plus que c’était lui, cet enfant-là.» (p.100)+Chloé Delaume//Certainement pas//ParisVerticales2004368 p.
  
-Viviane Élisabeth Fauville Julia Deck+__Max dans //Au piano// de Jean Echenoz ;__ 
 +Au début du roman, Max, pianiste alcoolique, n’a plus que quelques semaines à vivre avant d’être violemment tué. Mort, dans l'au-delà, il attend dans un centre sous la supervision de Béliard que l’on décide où on l'enverra. Il ressuscite en Amérique du Sud et se retrouve finalement à Paris à travailler comme barman dans un hôtel de passes. Plus tard, reconnu par son ancien assistant, il reprend son métier de pianiste. Cela le renverra dans l'au-delà puisque se faire reconnaitre et reprendre son ancienne occupation sont interdits. Les réincarnations de Max lui causent une rupture mémorielle qui le désoriente, étant donné le fait que son ancienne vie lui est inaccessible. Ce dont il se souvient et qu'il reconnaît, il n'a pas le droit de l'utiliser sous peine d'être relocalisé. 
  
-Viviane Élisabeth Fauville ne comprend qu’en partie sa propre histoire: «À vrai direvous n’êtes même plus certaine d’être retournéetout à l’heuredans cet autre appartement que vous fréquentez en secret depuis des années. Les contours et les massesles couleurs et le style se confondent au loin. Cet homme qui vous recevaita-t-il seulement existé? […] Malgré le flou qui règne sur vos souvenirs, vous vous sentez très libre.» (p. 10) Elle s’imagine qu’elle a tué son psychiatre et elle embarque le lecteur dans son délire jusqu’à la fin (même s’il est possible de remettre sa parole en doute bien avant)Pour ce qui est de sa mère, le questionnement demeureOn ne sait pas si elle est morte il y a sept ans ou non, car la narratrice croit qu’elle est en vie à certains moments (au début lorsqu’elle affirme avoir été avec elle le soir du meurtre et à la fin lorsqu’elle s’occupe d’elle après sa sortie de la clinique), mais qu’elle est morte à d’autres (lorsque le policier lui dit que selon les dossiers publics sa mère est morte il y a huit ans et lorsqu’elle est en couple avec Julien et que celui-ci veut qu’elle vende son logement hérité et inoccupé). On peut donc en conclure que les résonnements et interprétations de Viviane sont faussés. À partir des quelques semaines finales pendant lesquelles elle est à moitié incarcérée pour meurtre et à moitié gardée sous surveillance à cause de ses problèmes mentaux, sa vision et ses perceptions présentes sont de plus en plus imprécises.+Jean Echenoz//Au piano//ParisÉditions de Minuit2003224 p.\\ 
 +[[http://wikiauteurs.contemporain.info/doku.php/oeuvres/au_piano|Documentation critique]] 
  
-Ravel Jean Echenoz+__Daragane dans //Pour que tu ne te perdes pas dans le quartier// de Patrick Modiano ;__ 
 +Daragane est étranger à son passé, ses « souvenirs se dérobaient à lui au fur et à mesure, comme des bulles de savon ou les lambeaux d’un rêve qui se volatilisent au réveil » (p. 15). Son amnésie lui cause une grande confusion, le désoriente. Il ne reconnaît pas son environnement, son propre passé. Il est étranger à lui-même : « Il se demandait si cette femme était la même que celle qu’il avait connue, enfant, à Saint-Leu-la-Forêt. Et lui, qui était-il? Quarante ans plus tard, quand l’agrandissement de la photomaton lui tomberait entre les mains, il ne saurait même plus que c’était lui, cet enfant-là » (p. 100). Daragane ne s'intéresse plus aux autres, ni au monde jusqu'à ce qu'il se fasse entraîner dans une enquête qui le mènera dans les dédales de ses souvenirs oubliés. 
  
