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**Identité Vacillante** | **Identité Vacillante** |
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Très soudainement, le regard que leur entourage porte sur Nadia et son mari, Ange, change drastiquement. Tout à coup, on les insulte et les rejette. On semble lui reprocher son orgueil et son infidélité, la faire payer à titre de bouc-émissaire pour tous les gens « comme elle ». La perception que Nadia a des autres est chaotique. Elle sera de plus en plus coupée de la réalité. Cette identité ne se présentera pas sous forme de paradoxe binaire, mais bien comme l’exemple d’une personnalité qui sombre dans l’ombre. Tout, chez elle, autrement dit, dans son identité, se dégrade, ou mute vers quelque chose d’inexplicable. | Très soudainement, le regard que leur entourage porte sur Nadia et son mari, Ange, change drastiquement. Tout à coup, on les insulte et les rejette. On semble lui reprocher son orgueil et son infidélité, la faire payer à titre de bouc-émissaire pour tous les gens « comme elle ». La perception que Nadia a des autres est chaotique. Elle sera de plus en plus coupée de la réalité. Cette identité ne se présentera pas sous forme de paradoxe binaire, mais bien comme l’exemple d’une personnalité qui sombre dans l’ombre. Tout, chez elle, autrement dit, dans son identité, se dégrade, ou mute vers quelque chose d’inexplicable. |
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Marie NDiaye, //Mon coeur à l'étroit//, Paris, Gallimard, 2007, 298 p. | Marie NDiaye, //Mon coeur à l'étroit//, Paris, Gallimard, 2007, 298 p.\\ |
| [[http://wikiauteurs.contemporain.info/doku.php/oeuvres/mon_coeur_a_l_etroit|Documentation critique]] |
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__Damien North dans //Un homme effacé// d’Alexandre Postel ;__ | __Damien North dans //Un homme effacé// d’Alexandre Postel ;__ |
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Julia Deck, //Viviane Élisabeth Fauville//, Paris, Éditions de Minuit, 2008, 155 p. | Julia Deck, //Viviane Élisabeth Fauville//, Paris, Éditions de Minuit, 2008, 155 p. |
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| __Le traducteur dans //La volière// d'Annie Chrétien ;__ |
| Le traducteur ne se souvient plus de rien, se demande ce qui est arrivé à sa femme. Celle-ci s'est volatilisée avec la voiture. Certains délires paranoïaques, doublés d’une amnésie et d'une incapacité |
| à distinguer réalité et fiction, expliquent toutes les incohérences identitaires du personnage. Il en vient à douter de quel genre d'homme il est : « Le traducteur s'était-il vengé ? […] Était-il ce genre d'homme ? Était-il le plus cruel des deux ? […] Il ne se souvenait plus de rien, ne se rappelait pas. Vide, vide, vide. Une coquille vide, une tête emmurée. […] Quel genre de famille avaient-ils formée ? Par quel genre d'absence étaient-ils habités ? » (p. 58). |
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| Annie Chrétien, //La Volière//, Québec, L’instant même, 2008, 150 p.\\ |
| [[http://orion.crilcq.org/#la_voliere|Orion]] |
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__Marjorie dans //Tibère et Marjorie// de Régis Jauffret ;__ | __Marjorie dans //Tibère et Marjorie// de Régis Jauffret ;__ |
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**Ces romans étaient dans la catégorie, mais me semblent moins probants. Ils sont quand même retravaillés selon l'angle d'Identité vacillante, mais me paraissent moins forts :** | **Ces romans étaient dans la catégorie, mais me semblent moins probants. Ils sont quand même retravaillés selon l'angle d'Identité vacillante, mais me paraissent moins forts. Ils semblent confus, oui, mais plutôt par rapport au monde et aux actions qu'à leur identité :** |
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Nuage rouge - Christian Gailly | __Marc dans //Les restes de Muriel// de Patrick Boulanger ;__ |
