====== Mise à l'épreuve de la grille de pré-analyse sur article journalistique sur Chevillard - théorie implicite du récit ====== ** PETILLON, Monique, « Le gardien enfermé », dans //Le Monde des livres//, 18 novembre 1994, p. 3. [à propos de //Préhistoire//]]. {{:ranx:petillon_monique.pdf|PDF}} [GD] ** - {{:ranx:grille_de_pre-analyse_test.doc|Version Word}} - [[Grille de pré-analyse - Chevillard]] - Mise à l'épreuve - [[Chevillard journalistique]] **Note dans la mise à l'épreuve de la grille :** Être attentif à l’ordre dans lequel sont traitées les différentes composantes du récit abordées par la critique. Par exemple, parle-t-on de la composante discursive à défaut de pouvoir dire quelque chose de l’histoire (dont on a d’abord tenté, justement, de rendre compte)? Se rabat-on sur le personnage à défaut de pouvoir établir la cohérence de l’ensemble?... ===== Caractéristiques du récit à observer chez la critique : ===== ==== Personnage==== * **Quels éléments retient la critique pour présenter le personnage? S’attache-t-elle à sa description physique ? À ses actions ? À son rôle dans le récit ? En quels termes ?** Le personnage est probablement le même que le narrateur, étant donné que c’est de ce dernier dont il est question tout au long de la chronique. On signale que son nom n’est pas mentionné et ensuite, on enchaîne avec l’énumération des événements qui fondent l’histoire du roman. On ne le présente donc pas d’emblée comme un personnage, mais plutôt comme un narrateur. Toutefois, on établit des parallèle entre les personnages de Chevillard : parfois, on les connaît, d’autres non ; ils sont rêveurs ; et font penser aux personnages de Beckett : « Ses personnages dont les noms, quand on les connaît – Plock, Crab, Furne – rappellent l’univers de Beckett, sont des rêveurs qui, dans leur folie sauvage et déductive, essayent de modifier la réalité. » À défaut de saisir l’étrangeté du personnage de Préhistoire, on semble tenter de faire des comparaisons pour parvenir à une compréhension d’ensemble des personnages de Chevillard. * **Comment réagit-elle au traitement du personnage chez Chevillard ?** * On présente brièvement les autres personnages, on les mentionne en fait plus qu’on ne les décrit : « le professeur Glatt, lui a confié une "clé" » ou encore « le gardien et guide, en proie à une exaltation croissante, s’adresse à des visiteurs imaginaires ». * **De ces informations, quelle conception du personnage est véhiculée par la critique ?** * Le fait de ne mentionner les personnages qu’au passage indique dans une certaine mesure que la critique considère qu’ils sont secondaires et/ou qu’ils participent du sentiment d’inconfort face à l’ensemble du récit. ====Intrigue / histoire==== * **Quels éléments retient la critique pour proposer un résumé de l’histoire ?** * Les événements marquants constituent l’essence de la critique. Les premiers temps de l’article repose sur ce qu’on suppose être la situation initiale. Puis on précise que la narrateur accumule les digressions et on termine en signalant la situation finale : « Finissant par se boucler dans son sous-sol ». * **Comment réagit-elle au traitement de l’histoire chez Chevillard ?** * L’histoire en est une « drôle » (« drôle d’histoire ») mais elle n’est pas soutenue par un récit. Il y a un malaise certain dans cet article. Le résumé de l’histoire est lui-même plus ou moins convaincant. On sent que ce n’est pas dans les événements comme tel que se trouve l’intérêt du roman. D’ailleurs, plusieurs citations sont utilisées pour illustrer ces digressions et non pas, les événements du récit comme tel. L’une des citations les plus massives repose sur un scénario hypothétique mettant en scène le narrateur et l’autre est du même type, avec en surcroît une longue énumération. * **De ces informations, quelle conception de l’intrigue / histoire est véhiculée par la critique ?** * Visiblement, il manque quelque chose pour que le récit advienne mais pour définir l’intrigue comme telle, il n’y a pas vraiment de piste proposée. À deux reprises, on précise que le récit ne survient pas, au début et à la fin de l’article : « Drôle d’histoire que "Préhistoire" : un délire angoissant et jubilatoire prend la place d’un récit qui ne vient jamais. » et « Et l’écriture, avec ses réticences, ses variations burlesques, ses accélérations et ses ruptures, nous entraîne dans un délire angoissant et jubilatoire, au seuil du récit à jamais différé. ». '' * [VA : Il y a un narrateur, des personnages, des événements (voire des histoires), tous problématisés à des degrés divers mais, si la critique conclut à l' « absence » d'un récit, c'est en raison essentiellement des nombreuses digressions qui en gênent la construction et le cours. C'est dire que, pour cette critique, le récit se définit par une intrigue forte, vectorialisée, dont la cohérence des parties assure la cohérence de l'ensemble. C'est bien là une conception conventionnelle du récit, qui rappelle Ricoeur.]'' ====Narrateur / narration / discours==== * **Quels éléments retient la critique de la figure du narrateur et/ou de son discours ?