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ranx:marginalite_assumee

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 +{{ :ranx:marginalite_revendique_e.docx |Version Word avec mise en page et couvertures}}
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 **Marginalité Revendiquée** **Marginalité Revendiquée**
  
-////+//Envers et contre tous//
  
-Marginalité Revendiquée se définit par une non-appartenance à son milieu. Souvent cynique ou largué face aux idées admises, la contre-culture est son milieu de prédilection, un emploi stable n'est pas une priorité et ses habiletés sociales sont très limitées. Son univers est sordide et peu reluisant. Toutefois, sa fierté se construit sur le fait de ne pas être comme les autres, de se distinguer clairement de son entourage, source de mépris. Sa différence ostentatoire est la base de sa personnalité et de ses actions.\\ +Marginalité Revendiquée se définit par une non-appartenance à son milieu. Souvent cynique ou largué face aux idées admises, la contre-culture est son milieu de prédilection, un emploi stable n'est pas une priorité et ses habiletés sociales sont très limitées. Son univers est sordide et peu reluisant. Toutefois, sa fierté se construit sur le fait de ne pas être comme les autres, de se distinguer clairement de son entourage, source de mépris. Sa différence ostentatoire est la base de sa personnalité et de ses actions. Étonnamment, les Marginalités Revendiquées viennent souvent en paire, tirant leur force d'un rejet commun de leur monde et d'un renforcement mutuel de leur sentiment d'unicité.\\ 
-Ce personnage est souvent traité de manière un peu absurde ou humoristique et ne se retrouve, dans notre corpus actuel, que chez les Québécois.+Ce personnage est souvent traité de manière un peu absurde ou humoristique et se retrouve, dans notre corpus actuel, majoritairement chez les Québécois.
  
 Des exemples notables : Des exemples notables :
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 __Tess et Jude dans //Document 1// de François Blais ;__ __Tess et Jude dans //Document 1// de François Blais ;__
-Tess, travaillant chez Subway, et Jude, recevant des prestations de l'aide sociale, maintiennent des ambitions assez limitées et des loisirs plutôt particuliers comme ceux de voyager via Google Maps et Family Watch Dog. Lorsqu'un projet plus complexe les interpelle, voyager à Bird-in-Hand, sans véritable motif, ils utilisent les sentiments qu'un jeune auteur entretient pour Tess afin d'obtenir une subvention du Conseil des Arts. Le projet ne se concrétisera toutefois jamais, étant donné les décisions discutables deux deux amus. Dépensant leur argent, et celui des autres, à tort et à travers, ils n’ont que faire des qu’en dira-t-on. Leur sarcasme évident est aussi symptomatique de leur mauvaise foi envers les projets qui s’offrent à eux.+Tess, travaillant chez Subway, et Jude, recevant des prestations de l'aide sociale, maintiennent des ambitions assez limitées et des loisirs plutôt particuliers comme ceux de voyager via Google Maps et Family Watch Dog. Lorsqu'un projet plus complexe les interpelle, voyager à Bird-in-Hand, sans véritable motif, ils utilisent les sentiments qu'un jeune auteur entretient pour Tess afin d'obtenir une subvention du Conseil des Arts. Le projet ne se concrétisera toutefois jamais, étant donné les décisions discutables des deux amis. Dépensant leur argent, et celui des autres, à tort et à travers, ils n’ont que faire des qu’en dira-t-on. Leur sarcasme évident est aussi symptomatique de leur mauvaise foi envers les projets qui s’offrent à eux.
  
 François Blais, //Document 1//, Québec, L’instant même, 2012, 182 p.\\ François Blais, //Document 1//, Québec, L’instant même, 2012, 182 p.\\
 [[http://orion.crilcq.org/#document_1|Orion]]  [[http://orion.crilcq.org/#document_1|Orion]] 
  