Le narrateur, bègue, découvre son ami Lucien mutilé dans les bois; la femme qu'il venait d'agresser, et que la narrateur a croisé couverte de sang au volant de la voiture de son ami, lui a tranché les organes génitaux.Ce narrateur incertain, pleins de questionnements, va être mandaté par Lucien, dépressif et repentant, pour aller au Danemark intercéder en sa faveur auprès de cette femme. Il se nouera alors entre elle, veuve de marin qui ignore qui il est vraiment, et le narrateur, malheureux en ménage, une relation étrange, l'ancien bègue devenant amoureux d'elle et trahissant donc la confiance de son ami Lucien. Celui-ci se vengera: demandant à son ami de l'aider à se suicider, il mourra bel et bien, mais après s'être assuré que c'est son ami qu'on accusera. Le roman se lit donc comme une sorte de confession ou de témoignage du narrateur. L'interprétation et la justesse de la narration sont ici très proches et se recoupent par moments. Mais il y a certains éléments relevant du flou de la voix narrative qui questionnent la connaissance réelle que l’on peut avoir du monde et des évènements. C'est à travers la narration incertaine, indécise, souvent reprise, que l'identité vacillante du narrateur se dessine. | Après le suicide ou le départ de Muriel, son ex-compagne, Marc s’isole dans son appartement dans le souvenir de celle-ci. Il se laisse déchoir. Sa mémoire lui fait défaut et il a des excès de violence imprévisibles et inexplicables. Quand on pense le connaitre, un comportement incohérent survient. Cette imprévisibilité et cette indécidabilité lui confèrent une identité floue. |
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Les restes de Muriel – Patrick Boulanger ; | Patrick Boulanger, //Les restes de Muriel//, Montréal, Triptyque, 2007, 97 p.\\ |
Après le suicide de Muriel, son ex-compagne, Marc s’isole dans son appartement dans le souvenir de celle-ci, ses rapports avec les femmes étant toujours extrêmement ardus. Il se laisse déchoir. Un certain paradoxe réside dans le fait que le personnage souhaite changer son destin malgré le fait qu’il reste concrètement passif. Il a aussi des excès de violence imprévisibles et inexplicables. Quand on pense le connaitre, un comportement incohérent avec le personnage que l’on connaissait survient. | [[http://orion.crilcq.org/#les_restes_de_muriel|Orion]] |
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La volière – Annie Chrétien ; | __Arrielle dans //Les revolvers sont des choses qui arrivent// de Véronic Marcotte ;__ |
Un homme, le traducteur, qui ne se souvient plus de rien, se demande ce qui est arrivé à sa femme. Celle-ci s'est volatilisée avec la voiture. Certains délires paranoïaques, doublés d’une amnésie et du fait que le personnage ne fasse pas la différence entre réalité et fiction, expliquent toutes les incohérences identitaires du personnage. Le lecteur ne peut se fier aux évènements décrits par le narrateur : « Le traducteur s'était-il vengé ? […] Était-il ce genre d'homme ? Était-il le plus cruel des deux ? […] Il ne se souvenait plus de rien, ne se rappelait pas. Vide, vide, vide. Une coquille vide, une tête emmurée. […] Quel genre de famille avaient-ils formée ? Par quel genre d'absence étaient-ils habités ? » (p. 58). | Arrielle est internée après avoir tué sa mère par amour, selon elle. Elle souffre d’hallucinations ce qui rend plus confuse son interprétation de la réalité. Elle s'imagine de nombreuses choses, comme l’existence d’un frère ainé ou des messages de son père. L’intériorité d’Arrielle est inaccessible tant au lecteur qu’à elle-même. Cette réalité autre qu'elle se crée fait paraître sa personnalité moins fidèle au réel, interprétable selon le réel de l'intérieur ou celui de l'extérieur. |
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Les revolvers sont des choses qui arrivent – Véronic Marcotte ; | Véronic Marcotte, //Les revolvers sont des choses qui arrivent//, Montréal, XYZ (Romanichels), 2005, 126 p.\\ |
Arrielle est internée après avoir tué sa mère. Elle souffre d’hallucinations. Elle a une interprétation confuse de la réalité. Elle imagine de nombreuses choses, comme l’existence d’un frère ainé. L’intériorité d’Arrielle est inaccessible tant au lecteur qu’à elle-même. Par exemple, elle croit avoir tué sa mère par amour. | [[http://orion.crilcq.org/#les_revolvers_sont_des_choses_qui_arrivent|Orion]] |
