ranx:le_herisson_de_chevillard_un_obstacle_ethnique

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   * Liénart fait maintes fois référence à la présence encombrante du « hérisson naïf et globuleux » [présence encombrante jusque dans l'article de Liénart, qui répète l'expression à tout coup], mais moins comme personnage, moins « comme un amas de chair [ou] comme relais symbolique », que comme « mot » (51) : « Le "hérisson naïf et globuleux", c'est d'abord des mots, des mots dits » (51), lesquels se caractérisent par ailleurs par une « viduité définitoire » (55). De sorte que, au final, le « hérisson » (les guillemets sont toujours de Liénart) est un « pur vide signifié » (55) qui remplit paradoxalement l'espace textuel.    * Liénart fait maintes fois référence à la présence encombrante du « hérisson naïf et globuleux » [présence encombrante jusque dans l'article de Liénart, qui répète l'expression à tout coup], mais moins comme personnage, moins « comme un amas de chair [ou] comme relais symbolique », que comme « mot » (51) : « Le "hérisson naïf et globuleux", c'est d'abord des mots, des mots dits » (51), lesquels se caractérisent par ailleurs par une « viduité définitoire » (55). De sorte que, au final, le « hérisson » (les guillemets sont toujours de Liénart) est un « pur vide signifié » (55) qui remplit paradoxalement l'espace textuel. 
 +  * Du personnage de l'écrivain, il se contentera de mentionner que son projet est de « raconter sa vie » (47) [parce qu'il s'agit aussi du narrateur, j'en parle davantage plus loin]. Il avancera également au final que l'« autobiographe de Chevillard [le narrateur-écrivain] //est// au travers le hérisson qui, pour cette raison, occupe une place dans le roman profondément humain » (59). Liénart rapproche ainsi le narrateur du hérisson, suivant l'idée selon laquelle « [c]e qui est trouvera toujours le principe de son existence en dehors de soi, dans la relation à ce qu'il n'est pas » (59). Bref, le hérisson apparaît comme « un idéal de plénitude ontique que l'autobiographe désirerait atteindre » (60).
  
 * **Comment réagit-elle au traitement du personnage chez Chevillard ?** * **Comment réagit-elle au traitement du personnage chez Chevillard ?**
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 +  * Suivant le « mot d'ordre » (50) de l'autobiographe (qui devient, quelques lignes plus loin, Chevillard lui-même - je reviendrai sur cette confusion auteur / narrateur), qui « interdit » de « confier un rôle équivoque dans une fable à double sens » au hérisson et de le hisser « au rang de symbole » (50), Liénart refuse d'instrumentaliser le personnage, contrairement à la majorité des critiques (mais visant en premier lieu Bessard-Banquy, qui avance que le hérisson « //représente// au fond ce qui, dans les abords de la page blanche, compromet l'écriture se soi » (50)). Ainsi, comme je l'ai dit précédemment, il évite de considérer le personnage comme animal, comme acteur du récit, comme métaphore d'un sens supérieur - encore qu'il finit par rapprocher la figure du hérisson à celle du narrateur puis à celle de Chevillard (59-61).
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 * **De ces informations, quelle conception du personnage est véhiculée par la critique ?** * **De ces informations, quelle conception du personnage est véhiculée par la critique ?**
  
-  * Liénart ne considérant pas //Du hérisson// comme un roman, il est difficile de parler de « personnage ». Cela dit, en réduisant la figure du hérisson à un simple mot - lequel, en outre, est un « pur signifié vide » (55) -, Liénart me semble faire preuve d'un certain esprit hérité des avant-gardes.+  * Liénart ne considérant pas //Du hérisson// comme un roman, il est difficile de parler de « personnage ». Cela dit, en réduisant la figure du hérisson à un simple mot - lequel, en outre, est un « pur signifié vide » (55) -, Liénart me semble faire preuve d'un certain esprit hérité des avant-gardes. Chose certaine, le critique s'attache davantage à ce que représentent les « personnages » - des mots, des incarnations d'un sens supérieur - qu'à ce qu'ils font - le hérisson envahit l'espace textuel, le narrateur raconte sa vie.
  