** * On mentionne qu’il n’est pas nommé. * **Comment réagit-elle au traitement de la figure du narrateur et/ou du discours chez Chevillard ?** * On signale les nombreuses digressions : « Cependant le discours u gardien, dans son ensemble, est une immense digression, destinée à retarder le moment décisif de la réouverture [du musée] . […] Pour gagner du temps, le narrateur multiplie remarques incidentes, énumérations, inventaires, se laissant aller à la tentation insensée d’un recensement universel » (lorsqu’on parle de recensement universel on fait référence à la citation qui suit dans l’article pour illustrer le moment où le personnage énumère des topoïs – la tempête, le baiser, la chanson, la fracture – qu’il pourrait écrire éventuellement dans un tome ultérieur à ce roman). * **De ces informations, quelle conception du discours, dans son rapport au récit et/ou à l’histoire, est véhiculée par la critique ?** ... ''[VA : peut-on déduire des commentaires de la critique si elle considère les digressions comme narratives ou discursives? À lire la citation ci-dessus, les digressions semblent proposer des énumérations, des listes, des inventaires - bref, des apartés discursifs plus que narratifs, ce qui reviendrait à dire que l'abondance du discours gênerait le geste narratif de l'ensemble en retardant l'avènement du récit.]'' ====Digression==== * **Impact sur la progression de l'intrigue, sur la structure narrative ?** * On signale les nombreuses digressions : « Cependant le discours u gardien, dans son ensemble, est une immense digression, destinée à retarder le moment décisif de la réouverture [du musée] . […] Pour gagner du temps, le narrateur multiplie remarques incidentes, énumérations, inventaires, se laissant aller à la tentation insensée d’un recensement universel » (lorsqu’on parle de recensement universel on fait référence à la citation qui suit dans l’article pour illustrer le moment où le personnage énumère des topoïs – la tempête, le baiser, la chanson, la fracture – qu’il pourrait écrire éventuellement dans un tome ultérieur à ce roman). * **Réaction de la critique** * À deux reprises, on utilise l’expression « délire jubilatoire » en parlant de ce récit doté de digressions. ====Fragmentation==== * **Impact sur la progression de l’intrigue, sur la structure narrative, sur l’œuvre ?** ... * **Réaction de la critique** ... ====Cohérence de l’ensemble==== ... ====Varia==== * - ===== Stratégies rhétoriques à observer chez la critique ===== (Par rapport aux caractéristiques indiquées ci-dessus, mais aussi de façon générale ; ces stratégies tendent à trahir les limites des théories narratives dont fait usage la critique pour tenter de saisir l’œuvre de Chevillard) : ====Usage de la métaphore==== * - (Langage clair, direct, concret, précis) ====Citations de l’œuvre==== * **Reprises et citations de l’œuvre de Chevillard pour décrire celle-ci, dans un geste circulaire. Autrement dit, la critique utilise (ou transforme ?) l’œuvre de Chevillard comme matière théorique pour commenter l’œuvre.** * On n’utilise pas la citation afin de renvoyer à la théorisation de l’œuvre mais pour illustrer l’œuvre, comme si le discours du critique ne pouvait que faillir dans l’exercice. En fait foi la longueur des citations : les plus longues d’entre elles occupent le tiers de l’article. ====Déclarations de l’écrivain==== * **Recours aux entrevues de l’écrivain pour appuyer ses idées – comme figure d’autorité ou pour d’autres usages qu’il faudrait identifier, le cas échéant.** ... ====Comparaisons / rapprochements intertextuel(le)s==== * **Lesquel(le)s ? Vérifier si ces rapprochements intertextuels sont énoncés faute de pouvoir rendre compte de l’œuvre (incapable de décrire celle-ci, la critique se résout à comparer pour donner au moins « une idée » de l’œuvre). Vérifier si ces rapprochements sont seulement énoncés ou expliqués.** * On rapproche les personnages de Chevillard à ceux de Samuel Beckett. ====Vocabulaire approximatif==== * **Étrange, singulier, bizarre, incongru, déroutant, insaisissable : les qualificatifs passe-partout qui empêchent d’avoir à décrire l’œuvre.** * « Et l’écriture, avec ses réticences, ses variations burlesques, ses accélérations et ses ruptures, nous entraîne dans un délire angoissant et jubilatoire, au seuil du récit à jamais différé. » ====Varia==== * -