-__Gésu Retard dans //Gésu Retard// d'André Carpentier ;+__Gésu Retard dans //Gésu Retard// d'André Carpentier ;__
 La marginalité de Gésu Retard est ostentatoire. Elle passe non seulement par son excentricité vestimentaire, mais aussi comportementale. Il exprime un je-m’en-foutisme évident. Affublé d’une érection permanente et un peu tête-en-l’air, il erre à vélo avec un casque et des lunettes d'aviateur de la Première Guerre mondiale. Il cherche entre autres par cet accoutrement à être reconnu par son père, un matelot qu'il n'a jamais connu. Il fait partie du réseau Spek, « mouvement poétique international dont la vocation consiste à épier la banalité coutumière ». Il échappe à la société et à ses normes : « Ils ont dû me prendre pour ce que je suis, un de ces hippies d’autrefois qui ont cru à un monde meilleur et qu’ils méprisent tant, ou pour ce que je ne suis pas, un de ces artistes diplômés qui tournent autour de ce spectacle qui les dispense d’assumer eux-mêmes leur révolte, et ils m’ont renvoyé une seconde fois, comme on éconduit un grand frère agaçant » (p. 112). Tino Mongras le décrit, dans le Liminaire, comme « un fouineur qui effrayait les enfants et attirait sur lui la suspicion plutôt que l'affection, un itinérant de cœur, un marginal par la force des choses ; seul toujours parce que trop épuisant pour les autres et trop éreinté par tous pour frayer. ».  La marginalité de Gésu Retard est ostentatoire. Elle passe non seulement par son excentricité vestimentaire, mais aussi comportementale. Il exprime un je-m’en-foutisme évident. Affublé d’une érection permanente et un peu tête-en-l’air, il erre à vélo avec un casque et des lunettes d'aviateur de la Première Guerre mondiale. Il cherche entre autres par cet accoutrement à être reconnu par son père, un matelot qu'il n'a jamais connu. Il fait partie du réseau Spek, « mouvement poétique international dont la vocation consiste à épier la banalité coutumière ». Il échappe à la société et à ses normes : « Ils ont dû me prendre pour ce que je suis, un de ces hippies d’autrefois qui ont cru à un monde meilleur et qu’ils méprisent tant, ou pour ce que je ne suis pas, un de ces artistes diplômés qui tournent autour de ce spectacle qui les dispense d’assumer eux-mêmes leur révolte, et ils m’ont renvoyé une seconde fois, comme on éconduit un grand frère agaçant » (p. 112). Tino Mongras le décrit, dans le Liminaire, comme « un fouineur qui effrayait les enfants et attirait sur lui la suspicion plutôt que l'affection, un itinérant de cœur, un marginal par la force des choses ; seul toujours parce que trop épuisant pour les autres et trop éreinté par tous pour frayer. ». 
  
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 __Morvan Trépanier et Anonciade Milicska dans //Trépanés// de Patrick Brisebois ;__ __Morvan Trépanier et Anonciade Milicska dans //Trépanés// de Patrick Brisebois ;__
-Morvan Trépanier ne resent aucune appartenance à son monde, se considère comme un être de noirceur et de destruction. Il a été trépané dans sa jeunesse après un accident de moto. De passage à Montréal, il tombe amoureux de la sœur de sa fiancée. Ils vivent une histoire d'amour passionnée, mais tumultueuse, unis par leur décalage. Elle aussi trépanée lors d'un accident de voiture, Annonciade est une marginale : elle traîne ses bottes d'armée dans les squats de Montréal et fréquente des punks. Elle entraine Morvan dans un faux parti nazi. Tous deux consomment volontairement beaucoup de drogue et d’alcool, ce qui brouille leur compréhension du monde et entraîne énormément de violence. +Morvan Trépanier ne ressent aucune appartenance à son monde, se considère comme un être de noirceur et de destruction. Il a été trépané dans sa jeunesse après un accident de moto. De passage à Montréal, il tombe amoureux de la sœur de sa fiancée. Ils vivent une histoire d'amour passionnée, mais tumultueuse, unis par leur décalage. Elle aussi trépanée lors d'un accident de voiture, Annonciade est une marginale : elle traîne ses bottes d'armée dans les squats de Montréal et fréquente des punks. Elle entraine Morvan dans un faux parti nazi. Tous deux consomment volontairement beaucoup de drogue et d’alcool, ce qui brouille leur compréhension du monde et entraîne énormément de violence. 
  