 ====Intrigue / histoire==== ====Intrigue / histoire====
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   * On ne saurait dire que Liénart résume l'histoire. S'il annonce d'emblée qu' « il est question du hérisson de Chevillard dans le roman de Chevillard //Du hérisson// » (40), il refuse plus loin de paraphraser un passage de l’œuvre qu’il vient de citer, car il ne veut pas « raconter l’histoire de ce hérisson naïf et globuleux » (48). Ce parti pris relève de la posture qu'il choisit de défendre, celle que //Du hérisson// est un « non-roman » (44), un « pseudo-roman » (48), un « faux roman » (50) ou, tout au plus, un « roman-autobiographie » (49).   * On ne saurait dire que Liénart résume l'histoire. S'il annonce d'emblée qu' « il est question du hérisson de Chevillard dans le roman de Chevillard //Du hérisson// » (40), il refuse plus loin de paraphraser un passage de l’œuvre qu’il vient de citer, car il ne veut pas « raconter l’histoire de ce hérisson naïf et globuleux » (48). Ce parti pris relève de la posture qu'il choisit de défendre, celle que //Du hérisson// est un « non-roman » (44), un « pseudo-roman » (48), un « faux roman » (50) ou, tout au plus, un « roman-autobiographie » (49).
-  * En fait, affirmant que le livre de Chevillard « est centré sur la vie ou sur l'écriture » (47), Liénart conclut qu'il s'agit d'un « projet autobiographique » (47).+  * En fait, affirmant que le livre de Chevillard « est centré sur la vie [du narrateur] ou sur l'écriture [de Chevillard] » (47), Liénart conclut qu'il s'agit d'un « projet autobiographique » (47), lequel est dans un premier temps empêché par le hérisson. La « véritable histoire », si l'on peut s'exprimer ainsi (à tout le moins la matière du discours), ne s'amorcerait donc qu'à la page 54 lorsque le narrateur avoue ses ambitions autobiographiques
  
 * **Comment réagit-elle au traitement de l’histoire chez Chevillard ?** * **Comment réagit-elle au traitement de l’histoire chez Chevillard ?**
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 * **De ces informations, quelle conception de l’intrigue / histoire est véhiculée par la critique ?** * **De ces informations, quelle conception de l’intrigue / histoire est véhiculée par la critique ?**
  