-On suit des épisodes de la vie du compositeur Maurice Ravel (son voyage en Amériquerelations avec ses proches, etc.) Au fur et à mesure que le roman avance, Ravel perd progressivement la capacité de composer, de jouer du piano, de se souvenir des gens, de signer son propre nom, jusqu’à ne plus savoir ouvrir une porte. Ses proches tentent désespérément de le soigner, et tentent le tout pour le tout en le faisant opérer au cerveau. C’est raté et ça le tue. Le protagoniste, au fur et à mesure que l’histoire avance, comprend de moins en moins de chose. Cela commence lorsqu’il est de passage en Amérique (il ne sait pas communiquer en anglais). Plus loin, il ne comprend pas pourquoi le boléro est aussi populaire à l’instar de sa sonate pour gaucher qui n’est pas appréciée. Puissa dégénérescence le fait oublier les personnes qu’il connait et même ses propres compositions. Il est progressivement arraché du monde: « Il répond simplement qu’il attendmais sans préciser quoi. Il vit dans un brouillard qui l’étouffe chaque jour un peu plus […]» (p.111). «Quand il va au concert et qu’on joue l’une de ses œuvresil arrive encore qu’il se demande encore si c’est bien de lui ouce qui n’est pas mieux, il murmure pour lui seul que tout de même c’était beau. » (p.110) À l'inverse des autres personnages de la catégorie, l'histoire n'est pas une reconstitution de son identité mémorielle, mais une dégénérescence de celle-ci.+Patrick Modiano//Pour que tu ne te perdes pas dans le quartier//ParisGallimard (Blanche), 2014160 p.
  
-Sous-catégorie « Où est ma femme !? »+__Viviane / Élisabeth Fauville dans //Viviane Élisabeth Fauville// de  Julia Deck ;__ 
 +Viviane Élisabeth Fauville ne comprend qu’en partie sa propre histoire : « À vrai dire, vous n’êtes même plus certaine d’être retournée, tout à l’heure, dans cet autre appartement que vous fréquentez en secret depuis des années. Les contours et les masses, les couleurs et le style se confondent au loin. Cet homme qui vous recevait, a-t-il seulement existé[...] Malgré le flou qui règne sur vos souvenirs, vous vous sentez très libre » (p. 10). Sa pensée est confuse : elle s’imagine qu’elle a tué son psychiatre et elle affirme que sa mère est morte, puis qu'elle est vivante. Les raisonnements et interprétations de Viviane sont faussés. Dans les quelques semaines finales pendant lesquelles elle est à moitié incarcérée pour meurtre et à moitié gardée sous surveillance à cause de ses problèmes mentaux, sa vision et ses perceptions sont de plus en plus imprécises.
  
-Les restes de Muriel – Patrick Boulanger ;+Julia Deck, //Viviane Élisabeth Fauville//, Paris, Éditions de Minuit, 2008, 155 p.
  
-Marc a oublié le suicide de sa femmeenceinte de 7 mois. Il vit seul dans son appartement avec pour seule compagnie ses hallucinationsCe trou mémoriel, et ensuite son retourlui causent une déconnexion évidente et une rupture comportementale. Il vit alors avec les fantômes de son passé.+__Maurice Ravel dans //Ravel// de Jean Echenoz ;__ 
 +Ravel perd progressivement la capacité de composer, de jouer du piano, de se souvenir des gens, de signer son propre nom, jusqu’à ne plus savoir ouvrir une porte. Sa perte graduelle de mémoire le désoriente. Il comprend de moins en moins de choses. Cela commence lorsqu’il est de passage en Amérique (il ne sait pas communiquer en anglais). Plus loin, il ne comprend pas pourquoi le boléro est aussi populaire à l’instar de sa sonate pour gaucher qui n’est pas appréciéePuissa dégénérescence le fait oublier les personnes qu’il connait et même ses propres compositions. Il est progressivement arraché du monde : « Il répond simplement qu’il attendmais sans préciser quoi. Il vit dans un brouillard qui l’étouffe chaque jour un peu plus » (p. 111). À l'inverse des autres personnages de la catégorie, l'histoire n'est pas une reconstitution de son identité mémorielle, mais une dégénérescence de celle-ci.
  