 Patrick Brisebois, //Trépanés//, Montréal, Éditions de L’effet pourpre, 2000, 197 p.\\ Patrick Brisebois, //Trépanés//, Montréal, Éditions de L’effet pourpre, 2000, 197 p.\\
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 Sophie Bienvenu, //Et au pire on se mariera//, Montréal, La mèche, 2011, 151 p. Sophie Bienvenu, //Et au pire on se mariera//, Montréal, La mèche, 2011, 151 p.
  
-Le jour des corneilles – Jean-François Beauchemin ;+__Le père Courge dans //Le jour des corneilles// de Jean-François Beauchemin ;__ 
 +Le père Courge s'est physiquement coupé du monde. Il vit seul avec son fils en forêt depuis la mort de sa femme, loin de toute civilisation. Profondément troublé par ce décès et par celui, antérieur, de ses parents, il est victime d'hallucinations et d'excès de violence. Il s'est créé un monde à part, presque sans langage et exempt des normes qui régissent la société. Le père Courge s’est inventé une spiritualité, voire une mythologie qui lui est propre : il lit dans les étoiles et son fils et lui prient la déesse Lune. Le langage limité qu’il partage avec son fils est lui aussi facteur de marginalisation et de coupure face au monde : lorsqu'ils sont obligés d'aller voir le médecin et donc, d'aller au village, leur rupture est manifeste. 
 + 
 +Jean-François Beauchemin, //Le jour des corneilles//, Montréal, Les Allusifs, 2004, 160 p.\\ 
 +[[http://orion.crilcq.org/#le_jour_des_corneilles|Orion]]
  
-Le père (Courge) est physiquement coupé du monde. Il vit avec son fils en forêtloin de toute civilisation. La marginalité découle de ce petit monde à partLe personnage s’invente une spiritualitévoire une mythologie qui lui est propre. Un langage qui lui appartient et qu’il partage avec son fils est lui aussi facteur de marginalisation et de coupure face à la société et sa langue.+__Arsène et Mitia dans //Nous autres ça compte pas// de François Blais ;__ 
 +Un couple misanthrope, composé de Arsène et Mitia, décide de quitter la ville pour aller se cloîtrer dans un chalet isolé en Mauricie. Ils vivent tous les deux de l'aide sociale et n'ont pas de voiture. Ils rencontrent Jacintheune jeune emo de 14 ans qui habite près de chez eux, mais le lecteur réalisera bientôt qu'elle est inventée. La marginalité volontaire du couple découle de leur conscience d'être profondément médiocres, tant dans leur monde que s'ils se comparent aux personnages romanesques canoniques. Arsène affirme : « Mitia et moi, on est pas mal à côté de la trackAu début on n'était pas certains, on s'éloignait à petits pasen faisant bien attention comme quand on marche sur une croûte de neige puis, quand on se rendait compte qu'on était assez loin, que plus loin c'était le point de non-retour, on revenait en courant. On s'éloignait mais on ne perdait jamais tout à fait la track de vue, puis un jour on s'est dit fuck et maintenant on est rendus si loin de la track qu'on n'entend même plus passer le train » (p. 19).
  
-Tarmac – Nicolas Dickner.+François Blais, //Nous autres ça compte pas//, Québec, L'instant même, 2007,180 p.\\ 
 +[[http://orion.crilcq.org/#nous_autres_ca_compte_pas|Orion]]
  
-Michel Bauermann choisit une amie en la personne de Hope et s’y collese coupant avec elle du reste de la sociétéIls regardent la télé ou soccupent la plupart du temps avec des activités passives et inutiles. Les deux adolescents sont volontairement reclus.+__Hope Randall dans //Tarmac// de Nicolas Dickner ;__ 
 +Hope Randall est issue d'une famille atteinte par des maladies mentales et dont chacun des membres est assailli par des visions de la fin du monde et tente de découvrir la date exacte de l'Apocalypse. Elle est décalée par rapport aux autres adolescents de son âge : elle s'habille étrangement étant donné sa pauvreté, elle est fascinée par la bombe nucléaire et elle a des obsessions curieuses, notamment pour les personnages qui sont déchaussésHope mélange des données scientifiques pour arriver à des résultats qui peuvent paraître absurdes. Par exemple, elle convertit l’énergie de la bombe atomique dHiroshima en citrons (p.60 à 63). Elle est volontairement marginale par rapport au réel : elle est de nature excentrique, ne cadre pas dans le moule social. Sa propre prédiction de la fin du monde, le dix-sept juillet 2001, trouvée sur un sac de ramen, la mènera au Japon et se traduira par ses premières règles, alors dans la trentaine 
  