-  * Liénart refuse de livrer une « bonne vieille critique » en suivant la posture de Genette sur le récit – qu’il confond étrangement avec l’histoire : « Derrière les quelques mots "c’est l’histoire de" [qu’utilise Bessard-Banquy dans sa critique de //Du hérisson//, ce dont se moque Liénart], on peut reconnaître, sans peine me semble-t-il, la définition que Gérard Genette, certes avec des pincettes, donne du récit : **le récit, ou l’histoire**, serait "la représentation d’un événement ou d’une suite d’événements, réel ou fictifs, par le moyen du langage, et plus particulièrement du langage écrit". Dans le chef de Bessard-Banquy, il faut néanmoins relever un léger déplacement d’accent qui relègue au second plan la question de la représentation au profit du ou des seuls événements. Pour le dire autrement, l’histoire est, chez lui comme chez Genette, une question de langage, mais inféodée à l’événement, de sorte que l’honnête homme dont il est question masque les mots "honnête homme" » (45-46). +  * Liénart refuse de livrer une « bonne vieille critique » qui, de l'oeuvre littéraire, néglige « ce qui est //création// pour ne plus l'envisager que sous l'angle de l'//expression// » (Liénart cite ici Michel Leiris, 45). Il refuse également de suivre la posture de Genette sur le récit – qu’il confond étrangement avec l’histoire : « Derrière les quelques mots "c’est l’histoire de" [qu’utilise Bessard-Banquy dans sa critique de //Du hérisson//, ce dont se moque Liénart], on peut reconnaître, sans peine me semble-t-il, la définition que Gérard Genette, certes avec des pincettes, donne du récit : **le récit, ou l’histoire**, serait "la représentation d’un événement ou d’une suite d’événements, réel ou fictifs, par le moyen du langage, et plus particulièrement du langage écrit". Dans le chef de Bessard-Banquy, il faut néanmoins relever un léger déplacement d’accent qui relègue au second plan la question de la représentation au profit du ou des seuls événements. Pour le dire autrement, l’histoire est, chez lui comme chez Genette, une question de langage, mais inféodée à l’événement, de sorte que l’honnête homme dont il est question masque les mots "honnête homme" » (45-46). 
-  * Liénart enchaîne en alimentant la confusion entre récit et histoire : « Il faut alors remarque que, dans la mesure où l'histoire dont il est question serait d'abord une question de langage [...], l'histoire ici n'a pas grand-chose à voir avec l'histoire, c'est-à-dire la faculté proprement humaine de récapituler le temps » (46). Il me semble que c'est moins l'histoire que l'intrigue et le récit qui ont quelque chose à voir avec le temps...+  * Liénart enchaîne en alimentant la confusion entre récit et histoire : « Il faut alors remarquer que, dans la mesure où l'histoire dont il est question serait d'abord une question de langage [...], l'histoire ici n'a pas grand-chose à voir avec l'histoire, c'est-à-dire la faculté proprement humaine de récapituler le temps » (46). Il me semble que c'est moins l'histoire que l'intrigue et le récit qui ont quelque chose à voir avec le temps...
   * Liénart préfère reprendre la posture de Jean Gagnepain (//Mes Parlements I. Du récit au discours. Propos sur l’histoire et le droit// - c’est tout ce qu’on en saura…) : le récit (ou histoire) « "n’est point affaire de langage, mais de langue, au contraire, c’est-à-dire horistiquement d’histoire du langage et témoigne, comme tel, de l’insistence [sic], non de son contenu, mais bien du récitant" » (46). Ainsi l’histoire n’est pas affaire de langage, mais « //histoire// du langage » (46). [En ce sens, est-on encore dans l’histoire ou dans le discours?]   * Liénart préfère reprendre la posture de Jean Gagnepain (//Mes Parlements I. Du récit au discours. Propos sur l’histoire et le droit// - c’est tout ce qu’on en saura…) : le récit (ou histoire) « "n’est point affaire de langage, mais de langue, au contraire, c’est-à-dire horistiquement d’histoire du langage et témoigne, comme tel, de l’insistence [sic], non de son contenu, mais bien du récitant" » (46). Ainsi l’histoire n’est pas affaire de langage, mais « //histoire// du langage » (46). [En ce sens, est-on encore dans l’histoire ou dans le discours?]
 +  * De la même façon que pour le personnage, le discours de Liénart me semble devoir quelque chose à l'avant-garde.
  
  
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 * **Quels éléments retient la critique de la figure du narrateur et/ou de son discours ?** * **Quels éléments retient la critique de la figure du narrateur et/ou de son discours ?**
  
