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ranx:le_cas_sneijder

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 ** a) actionnelle :** Consciemment ou non, Paul viole continuellement les codes de sociabilité (p. 206), surtout dans ses rapports avec sa femme. Anna avait toujours refusé d'avoir quelque contact que ce soit avec Marie, la fille du premier mariage de Paul, et celui-ci s'était plié de mauvaise grâce à cette demande, multipliant les contorsions familiales pour rencontrer sa fille en cachette et ainsi satisfaire Anna: « J’ai souvent songé à partir pour me bricoler une autre vie, une existence au cours de laquelle ma fille et moi n’aurions pas à nous cacher pour nous rencontrer. Mais quelques mauvaises raisons et surtout la lâcheté, ce mal misérable et insidieux, me firent renoncer et je pris alors conscience de notre incroyable capacité à composer avec l’inacceptable. » (p. 26). Suite à son accident, les sacrifices que Paul est prêt à faire pour “composer avec l'inacceptable” ont considérablement diminué (sur ce sujet, voir également la fiche concernant le précédent roman de Dubois, Les accommodements raisonnables). Paul n'hésite pas à confronter Anna et, surtout, il se fiche de son opinion et des pressions sociales qu'elle invoque pour le convaincre de retrouver une vie normale de travailleur professionnel rangé. ** a) actionnelle :** Consciemment ou non, Paul viole continuellement les codes de sociabilité (p. 206), surtout dans ses rapports avec sa femme. Anna avait toujours refusé d'avoir quelque contact que ce soit avec Marie, la fille du premier mariage de Paul, et celui-ci s'était plié de mauvaise grâce à cette demande, multipliant les contorsions familiales pour rencontrer sa fille en cachette et ainsi satisfaire Anna: « J’ai souvent songé à partir pour me bricoler une autre vie, une existence au cours de laquelle ma fille et moi n’aurions pas à nous cacher pour nous rencontrer. Mais quelques mauvaises raisons et surtout la lâcheté, ce mal misérable et insidieux, me firent renoncer et je pris alors conscience de notre incroyable capacité à composer avec l’inacceptable. » (p. 26). Suite à son accident, les sacrifices que Paul est prêt à faire pour “composer avec l'inacceptable” ont considérablement diminué (sur ce sujet, voir également la fiche concernant le précédent roman de Dubois, Les accommodements raisonnables). Paul n'hésite pas à confronter Anna et, surtout, il se fiche de son opinion et des pressions sociales qu'elle invoque pour le convaincre de retrouver une vie normale de travailleur professionnel rangé.
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 +Les repères de Paul étaient autrefois son travail, sa femme, ses fils jumeaux, mais avec l'accident toutes ces choses lui sont apparues insipides et lui-même est devenu peu à peu indifférent à tout sauf aux ascenseurs et surtout aux chiens. Désormais, seuls ces derniers qu'il promène au grand air parviennent à le rendre heureux. De plus, le monde extérieur vaste et sans humain, les risques qu'il fasse une nouvelle crise de panique (genre agoraphobie: lieu confiné + plus de quatre personnes = angoisse mortelle) sont minimes.
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 +Paul refuse de chercher un travail à hauteur de ses aptitudes et qualifications, refuse de poursuivre en justice la compagnie d'ascenseurs, refuse de vivre heureux avec sa femme, refuse de participer à un concours canin (mais, sous promesse d'être drogué, il finira par se soumettre à l'exercice)… C'est précisément cette absence de projet qui apparaît inacceptable aux yeux de sa femme et des jumeaux et qui les pousseront à requérir l'internement de Paul.
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 ** b) interprétative :** La rupture que vit Paul est un enjeu problématique pour les différents personnages. Paul croit que sa survie miraculeuse lui permet maintenant de mieux comprendre le monde, d'en voir les travers et l'absurdité: « En vérité, je crois que ce sont les gens bien plus que les immeubles qui me posent problème. […] Depuis l’accident, depuis que je suis sorti du coma, j’ai le sentiment d’avoir une perception plus affinée de la réalité. Comme si durant mon sommeil quelqu’un avait monté le son du vacarme du monde. Il me semble qu’il y a dans l’air quelque chose d’enfiévré, d’hystérique. » (p. 61) D'autres personnages, cependant, particulièrement sa femme et les jumeaux, s'efforcent de convaincre les autres et de persuader Paul lui-même que son état asocial, apathique et déconnecté provient du traumatisme qu'il a subi, que sa rupture est d'origine psychique. D'ailleurs, c'est eux qui remporteront la joute puisque Paul sera finalement interné dans un asile psychiatrique, signe qu'il vaut peut-être mieux n'être pas trop lucide pour survivre à la vie en société. ** b) interprétative :** La rupture que vit Paul est un enjeu problématique pour les différents personnages. Paul croit que sa survie miraculeuse lui permet maintenant de mieux comprendre le monde, d'en voir les travers et l'absurdité: « En vérité, je crois que ce sont les gens bien plus que les immeubles qui me posent problème. […] Depuis l’accident, depuis que je suis sorti du coma, j’ai le sentiment d’avoir une perception plus affinée de la réalité. Comme si durant mon sommeil quelqu’un avait monté le son du vacarme du monde. Il me semble qu’il y a dans l’air quelque chose d’enfiévré, d’hystérique. » (p. 61) D'autres personnages, cependant, particulièrement sa femme et les jumeaux, s'efforcent de convaincre les autres et de persuader Paul lui-même que son état asocial, apathique et déconnecté provient du traumatisme qu'il a subi, que sa rupture est d'origine psychique. D'ailleurs, c'est eux qui remporteront la joute puisque Paul sera finalement interné dans un asile psychiatrique, signe qu'il vaut peut-être mieux n'être pas trop lucide pour survivre à la vie en société.
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 ==== V – SPÉCIFICITÉS POÉTIQUES ==== ==== V – SPÉCIFICITÉS POÉTIQUES ====
  
-Validation du cas au point de vue narratif/poétique (voixfiabilité du narrateurregistres fictionnelstemporelstype de configuration narrativeetc.)+Rien qui sorte de l'ordinaire. 
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 +==== VI - BONUS ==== 
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 + « On ne devrait plus se rappeler d’où l’on vient ni où l’on va. J’aimerais appartenir à une espèce amnésiqueconçue pour vivre au jour le jourdébarrassée de l’histoirefilant sa vie au gré des rythmes nycthéméraux. Sans aucun patrimoine. Ni passif. Ni génétique. Pas de lienpas de caryotype. Une aubeun jour et voilà tout. […] Je ne sais pas à quoi pourrai bien ressembler une pareille vie, mais elle ne pourrait être pire que celle que nous essayons de mener sous l’envahissant protectorat de la mémoire. » (p62)
  
 [[Le cas Sneijder - Ancienne fiche]] [[Le cas Sneijder - Ancienne fiche]]
ranx/le_cas_sneijder.1365707568.txt.gz · Dernière modification : 2018/02/15 13:56 (modification externe)

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