-L'enchantée - Pierre Drachline+Nicolas Dickner, //Tarmac//, Québec, Alto, 2009, 280 p.\\ 
 +[[http://orion.crilcq.org/#tarmac|Orion]]\\ 
 +[[http://wikiauteurs.contemporain.info/doku.php/oeuvres/tarmac|Documentation critique]]
  
-Le mortimiste et lenchantée se rencontrent au cimetière et vont dans un café où lenchantée sendort sur la tableElle passe ensuite la nuit chez luiAu matinlorsquil revient avec le petit-déjeunerelle a saccagé son appartement. Parce que ce sont deux misanthropes marginaux, ils sentent une liaison très forte entre eux. Mais avant de le rencontrer, l’enchantée a passé quelques jours avec un vieil homme qu’elle surnomme L’ami. Ce dernier fut un séducteur et un joueur, lui aussi marginal et misanthrope. Une étrange relation s’instaure entre eux et ils partent en Normandie, jouent au Casino et éprouvent quelque chose comme de la tendresse et du divertissement lorsque l’autre est présent.Les personnages sont capables d’agir, mais ils savent que tout ce qu’ils font ne rime à rien, que l’existence humaine ne vaut pas la peine. Ils méprisent leurs contemporains et la société qu’ils habitent, donc refusent de s’y insérer. Le vieil homme se sent étranger à son corps malade et vieux. Mais à la dernière minute, il se suicide pour ne pas laisser la mort gagner. Ils sont tous les trois prisonniers d’eux-mêmes, de la vie, de toute cette absurde noirceur qui empoisonne leur existence. Ils démontrent également une inaptitude à vivre normalement et à agir socialement: « Tous deux étaient des personnes déplacées parmi leurs contemporains. Ils ne s’étaient pas reconnus. Ils s’étaient flairés. À l’instinct. » (p.71)+__Le mortimistel'enchantée et l'ami dans //L'enchantée// de Pierre Drachline ;__ 
 +Le mortimiste, l'enchantée et l'ami constituent un triangle amoureux au coeur de ce roman et chacun d'entre eux peut être aisément qualifié de misanthrope marginal. Ils sont tous les trois prisonniers deux-mêmes, de la vie, de toute cette absurde noirceur qui empoisonne leur existenceIls démontrent également une inaptitude à vivre normalement et à agir socialementS'ils sont capables d’agirils savent que tout ce quils font ne rime à rienque l’existence humaine ne vaut pas la peine. Ils méprisent leurs contemporains et la société qu’ils habitent et refusent donc de s’y insérer. Le mortimiste et l'enchantée se rencontrent par hasard. Parce qu'ils sont semblables, ils sentent une liaison très forte entre eux : « Tous deux étaient des personnes déplacées parmi leurs contemporainsIls ne s’étaient pas reconnus. Ils s’étaient flairés. À l’instinct » (p. 71). Avant de rencontrer le mortimiste, l’enchantée a passé quelques jours avec un vieil homme qu’elle surnomme L’ami. Ce dernier fut un séducteur et un joueur. Une étrange relation s’instaure entre eux et ils partent en Normandie, jouent au Casino et éprouvent quelque chose comme de la tendresse et du divertissement lorsque l’autre est présent. Le vieil homme se sent étranger à son corps malade et vieux. Mais à la dernière minute, il se suicide pour ne pas laisser la mort gagner.
  
-Nous autres ça compte pas - François Blais+Pierre Drachline, //L'enchantée//, Paris, Le cherche midi, 2003, 163 p.
  