-  * La distinction entre narrateur et auteur m'apparaît tantôt claire, tantôt confuse. À un moment, Liénart affirme : « Éric Chevillard écrit […], mais c’est le narrateur-personnage, bien entendu, qui prend en charge ces propos […] » (47) - mais il est difficile de déterminer si cette affirmation est la sienne ou celle de Bessard-Banquy, dont il résume les propositions à ce moment précis. Ailleurs, lorsqu'il cherche à défendre l'idée de roman autobiographique, la distinction est floue : il continue de faire référence au « narrateur qui se prend pour un nouveau Rousseau » (48), mais il fait aussi porter à Chevillard la charge d'« exprime[r] [...] l'entreprise qu'il exécute » - soit, précisément, l'entreprise autobiographique qui permet à Liénart de faire le rapprochement avec Rousseau. Bref, on en vient à se demander s'il s'agit du projet autobiographique du narrateur ou de Chevillard, ou si Liénart considère qu'il s'agit là de la même entité. +  * La distinction entre narrateur et auteur m'apparaît tantôt claire, tantôt confuse. À un moment, Liénart affirme : « Éric Chevillard écrit […], mais c’est le narrateur-personnage, bien entendu, qui prend en charge ces propos […] » (47) - narrateur-personnage qu'il désigne comme « autobiographe anonyme » (48). Ailleurs, lorsqu'il cherche à défendre l'idée de roman autobiographique, la distinction devient plus floue : il continue de faire référence au « narrateur qui se prend pour un nouveau Rousseau » (48), mais il fait aussi porter à Chevillard la charge d'« exprime[r] [...] l'entreprise qu'il exécute » - soit, précisément, l'entreprise autobiographique qui permet à Liénart de faire le rapprochement avec Rousseau. Bref, on en vient à se demander s'il s'agit du projet autobiographique du narrateur ou de Chevillard, ou si Liénart considère qu'il s'agit là de la même entité. La confusion vient en partie de l'utilisation variable du statut génériquetantôt autobiographie, tantôt roman autobiographique. Mais, en fait, si je comprends bien (...), Liénart distingue Chevillard du narrateur en ce que celui-ci raconte sa vie alors que celui-là raconte l'écritureet ce, à partir du même matériau, mais dans une « construction gigogne » (47).
-  * Le récit du narrateur - en l'occurrenceson entreprise autobiographique - est empêché par « un hérisson naïf et globuleux » (48), de sorte que l'objet « réel » du livre n'est dévoilé qu'à la page 54que Liénart considère comme le véritable incipit du livre+
   * Liénart réduit le « hérisson » à un simple mot, « pur vide signifié » qui, paradoxalement, « explose littéralement au sein de l'espace textuel ouvert par Chevillard et [qui] contamine les mots qui l'entourent » (55-56). La fonction discursive semble ainsi mise de l'avant ; tout se passe comme si le discours, en raison de sa « viduité », engendrait du discours : « [L]e vide grammatical force l'autobiographe fictif au //recensement// de tous les //sens// du mot "hérisson", le contraint à préciser le sens dans lequel il faut entendre les adjectifs "naïf et globuleux" par la production de mots autres » (56).    * Liénart réduit le « hérisson » à un simple mot, « pur vide signifié » qui, paradoxalement, « explose littéralement au sein de l'espace textuel ouvert par Chevillard et [qui] contamine les mots qui l'entourent » (55-56). La fonction discursive semble ainsi mise de l'avant ; tout se passe comme si le discours, en raison de sa « viduité », engendrait du discours : « [L]e vide grammatical force l'autobiographe fictif au //recensement// de tous les //sens// du mot "hérisson", le contraint à préciser le sens dans lequel il faut entendre les adjectifs "naïf et globuleux" par la production de mots autres » (56). 
  
 * **Comment réagit-elle au traitement de la figure du narrateur et/ou du discours chez Chevillard ?** * **Comment réagit-elle au traitement de la figure du narrateur et/ou du discours chez Chevillard ?**
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 +  * La mise au premier plan de la fonction discursive semble conduire Liénart à conclure, sur un ton un peu méprisant, qu'il ne s'agit donc pas là d'un « bon vieux roman » qui ne se réduirait qu'à l'expression d'une histoire.
  
