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D'abord, à propos des romans de Jean Echenoz :
Esquive ontologique : l'être disqualifié
«les romans désavouent en effet l'être qu'ils mettent en situation par le biais de leurs personnages. A l'idée d'homme sans qualité, Echenoz semble substituer celle d'humanité disqualifiée. […] Le Méridien de Greennwich et Nous trois témoignent d'un univers que le subjectif ne parvient à marquer, malgré tout.» (p. 78-79).
«Vus de haut, les plans psychologiques, l'intériorité, les motivations humaines, les champs ou contre-champs de l'expérience individuelle, semblent infimes. […] Dans chaque roman, Echenoz distille les indices d'un malaise propre à cette déperdition : irresponsabilité, absence, chute, flottement en constituent les motifs. […] Dans Les grandes blondes, le motif récurrent de la chute […] témoigne d'une peur du vide et plus généralement d'une humanité qui tombe de haut, dans son rapport au monde.» (p.80).
«Légèrement déphasés, à la traîne de leur propre vie, les personnages peinent à imposer leurs marques. Jean Echenoz est par excellence l'écrivain des identités tièdes, fréquentes en des temps d'incertitudes. […] Les symboliques habillement relayées de l'évaporation, de l'écran, du maquillage, du reflet ancrent dans Les Grandes blondes la phobie d'un effacement d'être.» (p. 81) L'auteur parle ici de l'idée de flottement ou de dissolution, appliquée à différents personnages, dans différents romans d'Echenoz.
«Amnésique, mutique, impuissante, sans désir ni certitude, l'héroïne d'Un an existe par absence. […] Le personnage du SDF, dans ses attentes successives, en offre l'illustration la plus emblématique : littéralement, rien ne tient plus lieu d'être à celui que le hasard et la société somment de ne pas tenir en place.» (p. 81). À l'inverse, les objets semblent personnifiés, ils absorbent l'être, et les lieux s'approprient l'activité humaine.