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« Une fois écartés (à titre méthodologique) les acteurs que sont le narrateur et le narrataire, il importe de préciser les modalités propres à la narration et en particulier ses coordonnées spatio-temporelles. Où et dans quelles circonstances est produit le récit? se demande le narratologue fort embarrassé, et pour cause. En effet, sauf dans des cas particuliers (narration intradiégétique ou littérature orale), le lieu de la narration est "rarement spécifié, et n'est pour ainsi dire jamais pertinent..." (G. Genette, //Figures III//, Le Seuil, 1972, p. 228.) La raison en serait que l'attention est d'abord requise par les nécessités de la spécification temporelle. Pour ce qui est du moment de la narration, de deux choses l'une : ou bien il est mentionné explicitement, ou bien -- ce qui est beaucoup plus fréquent -- il ne vaut que par son rapport au temps de l'histoire, lequel est extrapolable des marques verbales (et adverbiales) du récit. L'orfèvre en la matière distingue quatre cas de figure, dont certains sont largement modulables : la narration ultérieure (qui peut l'être plus ou moins et faire varier son rapport à l'histoire en fonction de l'énonciation qu'elle adopte), la narration antérieure (qui ne l'est officiellement que si l'histoire a bien lieu après), la narration simultanée (mais le présent du récit est ambigu et ambivalent) et la narration intercalée (le roman épistolaire). Enfin, dans la mesure où la topique narrative a fait l'objet de procédures de stratification, il convient de rappeler que le niveau de la narration est radicalement différent de celui de la diégèse. La narration primaire est extradiégétique par rapport à la diégèse qu'elle génère ; si cette dernière est elle-même le lieu d'une narration (intradiégétique donc), le produit sera une métadiégèse, niveau auquel il n'est pas interdit de raconter... » | « Une fois écartés (à titre méthodologique) les acteurs que sont le narrateur et le narrataire, il importe de préciser les modalités propres à la narration et en particulier ses coordonnées spatio-temporelles. Où et dans quelles circonstances est produit le récit? se demande le narratologue fort embarrassé, et pour cause. En effet, sauf dans des cas particuliers (narration intradiégétique ou littérature orale), le lieu de la narration est "rarement spécifié, et n'est pour ainsi dire jamais pertinent..." (G. Genette, //Figures III//, Le Seuil, 1972, p. 228.) La raison en serait que l'attention est d'abord requise par les nécessités de la spécification temporelle. Pour ce qui est du moment de la narration, de deux choses l'une : ou bien il est mentionné explicitement, ou bien -- ce qui est beaucoup plus fréquent -- il ne vaut que par son rapport au temps de l'histoire, lequel est extrapolable des marques verbales (et adverbiales) du récit. L'orfèvre en la matière distingue quatre cas de figure, dont certains sont largement modulables : la narration ultérieure (qui peut l'être plus ou moins et faire varier son rapport à l'histoire en fonction de l'énonciation qu'elle adopte), la narration antérieure (qui ne l'est officiellement que si l'histoire a bien lieu après), la narration simultanée (mais le présent du récit est ambigu et ambivalent) et la narration intercalée (le roman épistolaire). Enfin, dans la mesure où la topique narrative a fait l'objet de procédures de stratification, il convient de rappeler que le niveau de la narration est radicalement différent de celui de la diégèse. La narration primaire est extradiégétique par rapport à la diégèse qu'elle génère ; si cette dernière est elle-même le lieu d'une narration (intradiégétique donc), le produit sera une métadiégèse, niveau auquel il n'est pas interdit de raconter... » |
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p. 69-71) | (Gérard-Denis Farcy, //Lexique de la critique//, Paris, Presses universitaires de France, 1991, p. 69-71) |
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==Synthèse des définitions== | ==Synthèse des définitions== |
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==Lectures== | ==Lectures== |
Ainsi que nous en faisons allusion dans l'entrée « [[histoire]] », Huglo reprend à Genette l'opposition entre l'histoire et la narration, car c'est dans l'écart entre le monde raconté et l'acte narratif qu'intervient la [[voix]], à laquelle elle s'intéresse tout particulièrement en déplaçant les enjeux établis par le théoricien. | Ainsi que nous en faisons allusion dans l'entrée « [[histoire]] », Huglo reprend à Genette l'opposition entre l'histoire et la narration, car c'est dans l'écart entre le monde raconté et l'acte narratif qu'intervient la [[voix]], à laquelle elle s'intéresse tout particulièrement en déplaçant les enjeux établis par le théoricien. |
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En dépit du fait que Villeneuve doit davantage à Ricoeur qu'à Genette, il est intéressant de noter qu'entre la narration (potentiel formel des intrigues) et l'histoire racontée (horizon sémantique des intrigues), là où Huglo situe la voix narrative, Villeneuve y voit pour sa part s'élever le [[sens de l'intrigue]]. Si la voix narrative et le sens de l'intrigue sont des notions différentes, il reste qu'ils permettent à leur auteure d'aborder la question du sensible et du perceptible dans le récit, avec ceci de différent que ces qualités passent par la voix pour l'une, et par l'intrigue pour l'autre. | En dépit du fait que Villeneuve doit davantage à Ricoeur qu'à Genette, il est intéressant de noter qu'entre la narration (potentiel formel des intrigues) et l'histoire racontée (horizon sémantique des intrigues), là où Huglo situe la voix narrative, Villeneuve y voit pour sa part s'élever le [[sens de l'intrigue]]. Si la voix narrative et le sens de l'intrigue sont des notions différentes, il reste qu'elles permettent à leur auteure d'aborder la question du sensible et du perceptible dans le récit, avec ceci de différent que ces qualités passent par la voix pour l'une, et par l'intrigue pour l'autre. |
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