Ceci est une ancienne révision du document !
BLANCKEMAN, Bruno, Aline MURA-BRUNEL et Marc DAMBRE (dir.), Le roman français au tournant du XXIe siècle, Paris, Presses Sorbonne nouvelle, 2004.
Ouvrage qui ne traite pas du personnage à proprement dit, mais qui fait part des différentes formes de récit de littérature française contemporaine.
« Cet ouvrage montre la prodigieuse vitalité d'une littérature mal connue. Il en souligne les richesses et dévoile les nouveaux enjeux de l'écriture face au monde contemporain. » (quatrième de couverture)
Quelques aspects du personnage, ou du narrateur-je, sont néanmoins dévoilés. Les voici :
PARTIE 1 : Les écritures de soi
Des narrateurs-je hantés par :
L’approche de la mort (Hervé Guibert) Le deuil (Camille Laurens) Le besoin d’un retour à l’enfance (Nathalie Sarraute) Le besoin d’écrire sur l’autre pour parvenir à se connaître soi-même (Annie Ernaux) Le manque, l’absence, la recherche de vérité, de restitution (Marie Nimier, Clémence Boulouque)
PARTIE 2 : Écrire l’histoire
Une nécessité, chez des sujets hantés par leur passé traumatique, de témoigner, de « renouer avec le fil brisé de la transmission et, par là même, à la fois, d’interroger la mémoire, de suspecter… ». (p.137) Sujets souvent confrontés à l’oubli, aux souvenirs refoulés, à dire l’indicible, à la culpabilité d’être l’un de ceux qui a survécu, à l’incapacité à « réintégrer les normes et les usages de la vie normale. » (p.191)
PARTIE 3 : Écrire le monde
Les personnages des romans se retrouvent souvent dans des « non-lieux », « ces espaces modernes d’échange et de commerce, gares, stations de métro, galeries commerciales, zones de transit… ». (p.229)
« Le profond mal-être qui traverse le corps social » (p.230) se fait souvent sentir chez certains personnages de romans contemporains (Michel Houellebecq).
« Le monde est noir, les générations et les individus s’affrontent, s’insupportent, s’ennuient ensemble, s’ennuient tout seuls, se perdent de toute façon. » Personnages souvent suicidaires, qui voient la mort comme un futur acceptable. (Régis Jauffret) « La limite est étroite entre l’insupportable banalité du quotidien et la folie ou la violence qui guettent et tentent de s’en affranchir. » (.233)
PARTIE 4 : Être de son temps?
« Le pessimisme domine […] face à une civilisation occidentale dont [on] ausculte les névroses obsessionnelles et les pathologies. » Le lecteur est mis face à « un observateur désabusé d’un monde dominé par le matérialisme économique et régi par des rapports de consommation, [qui] constate que le sexe a pris la place du sentiment. » (Michel Houellebecq) (p.358)
Perspective critique, esprit de révolte, désenchantement, pessimisme, cynisme, amertume face au monde dans lequel le personnage vit. (p.368)
PARTIE 5 : Séductions du récit
Personnages en fuite. Personnages observateurs, dont « l’observation est sous-tendue de brèves réflexions sociales ou politiques que, bien sûr, le roman ne développe pas. » (Jean Echenoz).
« Célibataires reclus dans leur baignoire, dans des cabines de toilettes, de téléphone ou de photomaton, qui réitèrent à leur façon la réflexion pascalienne sur ce qui détourne l’homme de demeurer enclos dans sa chambre. » (Jean-Philippe Toussaint) (p.418)
« Des gens ordinaires, à la fois torturés et indifférents, grandes âmes ou salauds confrontés à des situations obscures, coupables de fautes qu’il faut expier sans avoir vraiment conscience de les avoir commises, composent un monde incertain, où les actions les plus banales (prendre un repas, aller au cinéma…) deviennent autant d’événements extraordinaires. » « Décalage de ces personnages ordinaires qui rêvent à d’autres vies, attendent [une] révélation, perdent l’échelle des valeurs. » (Marie N’Diaye) (p.427-428)
« Personnages qui passent leur temps à rêver leur vie, comme autant d’Emma Bovary mais sans les ornements d’un romantisme démodé. » Dresser le « portrait de la folie ordinaire » dans des textes qui « clament la solitude, le désarroi, les fantasmes inassouvis. » On représente des « vies en miettes », sombres, décourageantes. (Régis Jauffret) (p.429-430)