 * **De ces informations, quelle conception du discours, dans son rapport au récit et/ou à l’histoire, est véhiculée par la critique ?** * **De ces informations, quelle conception du discours, dans son rapport au récit et/ou à l’histoire, est véhiculée par la critique ?**
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 +  * D'abord, on a vu que Liénart semble confondre récit et histoire. Mais qu'importe : le discours paraît dominer l'ensemble.
 +  * Je ne sais pas si on peut dire que le hérisson, signifiant et signifié vides, en repoussant le projet véritable du narrateur et du livre - l'entreprise autobiographique -, est le signe d'un discours qui tente de noyer l'histoire. Car, en fait, le hérisson n'est pas le seul à n'être qu'un « mot » ; logiquement, l'ensemble du livre ne serait que des « mots », ce qui revient à dire que le discours empêcherait comme il stimulerait le discours : le mot hérisson empêche le discours autobiographique du narrateur en même temps qu'il « explose littéralement au sein de l'espace textuel ouvert par Chevillard et contamine les mots qui l'entourent » (55-56).
  
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   * Sur la question du genre, Liénart propose l'hypothèse de l'« ethnique », dont il reprend la définition à Jean Gagnepain : « mon frère n'est pas moi ; et je ne suis pas lui » (41). Le critique y entend que Chevillard, en ce qui a trait à la question du genre - s'agit-il d'un « bon vieux roman » ? d'un roman ? d'autre chose? -, ne ressemble à personne. Liénart lui fait dire : « moi, Éric Chevillard, je ne suis pas Pierre-Jean Remy, moi je ne suis pas Virginie Despentes, moi je ne suis pas Alain Robbe-Grillet, moi je ne suis pas Philippe Roth, moi je ne suis pas James Joyce » (41). Autrement dit, Chevillard serait unique en son genre - commentaire qui se déduit de nombre de critiques qui utilise l'oeuvre de Chevillard ou ses déclarations d'auteur pour rendre compte du livre, faute, selon toute apparence, de pouvoir se référer à autre chose. Liénart, d'ailleurs, n'y échappe pas, en multipliant les citations d'autorité de l'auteur  ; plus encore, il fait de ce statut d'« ethnique » l'objet principal de son argumentation.   * Sur la question du genre, Liénart propose l'hypothèse de l'« ethnique », dont il reprend la définition à Jean Gagnepain : « mon frère n'est pas moi ; et je ne suis pas lui » (41). Le critique y entend que Chevillard, en ce qui a trait à la question du genre - s'agit-il d'un « bon vieux roman » ? d'un roman ? d'autre chose? -, ne ressemble à personne. Liénart lui fait dire : « moi, Éric Chevillard, je ne suis pas Pierre-Jean Remy, moi je ne suis pas Virginie Despentes, moi je ne suis pas Alain Robbe-Grillet, moi je ne suis pas Philippe Roth, moi je ne suis pas James Joyce » (41). Autrement dit, Chevillard serait unique en son genre - commentaire qui se déduit de nombre de critiques qui utilise l'oeuvre de Chevillard ou ses déclarations d'auteur pour rendre compte du livre, faute, selon toute apparence, de pouvoir se référer à autre chose. Liénart, d'ailleurs, n'y échappe pas, en multipliant les citations d'autorité de l'auteur  ; plus encore, il fait de ce statut d'« ethnique » l'objet principal de son argumentation.
   * Liénart s’interroge sur l’étiquette générique du roman de Chevillard. Il reconnaît qu’il s’agit d’un roman en raison, d'abord et surtout, de la mention générique sur la couverture, que l’écrivain affiche « de manière //spectaculaire//, c’est-à-dire de manière à ce que cela se voie, de manière à ce que cela se sache » (41), mais il demande s’il correspond au « bon vieux roman ». Suivant les déclarations de Chevillard, Liénart postule que « la mention générique //roman// est un masque qui découvre un visage défiguré » (42).   * Liénart s’interroge sur l’étiquette générique du roman de Chevillard. Il reconnaît qu’il s’agit d’un roman en raison, d'abord et surtout, de la mention générique sur la couverture, que l’écrivain affiche « de manière //spectaculaire//, c’est-à-dire de manière à ce que cela se voie, de manière à ce que cela se sache » (41), mais il demande s’il correspond au « bon vieux roman ». Suivant les déclarations de Chevillard, Liénart postule que « la mention générique //roman// est un masque qui découvre un visage défiguré » (42).