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__Wax dans //Ormuz// de Jean Rolin ;__ | __Wax dans //Ormuz// de Jean Rolin ;__ |
L’incohérence identitaire de Wax réside dans le sabotage délibéré des projets qu’il avait lui-même élaborés. Le savoir ornithologique dont il fait preuve lui est complètement inutile dans son projet de traverser le détroit d’Ormuz, projet qui est lui même inexplicable et qui semble excentrique et sorti de nul part. Ses compétences et action ne collant pas du tout à ce projet : « en train de barboter dans trente à quarante centimètres d’eau, à plat ventre, l’homme qui ambitionnait de traverser le détroit d’Ormuz à la nage » (p.50) | L’incohérence identitaire de Wax réside dans le sabotage délibéré des projets qu’il avait lui-même élaborés. Son projet de traverser le détroit d’Ormuz est lui-même inexplicable et incohérent avec un homme qu'on décrit comme passionné d’histoire navale et d’ornithologie. Ses compétences et actions ne collent pas du tout au but qu'il se fixe : « en train de barboter dans trente à quarante centimètres d’eau, à plat ventre, l’homme qui ambitionnait de traverser le détroit d’Ormuz à la nage » (p.50) ne semble pas à la hauteur du défi qu'il se lance. Il s'invente d'ailleurs plusieurs passés qui pourraient marquer sa compétence, mais ceux-ci ne sont pas vérifiables et le narrateur doute de leur véracité. |
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| Jean Rolin, //Ormuz//, Paris, P.O.L., 2013, 224 p. |
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| __Les parents dans //Villa bunker// de Sébastien Brébel ;__ |
| Le père et la mère du narrateur emménagent dans une villa située au sommet d'une falaise au bord de la mer. Elle est en bien mauvais état et il est impossible d'en faire le tour puisqu'elle semble prendre sans cesse de l'expansion tout étant labyrinthique. Le fils, qui narre l’histoire, décrit lui-même la difficulté qu’il éprouve à saisir l’identité de ses deux parents. Sa mère serait en proie à des hallucinations, exemple parmi d’autres de leur étrangeté et de leurs contradictions. |
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| Sébastien Brebel, //Villa Bunker//, Paris, P.O.L., 2009, 160 p. |
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Villa bunker – Sébastien Brébel ; | __L'homme dans //Nuage rouge// de Christian Gailly ;__ **plutôt passif que vacillant ?** |
Le père et la mère du narrateur emménagent dans une villa située au sommet d'une falaise au bord de la mer, elle est en bien mauvais état et il est impossible d'en faire le tour puisqu'elle semble prendre sans cesse de l'expansion tout étant labyrinthique. Le fils, qui narre l’histoire, décrit lui-même la difficulté qu’il éprouve à saisir l’identité de ses deux parents. Sa mère sera en proie à des hallucinations, exemple parmi d’autres de leur étrangeté et de leurs contradictions. | L'homme est incertain, pleins de questionnements et se laisse guider par les autres. Il va être mandaté par Lucien, dépressif et repentant, pour aller au Danemark intercéder en sa faveur auprès de la femme qu'il a violé et qui l'a mutilé. Se nouera alors entre elle et l'homme une relation étrange, devenant amoureux d'elle et trahissant donc la confiance de son ami Lucien. Ce dernier se vengera : demandant à son ami de l'aider à se suicider, après s'être assuré que c'est son ami qu'on accusera. Le roman se lit donc comme une sorte de confession ou de témoignage de l'homme. L'interprétation et la justesse de la narration sont ici très proches et se recoupent par moments. Mais il y a certains éléments relevant du flou de la voix narrative qui questionnent la connaissance réelle que l’on peut avoir du monde et des évènements. C'est à travers la narration incertaine, indécise, souvent reprise, que l'identité vacillante du narrateur se dessine. |
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| Christian Gailly, //Nuage rouge//, Paris, Éditions de Minuit, 2000, 192 p.\\ |
| [[http://wikiauteurs.contemporain.info/doku.php/oeuvres/nuage_rouge|Documentation critique]] |