-La volière – Annie Chrétien ;+Jean Echenoz, //Ravel//, Paris, Éditions de Minuit, 2006, 128 p.\\ 
 +[[http://wikiauteurs.contemporain.info/doku.php/oeuvres/ravel|Documentation critique]]
  
-Le personnage du traducteur ne se rappelle pas d’ou est passée sa femmeDes êtres merveilleux lui rendent visite et il ne sait plus faire la différence entre fiction et réalitéSon amnésie semble en effet être la source de toute rupturemême si celui-ci accuse sa femme prétendument disparue, mais qui pourrait bien n’être que momentanément absente. Il est chez luison travail navance pas, et il se demande : « Le traducteur s'était-il vengé? […] Était-il ce genre d'homme? Était-il le plus cruel des deux? […] Il ne se souvenait plus de rienne se rappelait pasVide, vide, vide. Une coquille vide, une tête emmurée. […] Quel genre de famille avaient-ils formée? Par quel genre d'absence étaient-ils habités? » (p. 58).+__L'homme dans //Heures creuses// d'Elsa Boyer ;__ 
 +Une apocalypse lente et étrange plonge la ville dans des heures creuses pendant la journée. Lair devient très humide, le temps se confond avec le futur et le passé préhistorique et les perceptions sont altérées, deviennent angoissantesLes humains se comportent de façon anormale et ont tendance à muter ou à disparaître ; plus personne ne parleL'homme n’échappe pas à cette impression désagréable, mais pour ne pas sombrer tout de suite, il s’achète une voiture et roule dans la ville pendant les heures creuses, à la recherche de Gertrude Jekyllune ancienne collègue de travail. Il l’entrevoit à quelques reprises, mais Gertrude Jekyll n’est plus la femme de ses souvenirs : elle a disparumuté. Linvasion invisible finit par s'emparer de lui. Il croit que s’il retrouve Gertrude Jekyll, tout sera sauvé, mais il ne se rappelle que vaguement de sa collègue de travailet de moins en moins au fil du romanIl comprend de moins en moins son environnement, alors qu'il est gagné par l'invasion.
  
-S comme Sophie – Pierre de Chevigny.+Elsa Boyer, //Heures creuses//, Paris, P.O.L., 2013, 160 p.
  
-« Le narrateur a un fils de trois ans et deux maîtresses. Il pense souvent à une ancienne amoureusedu nom de Sophiequi l’a quitté ou… qu’il a tuée à coups de couteau, il ne sait trop. Il a entrepris une thérapie avec une psychologue chez qui il se rend régulièrement. Il se dit fou. » (quatrième de couvertureLe personnage narrateur ne se souvient pas de ce qui est arrivé à cette femme qu’il a connuEst-elle partie, l’a-t-il tuée? En proie à des hallucinationscette confusion semble découler des ce trou dans sa mémoireCe qu’il voit ne peut jamais être une certitudepour le lecteur comme pour le narrateurCes visions pourraient en effet relever de la volonté à combler la mémoire fragmentaire du personnage.+__L'homme en question dans « L'homme en question » dans //Selon toute vraisemblance// de Laurent Graff ;__ 
 +Le cadran sonne, l’homme se lève de son lit, regarde par la fenêtre. Il fait les choses pour la première fois. L’homme en question cherche dans la pièceremarque la porte, l’ouvre, sort de son immeuble : « Il tenait là un objet précieux, même s’il en ignorait totalement la fonction. À force de s’y agripper, il appuya dessus et actionna la poignéeLa porte s’ouvrit » (p. 81). Cela lui prend une semaine. Il semble que l’homme en question ne comprenne pas son environnementLes choses autour de lui, dans la pièce qui aurait dû être sa chambre, lui sont étrangèresDe plus, il ne se rappelle pas s’être déjà levé de son lit. Ses souvenirs sont soit confus et oubliéssoit inexistantsTout est à réapprendre.
  