-  * Liénart introduit l'idée d'une « structure de la bouffonnerie » pour décrire l'oeuvre de Chevillard – structure de leurre, de duperie perpétuelle qui prend la forme d'une « construction gigogne » (47). La bouffonnerie lui « apparaît comme l’équivalent en théorie de la littérature de ce qu’est le scepticisme pour la philosophie [« un fils légitime mais parricide et suicidaire » parce qu’il pousse à « l’interrogation qui tourne à vide », 43], notamment par rapport à la question de la définition des genres, tandis que l’exigence de brisure des miroirs posée par Chevillard constituerait un écho à […] la nécessité de l’arrêt [arrêter cette interrogation qui tourne à vide], chez Aristote » (43-44). Ainsi, « [l]a mise en place de la structure de la bouffonnerie provoque une réflexion, une hésitation sur le genre […]. Pour le dire simplement, le roman chez Chevillard //semble// échapper au roman au moment même où il s’affirme //comme// roman [on ne sait pas encore pourquoi, après 5 pages – il n’entre dans le vif du sujet qu’à la p. 45]. Mais cette oscillation qui tient de l’//artifice// entre le roman et le non-roman […] force néanmoins à un choix, à un choix //arrêté// » (44). +  * Liénart introduit l'idée d'une « structure de la bouffonnerie » pour décrire l'oeuvre de Chevillard – structure de leurre, de duperie perpétuelle qui prend la forme d'une « construction gigogne » (47) et qui met en question le genre. La bouffonnerie lui « apparaît comme l’équivalent en théorie de la littérature de ce qu’est le scepticisme pour la philosophie [« un fils légitime mais parricide et suicidaire » parce qu’il pousse à « l’interrogation qui tourne à vide », 43], notamment par rapport à la question de la définition des genres, tandis que l’exigence de brisure des miroirs posée par Chevillard constituerait un écho à […] la nécessité de l’arrêt [arrêter cette interrogation qui tourne à vide], chez Aristote » (43-44). Ainsi, « [l]a mise en place de la structure de la bouffonnerie provoque une réflexion, une hésitation sur le genre […]. Pour le dire simplement, le roman chez Chevillard //semble// échapper au roman au moment même où il s’affirme //comme// roman [on ne sait pas encore pourquoi, après 5 pages – il n’entre dans le vif du sujet qu’à la p. 45]. Mais cette oscillation qui tient de l’//artifice// entre le roman et le non-roman […] force néanmoins à un choix, à un choix //arrêté// » (44). 
   * Le genre doit être fixé, au risque d’empêcher le discours critique : « Un arrêt [entre le choix de roman ou de non-roman] s’impose […] sous peine de sombrer dans la grossièreté ou dans l’impossibilité de la tenue d’une parole critique. » (44) Encore que Liénart pose la difficulté de la posture critique devant l’œuvre de Chevillard, les hypothèses pouvant varier selon les exemples convoqués ou les inclinaisons respectives – autrement dit, l’œuvre de Chevillard semble pouvoir autoriser une variété de postulats contradictoires : « Mais le lieu ou le moment de l’arrêt [entre roman et non-roman] est évidemment frappé d’//arbitrarité// » (44).   * Le genre doit être fixé, au risque d’empêcher le discours critique : « Un arrêt [entre le choix de roman ou de non-roman] s’impose […] sous peine de sombrer dans la grossièreté ou dans l’impossibilité de la tenue d’une parole critique. » (44) Encore que Liénart pose la difficulté de la posture critique devant l’œuvre de Chevillard, les hypothèses pouvant varier selon les exemples convoqués ou les inclinaisons respectives – autrement dit, l’œuvre de Chevillard semble pouvoir autoriser une variété de postulats contradictoires : « Mais le lieu ou le moment de l’arrêt [entre roman et non-roman] est évidemment frappé d’//arbitrarité// » (44).
  
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