-Un couple misanthrope, composé de Arsène (un homme) et Mitia (une femme, la narratrice), décide de quitter la ville (quartier Saint-Roch, à Québec) pour aller se cloîtrer dans un chalet isolé en Mauricie (dans les environs de Saint-Paulin. Ils vivent tous les deux de l'aide sociale et n'ont pas de voiture. Ils rencontrent Jacinthe, une jeune emo de 14 ans qui reste près de chez eux, mais on se rend compte vers la fin du roman qu'il s'agit d'un personnage inventéCe récit est intradiégétique à l'écrivain qui l'écrit et qui subit la présence d'un vieil homme très critique. La marginalité volontaire de ces deux personnages découle de leur conscience d'être profondément médiocres, tant dans l'univers du récit que s'ils se comparent à la plupart des personnages romanesques canoniquesLa narratrice affirme: « Mitia et moion est pas mal à côté de la trackAu début on n'était pas certains, on s'éloignait à petits pas, en faisant bien attention comme quand on marche sur une croûte de neige puis, quand on se rendait compte qu'on était assez loinque plus loin c'était le point de non-retour, on revenait en courant. On s'éloignait mais on ne perdait jamais tout à fait la track de vue, puis un jour on s'est dit fuck et maintenant on est rendus si loin de la track qu'on n'entend même plus passer le train. » (19)+__Pavel et Molie dans //La nuit des morts-vivants// de François Blais ;__ 
 +Pavel vit et travaille la nuit, à l'entretien d'un centre commercial alors que Molie est essentiellement noctambule, mais n'a volontairement pas d'emploi. Ils traitent de la vacuité de leurs existences de zombies modernes sur un ton dérisoire. Pavel et Molie ne se rencontrent jamais, mais se sont connus au secondaireL'absence d'ambition des personnages et leur désir de ne pas s'inscrire dans le monde est totalement assuméeDans le cas de Pavelne pas être un adulte responsable relève de sa propre décisionQuant à Molieelle est totalement désabusée en ce qui concerne les autres. Par exemple, Raphaël lui dit : « je pensais que tu te donnais un genre que tu faisais ta sauvage pour te rendre intéressante mais depuis que je te connais un peu je vois bien que le monde te fait peur pour vrai et parfois ça te fait agir bizarrement comme à l'instant »ce à quoi elle répond: « non tu te trompes c'est pas de la peur c'est autre chose c'est disons de l'ennui le monde m'emmerde et ça ne fait pas de moi un cas spécial toi aussi le monde t'emmerde j'en suis persuadée mais toi tu es un porc-épic frileux et moi un porc-épic pas frileux et c'est la seule différence entre nous » (p. 155-156).
  
-La nuit des morts-vivants - François Blais+François Blais, //La nuit des morts-vivants//, Québec, L'instant même, 2011, 174 p.\\ 
 +[[http://orion.crilcq.org/#la_nuit_des_morts-vivants|Orion]]
  
-À Grand-Mère, Pavel et Molie sont payés pour écrire leur quotidien, sans qu'ils ne sachent pourquoi. La vacuité de leurs existences de zombies modernes est traitée sur un ton dérisoire. Même s'ils sont allés à l'école secondaire ensemblePavel et Molie n'ont plus le moindre contact depuis cette époquece qui est étonnant étant donné leurs nombreux points communs. Cela constitue un des seuls ressorts de l'intrigue. Pavel vit et travaille la nuit, à l'entretien d'un centre commercial alors que Molie est essentiellement noctambulemais n'volontairement pas d'emploiPavel et Molie ne se rencontrent jamaismais ils ont plusieurs interactions théoriquesL'absence d'ambition des personnages et leur désir de ne pas s'inscrire dans le monde est totalement assumée. Dans le cas de Pavelon a peu d'informations à propos de l'origine de son comportement de marginalmais on peut tout de même affirmer qu'il pourrait évoluer en société et qu'il est somme toute intelligentNe pas être un adulte responsable relève de sa propre décisionQuant à Molieelle est totalement désabusée en ce qui concerne les autres. Par exempleRaphaël lui dit : « je pensais que tu te donnais un genre que tu faisais ta sauvage pour te rendre intéressante mais depuis que je te connais un peu je vois bien que le monde te fait peur pour vrai et parfois ça te fait agir bizarrement comme à l'instant »ce à quoi elle répond: « non tu te trompes c'est pas de la peur c'est autre chose c'est disons de l'ennui le monde m'emmerde et ça ne fait pas de moi un cas spécial toi aussi le monde t'emmerde j'en suis persuadée mais toi tu es un porc-épic frileux et moi un porc-épic pas frileux et c'est la seule différence entre nous» (p.155-156)+__Le groupe d'amis dans //Révolution// de Grégoire Courtois ;__ 
 +Un groupe d'amis, qualifié comme étant « ce groupe d'individus que nous connaissons tous, cette jeune bourgeoisie contemporaine, branchée et bavarde, qui ne trouve pas incongru de dénoncer l'oppression capitaliste tout en courant les boutiques, à la recherche du dernier vêtement à la mode »décide de faire la révolution. Le groupe des intentions floues qui, en bout de ligne, ne veulent pas dire grand chose : « trouver des solutions pratiques au mal-être qui le rongeait » (p7) « Il faut changer tout ça, prendre en main notre destin » (p.7-8)Ils restent longtemps dans la seule idée de faire la révolution et ne pensent pas à commentne pensent qu'à l'action sans penser à la réalisation : « “Pourquoi”“comment” et “à quel prix” étaient des questions secondaires, car pour l'instant ne demeurait que la soif de voir l'injustice annihilée et le système s'écrouler » (p37)Ainsiils sont motivés par un fort désir, bien que plus ou moins légitimede se désinscrire de la société de laquelle ils font partie, de s'en couper. Leur marginalité n'est toutefois que théorique.
  