-Heures creuses - Elsa Boyer+Laurent Graff, //Selon toute vraisemblance//, Paris, le dilettante, 2010, 160 p.
  
-Une apocalypse lente et étrange plonge la ville dans des heures creuses pendant la journée. L’air devient très humide, le temps se confond avec le futur et le passé préhistorique et les perceptions sont altéréesdeviennent angoissantes. Les humains se comportent de façon anormale et ont tendance à muter ou à disparaîtreLe personnage principal (il) n’échappe pas à cette impression désagréablemais pour ne pas sombrer tout de suiteil s’achète une Lotus Esprit et roule dans la ville pendant les heures creuses, à la recherche de Gertrude Jekyll, une ancienne collègue de travail (mais les humains ne travaillent plus). Il l’entrevoit à quelques reprises, mais Gertrude Jekyll n’est plus la femme de ses souvenirs : elle a disparu, mutéDes iguanesdes chats, dautres animaux étranges et anciens ainsi que la végétation envahissent la ville. Les humains agissent anormalement, plus personne ne se parle. Le protagoniste est assez passif, change dendroit où dormir pour se sauver des heures creuses, mais à la finl’invasion invisible s’empare de lui.Le narrateur n’y peut rien, c’est la fin graduelle de son espèceIl croit que s’il retrouve Gertrude Jekyll, tout sera sauvé, mais dès lors, il ne peut pas la retrouver. Gertrude Jekyll, comme plusieurs autres, a muté en quelque chose d’autre, quelque chose d’incompréhensible. Le protagoniste se rappelle vaguement de sa collègue de travail, et de moins en moins au fil du roman. Il comprend de moins en moins son environnement, comme si le problème mémoriel était évolutif, causé par les heures creuses.+__Dondog dans //Dondog// d'Antoine Volodine ;__ 
 +La mort n'est qu'un passagedisent les chamanes. Après le décès, l'existence se poursuit comme avant. Simplementle monde paraît plus crépusculaire. Les gestes ralentissent, l'intelligence décroît, la mémoire devient confuseC'est ce qui arrive à Dondogqui ne se rappelle que de quelques bribes de son enfancedurant l'extermination des Ybürsla race dont il est issu. Dondog part à la recherche de Jessie Loo, une chamane qui devrait pouvoir l'aider à retrouver la mémoire et à accomplir sa vengeance. Dondog est incapable de donner sens à ses souvenirs. Plus largementil n’est pas certain du rôle quil a à jouerdu sens de son existenceDondog a une intention claire : se venger, mais il le fait à l'aveuglette.
  
-L'homme en question - Laurent Graff (nouvelle)+Antoine Volodine, //Dondog//, Paris, Éditions du Seuil, 2002, 368 p.\\ 
 +[[http://wikiauteurs.contemporain.info/doku.php/oeuvres/dondog|Documentation critique]]
  
-Le cadran sonne, l’homme se lève de son lit, regarde par la fenêtre. Il fait les choses pour la première fois. Lhomme en question cherche dans la pièceremarque la porte, louvre, sort de son immeuble. Cela lui prend une semaine.Il semble que l’homme en question ne comprenne pas son environnement. Les choses autour de lui, dans la pièce qui aurait dû être sa chambre, lui sont étrangères. De plus, il ne se rappelle pas s’être déjà levé de son lit… Ses souvenirs sont donc soit confus et oubliés, soit inexistants: « Il tenait là un objet précieux, même s’il en ignorait totalement la fonctionÀ force de s’y agripper, il appuya dessus et actionna la poignée. La porte s’ouvrit. » (p.81)+**Sous-catégorie « Où est ma femme !? »**\\ 
 +//Dans un certain nombre de cas relevésle personnage se rappelle vaguement l’existence dune épouse qu’il cherche à retrouverse demande sil l’en fait tuée et même s’il en a réellement déjà eu uneCette récurrence improbable nous semblait trop loufoque pour ne pas être soulignée.//
  
