* « On soulignera de même le refus de replier le fait divers sur un modèle culturel qui l'arrache à lui-même, qu'il s'agisse du modèle mythologique ou du modèle tragique [...] De même, le recours à la dimension « tragique » est fortement contesté par ces textes, en ce qu'elle suppose l'exercice d'un «fatum» qui donnerait la clé surnaturelle des événements et relèguerait, //ipso facto//, le fait divers dans //l'impensable//. Enfin ces textes se refusent à toute théâtralisation, à l'opposé d'un Genet qui fait de l'affaire des soeurs Papin dans //Les Bonnes// (1947) un jeu de cérémonial et de rituel, entre simulacre et simulation. Car théâtralisation, tragique et mythologique sont des écrans qui empêchent d'interroger le fait divers. Ils sont en outre des procédés de déshistoricisation. Or, sauf dans sa dimension théâtrale, pour des raisons liées au genre dramatique et à la nécessaire concentration de ses effets, la littérature contemporaine refuse cette déshistorisation et préfère souligner les dimensions historiques et les résonances sociales du fait divers. » (p. 241) | * « On soulignera de même le refus de replier le fait divers sur un modèle culturel qui l'arrache à lui-même, qu'il s'agisse du modèle mythologique ou du modèle tragique [...] De même, le recours à la dimension « tragique » est fortement contesté par ces textes, en ce qu'elle suppose l'exercice d'un «fatum» qui donnerait la clé surnaturelle des événements et relèguerait, //ipso facto//, le fait divers dans //l'impensable//. Enfin ces textes se refusent à toute théâtralisation, à l'opposé d'un Genet qui fait de l'affaire des soeurs Papin dans //Les Bonnes// (1947) un jeu de cérémonial et de rituel, entre simulacre et simulation. Car théâtralisation, tragique et mythologique sont des écrans qui empêchent d'interroger le fait divers. Ils sont en outre des procédés de déshistoricisation. Or, sauf dans sa dimension théâtrale, pour des raisons liées au genre dramatique et à la nécessaire concentration de ses effets, la littérature contemporaine refuse cette déshistorisation et préfère souligner les dimensions historiques et les résonances sociales du fait divers. » (p. 241) |
| « L'écriture même de ces livres est singulière : c'est une écriture qui se cherche ou se remet en question. Ques ce soit par défaut, dans la cécité d'une parole pleine avec l'enquêtrice de Sallenave, ou dans l'irrecevabilité de la reconstitution proposée par Marc Weitzmann [...] ou, positivement, dans les embarras lexicaux de Carrère et les torsions syntaxiques à la limite de l'incorrection grammaticale de François Bon [...] Toutes ces pratiques manifestent une méfiance à l'égard des formes usuelles du discours. En revanche, elles montrent combien le réel est gravement affecté par ces fêlures qui en démasquent les profondes tensions. » (p. 243) |