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Notice bibliographique : VOLODINE, Antoine, // Dondog//, Paris, Seuil, 2002, 366 pages. | I- MÉTADONNÉES ET PARATEXTE |
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| Auteur : Antoine Volodine |
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| Titre : Dondog |
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== Résumé de l’œuvre : == | Éditeur : Seuil |
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Quart de couverture : « La mort n'est qu'un passage, disent les chamanes. Après le décès, l'existence se poursuit comme avant. Simplement, le monde paraît plus crépusculaire. Les gestes ralentissent, l'intelligence décroît, la mémoire devient confuse. L'humour noircit. Ensuite, on s'éteint. Les plus combatifs réussissent à repousser longtemps l'échéance. Mais, lorsque, comme Dondog, on est très médiocrement doué en chamanisme, la survie dure peu. Dondog marche dans une cité noire. Il vient de quitter les camps, après y avoir passé plus de trente ans. Un seul désir l'habite encore : se venger, punir les responsables du malheur. Il aimerait mener à bien de terribles représailles avant que l'obscurité le rattrape. Des noms lui trottent par la tête, des cibles qu'il faudrait frapper : Gulmuz Korsakov, Tonny Bronx, Éliane Hotchkiss. Toutefois, quand il interroge ses souvenirs, il ne comprend plus ce qu'il doit leur reprocher, à ces trois-là. Alors, pour que sa vengeance ait un sens, il s'invente une biographie tragique et des raisons de haïr. » | Collection : – |
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A. V. | Éditions ultérieures : En format poche en 2002 puis en 2003 coll. Points |
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Dondog est amnésique depuis l'enfance. Seuls quelques bribes de son enfance, durant l'extermination des Yburs - race dont il est issu - et quelques scènes de sa vie dans les camps de travail lui reviennent. Sorti des camps après une trentaine d'années de détention, Dondog erre dans une ville futuriste anonyme, sombre, insalubre et mal famée à la recherche de Jessie Loo, une chamane qui devrait pouvoir l'aider à retrouver la mémoire et à comprendre pourquoi il veut se venger de Gulmuz Korsakov, Tonny Bronx et Éliane Hotchkiss - quoique pour cette dernière, il n'est pas sûr. Son errance le mène à Marconi, un homme aveugle qui lui dit avoir été envoyé par Jessie Loo. Marconi mène Dondog dans un appartement et ils y attendent, des jours durant, la chamane. Pendant ce temps, Dondog grommelle son histoire et reconstitue peu à peu son passé et celui de Gabrielle Bruna, une femme aux multiples visages, à la fois sa grand-mère et la mère d'un de ses amis : Gulmuz Korsakov est un soldat qui a violé Gabrielle Bruna dans sa jeunesse. Éliane Hotchkiss est une schwitt, une tueuse d'Ybur que Dondog a rencontré au camp...et qui l'a vraisemblablement tué...et Tonny Bronx est l'homme avec qui Dondog s'éteindra pour de bon, dans un bar, pendant un incendie. | Désignation générique : Roman (page de garde) |
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| Quatrième de couverture : |
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| « La mort n'est qu'un passage, disent les chamanes. Après le décès, l'existence se poursuit comme avant. Simplement, le monde paraît plus crépusculaire. Les gestes ralentissent, l'intelligence décroît, la mémoire devient confuse. L'humour noircit. Ensuite, on s'éteint. Les plus combatifs réussissent à repousser longtemps l'échéance. Mais, lorsque, comme Dondog, on est très médiocrement doué en chamanisme, la survie dure peu. Dondog marche dans une cité noire. Il vient de quitter les camps, après y avoir passé plus de trente ans. Un seul désir l'habite encore : se venger, punir les responsables du malheur. Il aimerait mener à bien de terribles représailles avant que l'obscurité le rattrape. Des noms lui trottent par la tête, des cibles qu'il faudrait frapper : Gulmuz Korsakov, Tonny Bronx, Éliane Hotchkiss. Toutefois, quand il interroge ses souvenirs, il ne comprend plus ce qu'il doit leur reprocher, à ces trois-là. Alors, pour que sa vengeance ait un sens, il s'invente une biographie tragique et des raisons de haïr. » |
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== Narration : autodiégétique (???) == | A. V. |
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Explication : La narration oscille subitement de la 1ere à la 3e personne. Le récit semble être raconté par Dondog (on lit souvent des formules comme « dit Dondog » ou « dit-il »), mais certains segments sont à la 3e personne, comme si le narrateur et le personnage de Dondog avaient le même nom, mais étaient deux individus différents. D'autres pans du texte sont à la première personne et présentés un peu comme un témoignage à un destinataire anonyme : les pauses du narrateur ou son émotion à l'évocation de certains moments sont indiquées dans le texte. Ces différentes variations dans la narration sont loin d'être homogènes ou justifiées. Il en résulte une impression étrange de décalage, de dédoublement du personne narrant et « narré ». | II- CONTENU GÉNÉRAL |