-Dondog - Antoine Volodine+__Marc dans //Les restes de Muriel// de Patrick Boulanger ;__ 
 +Marc s'isole dans son appartement, dans le souvenir de Muriel. Il ressasse ses souvenirs et se perd dans ses hallucinations. Il cherche à comprendre pourquoi elle est partie, jusqu'au moment où il se souvient enfin qu'elle n'est pas simplement partie... Il avait oublié son suicide, alors qu'elle était enceinte de 7 mois. Ce trou mémoriel, et ensuite son retour, entraîne sa déconnexion du monde et des comportements incohérents et violents. Il vit alors avec les fantômes de son passé.
  
-La mort n'est qu'un passage, disent les chamanesAprès le décès, l'existence se poursuit comme avantSimplementle monde paraît plus crépusculaireLes gestes ralentissentl'intelligence décroîtla mémoire devient confuse. C'est ce qui arrive à Dondogqui ne se rappelle que de quelques bribes de son enfancedurant l'extermination des Ybürs, la race dont il est issuDondog erre dans une ville futuriste anonymesombreinsalubre et mal famée à la recherche de Jessie Looune chamane qui devrait pouvoir l'aider à retrouver la mémoire et à comprendre pourquoi il veut se vengerDondog est incapable de donner sens à ses souvenirsDe plus, son appréhension du monde nest que partielle; ses sens lui font défaut, il est lent, malade, ne semble pas tout comprendrePlus largement, il n’est pas certain du rôle qu’il a à jouer, du sens de son existenceDondog a une intention claire : se vengermais il le fait à l'aveuglette.+Patrick Boulanger, //Les restes de Muriel//, Montréal, Triptyque, 2007, 97 p.\\ 
 +[[http://orion.crilcq.org/#les_restes_de_muriel|Orion]] 
 + 
 +__Le traducteur dans //La volière// d'Annie Chrétien ;__ 
 +Le traducteur n'arrive pas à se souvenir d’où est passée sa femmeCette amnésie le trouble et l'isoleSi celui-ci accuse sa femme d'être disparueil se pourrait bien qu'elle ne soit en fait que momentanément absenteIl est chez luison travail n’avance paset il se demande : « s'était-il vengé? […] Était-il ce genre d'homme? Était-il le plus cruel des deux? […] Il ne se souvenait plus de rien, ne se rappelait pas. Vide, vide, vide. Une coquille vide, une tête emmurée. […] Quel genre de famille avaient-ils formée? Par quel genre d'absence étaient-ils habités? » (p. 58). Plus certain de rien, l'homme est complètement désorienté. Il en vient à halluciner; des êtres merveilleux lui rendent visite et il ne sait plus faire la différence entre fiction et réalité 
 + 
 +Annie Chrétien//La Volière//Québec, L’instant même, 2008, 150 p.\\ 
 +[[http://orion.crilcq.org/#la_voliere|Orion]] 
 + 
 +__L'homme dans //S comme Sophie// de Pierre de Chevigny ;__ 
 +« Le narrateur a un fils de trois ans et deux maîtresses. Il pense souvent à une ancienne amoureuse, du nom de Sophie, qui l’a quitté ou... quil a tuée à coups de couteau, il ne sait tropIl a entrepris une thérapie avec une psychologue chez qui il se rend régulièrement. Il se dit fou » : la quatrième de couverture établit déjà une grande désorientation chez l'homme. Il n'arrive pas à se souvenir de ce qui est arrivé à cette femme qu’il a connueEst-elle partiel’a-t-il tuée ? En proie à des hallucinations en plus des trous de mémoire, la confusion s'installe dans l'esprit de l'homme. 
 + 
 +Pierre de Chevigny, //S comme Sophie//, Montréal, XYZ (Romanichels), 2011, 162 p.\\ 
 +[[http://orion.crilcq.org/#s_comme_sophie|Orion]]
ranx/perdu.1482432980.txt.gz · Dernière modification : 2018/02/15 13:56 (modification externe)

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