-Révolution - Grégoire Courtois+Grégoire Courtois, //Révolution//, Montréal, Le Quartanier, 2011, 174 p.
  
-Même si le roman est l'oeuvre d'un auteur françaisil a été publié par une maison québécoise, le QuartanierUn groupe d'amis, qualifié par l'auteur comme étant “ce groupe d'individus que nous connaissons touscette jeune bourgeoisie contemporaine, branchée et bavarde, qui ne trouve pas incongru de dénoncer l'oppression capitaliste tout en courant les boutiques, à la recherche du dernier vêtement à la mode”décide de faire la révolution. Le groupe a des intentions floues quiau bout de la ligne, un peu comme un horoscope, ne veulent pas dire grand chose : “trouver des solutions pratiques au mal-être qui le rongeait” (p.7), “Il faut changer tout ça, prendre en main notre destin” (p.7-8) Ils restent longtemps dans la seule idée de faire la révolution et ne pensent pas à comment, ne pensent qu'à l'action sans penser à la réalisation “ “Pourquoi”“comment” et “à quel prix” étaient des questions secondairescar pour l'instant ne demeurait que la soif de voir l'injustice annihilée et le système s'écrouler” (p.37). Ainsiils sont motivés par un fort désir, bien que plus ou moins légitime, de se désinscrire de la société de laquelle ils font partie.+__Frédéric Langlois dans //Du mercure sous la langue// de Sylvain Trudel ;__ 
 +Frédéric Langloisdix-sept ans, est hospitalisé et condamné à mort par un cancer des os. Sa condition lui confère une lucidité désarmante et un mépris de tousDans l'antichambre de la mortle jeune homme déverse son fiel sur le monde qui l'entoure et qu'il n'a jamais considéré aussi lucidement qu'à ce moment. Il se détache de plus en plus du monde qui l'entoure puisque ce mondecelui des gens en santéne peut comprendre le dédain de la vie qui est comme la morphine de Frédéric (p. 121), qui lui permet d'attendre la mort avec le moins d'angoisse possible. Il s'attaque aux illusions de la religion et de la science. Il ne peut plus se satisfaire des illusions et abhorre la pitié « Ça paraît peut-être pas aux yeux crevés qui m'entourentmais je suis plus humble, plus généreux et plus humain que jamaismais ma façon d'être humain leur est si étrangère qu'ils n'y voient que de l'inhumanité » (p. 92). Sa marginalitéimposée par la maladielui sert d'armure et est le véhicule de sa colère
  
-Mercure sous la langue+Sylvain Trudel, //Du mercure sous la langue//, Montréal, Les Allusifs, 2001, 132 p.\\ 
 +[[http://orion.crilcq.org/#du_mercure_sous_la_langue|Orion]]
ranx/marginalite_assumee.1483712676.txt.gz · Dernière modification : 2018/02/15 13:56 (modification externe)

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