JOPECK, Sylvie, Le fait divers dans la littérature, Paris, Gallimard-Éducation, 2009, 128 p. (SH)

Définitions:

———-

L'origine antique du fait divers, puis la révolution de la presse de masse : p. 10


Divers (!)

Raconter sans preuves:

Brièveté: “Tant que le fait divers se cantonne à la rubrique des “chiens écrasés”, il relève de la concision et de la brièveté”, générant de fait des genres littéraires courts: poème, nouvelle, anecdote ou encore “nouvelle en trois lignes” de Félix Fénéon. (21)

Un révélateur paradoxal: “Le fait divers, par la monstruosité qu'il met au jour, sa violence ou son simple aspect inattendu, contrarie l'ordre social, familial, conjugal ou moral. Par définition, il relève ce qui s'oppose à la banalité du quotidien, à l'opinion dominante. Tout en bouleversant l'ordre social, il le révèle, il fait apparaître ses règles au moment même où il en transgresse les codes. En ce sens, il agit comme un paradoxe.” (23)

La loi de l'antithèse: “La tournure antithétique permet de donner plus d'impact à la formulation en la ramenant à des oppositions fondamentales […]. Le fait divers par sa formulation ramassée et totalisante se suffit à lui-même et donne plus d'intensité à l'expression de la négativité humaine.” (25)

p. 36 à 39: Tableau des différentes relations existant entre fait divers et littérature (le fait divers est traité totalement ou non, reste social et historique ou devient universel et mythique, vu du côté de la victime ou du bourreau, explicite ou implicite, etc.), et exemples.

“Le fait divers est un fournisseur inépuisable de destins individuels.” (52)

“Le roman réaliste accorde une place importante au temps. Le personnage de roman ne peut être individualisé que s'il est saisi dans une époque déterminée. Le fait divers garantit au romancier cette donnée temporelle, qu'il va transformer. Le fait divers à l'origine du roman de Patrick Modiano Dora Bruder prend toute sa force au regard de la date du journal dans lequel l'auteur l'a repéré.” (54)

“Le fait divers produit de l'histoire et de la narration pour trois raisons essentielles, son origine journalistique, sa structure fermée et sa finalité de médiatisation.”

En conclusion, l'auteure insiste sur l'autonomie du fait divers:
“La structure fermée du fait divers lui permet une transmission facile (voire une oralisation), du simple fait qu'il véhicule la totalité des éléments indispensables à sa compréhension. Il est saisissable de manière immédiate. Par ailleurs, il est facilement racontable car il propose un fait populaire, qui intéresse le plus grand nombre.” Voir sur ce point la définition de Bourdieu au début de la fiche. (111)