Auteur : Morgiève, Richard
Titre : Full of love
Éditeur : Denoël
Collection : -
Année : 2004
Éditions ultérieures : -
Désignation générique : roman
Quatrième de couverture :
“C'était la nuit et c'est le jour comme dans un film qui va un peu vite Gérard a envie de hurler ou de frapper il marche vite tout à fait en proie à la peur - il vient de comprendre que si son cinéma l'empêchait de vivre son cinéma le tuait donc.
Gérard, surnommé parfois Gégé, fréquente depuis plus de quarante ans un monstrueux cinéma multisalles : son Inconscient. Ces derniers temps, d'énigmatiques figures de son passé le relancent à l'écran, exécutant d'inquiétants numéros : Solange, l'amoureuse maso, ou l'infirmière à la règle de fer chevauchant une girafe sur un manège, ou la sorcière à la petite verge cruelle… Spectateur assidu et vulnérable de ces trop familières séquences de sexe et de mort, Gégé ouvre alors une enquête sans précédent contre X, l'inconnu de ses salles obscures.
Avec Full of love, Richard Morgiève relève un défi : fixer en face le soleil noir de l'Inconscient, le déjouer comme destin. Victime d'hallucinations d'une féerie toxique, ce kamikaze porté par une écriture virtuose déroule devant le lecteur-spectateur une pellicule explosive, tentant en solitaire une traversée joyeuse de ses fantasmes.
Écrivain et scénariste, Richard Morgiève est l'auteur de nombreux romans, dont Un petit homme de dos, Sex Vox Dominam, Mon beau Jacky, Legarçon, Ma Vie folle, Deux mille capotes à l'heure, Mon petit garçon et Ce que Dieu et les Anges. Full of love est son vingt-deuxième texte.”
Résumé de l’œuvre :
Gérard, surnommé Gégé, Nanard, Gérou ou Riton, âgé de quarante ans, est un grand timide. Il semble être traumatisé par des événements de son enfance dont il n'a jamais su se libérer : la mort de sa mère et le suicide de son père. Du coup, Gérard est prisonnier de « son cinéma », comme le narrateur le nomme, soit des souvenirs et surtout des fantasmes qui surgissent à tout bout de champ dans son esprit. Et croyez-moi, les fantasmes en question sont assez sordides : sexe (évidemment), adultère (un classique), sadomasochiste (chacun son truc), scatophilie (…); mais aussi : viol, inceste, zoophilie, nécrophilie, etc. (et pas qu'un peu, c'est l'overdose!). Bref, il faut avoir le cœur bien accroché. En plus, ça ne mène pas à grand-chose de révolutionnaire : Gérard, mystérieusement amoureux des mathématiques, finit par trouver la formule de son bonheur, se libère de de « son cinéma » et perd sa timidité maladive qui l'empêchait de parler aux gens – aux femmes surtout. Somme toute, un délire coprolalique qui se veut le reflet d'une exploration psychanalytique ponctuée de réflexions confuses sur le désir de mort. Je vous ai convaincu ?
Thème(s) : fantasmes, sexualité, enfance, mort, inconscient, deuil.
Explication (intuitive mais argumentée) du choix :
Gérard étant prisonnier de « son cinéma » (les souvenirs/fantasmes qui le hantent), il se tient par conséquent en marge du monde, incapable d'interagir avec lui.
Appréciation globale :
C'est à contrecœur que je rédige une fiche sur ce roman plus pornographique que psychanalytique. En effet, les scènes de sexe, viol, inceste, zoophilie, nécrophilie et autres s'accumulent dans une volonté évidente de provocation qui, à mon humble avis, tourne à vide et est plus pathétique que véritablement choquante.
a) actionnelle :
La grande timidité de Gérard, foncièrement mésadapté aux relations humaines et surtout amoureuses, est décrite comme un « perpétuel non-passage à l'acte » (112). Ah oui, et dans ses nombreux et envahissants fantasmes, Gérard est toujours passif et obéissant. Ce sont toujours d'hommes ou des femmes (plus âgées lorsqu'il s'imagine enfant) qui le dominent psychologiquement autant que physiquement.
b) interprétative :
Comme je l'ai déjà dit, Gérard est prisonnier de ses fantasmes qui lui font sans cesse et de plus en plus perdre contact avec la réalité : « je deviens un vieux fou un pantin disloqué entre son inconscient et sa conscience » (12); ; « coexistence des deux lui-même » (10) ; « Mon cinéma me tue parce que je vieillis se dit Gérard plus je vieillis plus mon cinéma intègre ce que je n'ai pas pu vivre et de fait mon cinéma m'étouffe me coule dans son ciment pour me noyer tout au fond de moi. » La « compulsion libidinale qui l'obnubile » (112) semble insurmontable, pour Gérard comme pour le lecteur, mais, comme le dit le narrateur, « il faut bien quitter le cinéma à un moment ou à un autre sinon tout risque de ne devenir que du cinéma ? » (77).
Il n'y a pas de ponctuation à l'intérieur des phrases, c'est-à-dire que toutes les phrases sont complètes (majuscule au début, ponctuation à la fin (beaucoup de « ? », d'ailleurs), syntaxe presque cohérente), mais ne contiennent aucune virgule, aucun deux-points ou point-virgule, même si ces signes seraient plus que nécessaires à plusieurs endroits.