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| Résumé de l’œuvre : Dondog est amnésique depuis l'enfance. Seules quelques bribes de son enfance, durant l'extermination des Ybürs - race dont il est issu - et quelques scènes de sa vie dans les camps de travail lui reviennent. Sorti des camps après une trentaine d'années de détention, Dondog erre dans une ville futuriste anonyme, sombre, insalubre et mal famée à la recherche de Jessie Loo, une chamane qui devrait pouvoir l'aider à retrouver la mémoire et à comprendre pourquoi il veut se venger de Gulmuz Korsakov, Tonny Bronx et Éliane Hotchkiss - quoique pour cette dernière, il n'est pas sûr. Son errance le mène à Marconi, un homme aveugle qui lui dit avoir été envoyé par Jessie Loo. Marconi mène Dondog dans un appartement et ils y attendent, des jours durant, la chamane. Pendant ce temps, Dondog grommelle son histoire et reconstitue peu à peu son passé et celui de Gabrielle Bruna, une femme aux multiples visages, à la fois sa grand-mère et la mère d'un de ses amis : Gulmuz Korsakov est un soldat qui a violé Gabrielle Bruna dans sa jeunesse. Éliane Hotchkiss est une schwitt, une tueuse d'Ybur que Dondog a rencontré au camp…et qui l'a vraisemblablement tué…et Tonny Bronx est l'homme avec qui Dondog s'éteindra pour de bon, dans un bar, pendant un incendie. |
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== Personnage(s) en rupture : Dondog == | Thème(s) : génocide, vengeance, mort, chamanisme, mémoire, post-exotisme. |
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| III – JUSTIFICATION DE LA SÉLECTION |
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| Explication (intuitive mais argumentée) du choix : Appréciation globale : |
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== A) Nature de la rupture : interprétative == | IV – TYPE DE RUPTURE |
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Explication : La rupture de Dondog par rapport au monde est complexe et difficile à décrire, surtout parce que ce monde n'est pas le nôtre, ce qui complique la tâche. En effet, Dondog évolue dans un univers « post-révolution mondiale » dans lequel les Yburs - qui ne sont apparemment pas des humains - ont presque tous été exterminés. Ce monde (à mi-chemin entre la science-fiction, la magie (les morts ressuscitent, les chamans font se lever le soleil ou jettent des sorts) et une sorte de roman d'anticipation sociale inspiré par l'Holocauste et les régimes de l'URSS)combine tant de références diverses qu'il est difficile de juger de la position du personnage par rapport à celui-ci : il semble projeté dans un univers inconnu, dans lequel il a de la difficulté à évoluer, mais en même temps, il semble que ce monde soit bel et bien le sien. | Validation du cas au point de vue de la rupture |
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On peut toutefois dire qu'il y a bien rupture interprétative puisque Dondog, qui est amnésique, ne sait pas bien ce qu'il cherche dans ce monde, et ne sait pas non plus comment interpréter les souvenirs épars qui lui reviennent. Les personnages qui y figurent se confondent à la fois pour Dondog et pour le lecteur. | a) actionnelle : remise en question de l’intention (et éventuellement de la motivation) |
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| Dondog a une intention claire (se venger en tuant quatre personnes) mais comme il a perdu la mémoire, ses motivations restent obscures. Il agit (il recherche Jessie Loo, parle avec Marconi, etc.) mais le fait un peu à l’aveuglette. |
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| b) interprétative : difficulté/incapacité à donner sens au monde (à une partie du monde) de façon cohérente et/ou conforme à certaines normes interprétatives Dondog est incapable de donner sens à ses souvenirs. De plus, son appréhension du monde n’est que partielle; ses sens lui font défaut, il est lent, malade, ne semble pas tout comprendre. Plus largement, il n’est pas certain du rôle qu’il a à jouer, du sens de son existence. |
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== B) Origine de la rupture : « raciale », psychique == | V – SPÉCIFICITÉS POÉTIQUES |
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Explication : | Validation du cas au point de vue narratif/poétique (voix, fiabilité du narrateur, registres fictionnels, temporels, type de configuration narrative, etc.) |
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« Raciale » : Dondog est un Ybur, une sorte de race ou de caste qui a été presque entièrement exterminée; ceux qui ont échappé à la mort se sont retrouvés prisonniers de camps de travail. Cette vie difficile, aliénante, dans les camps a visiblement altéré les facultés de Dondog et façonné sa manière de percevoir le monde. De plus le mépris dont il est victime fait en sorte qu'il est constamment menacé, ou perçu comme menaçant. | La narration oscille subitement de la 1ere à la 3e personne. Le récit semble être raconté par Dondog (on lit souvent des formules comme « dit Dondog » ou « dit-il » (p. 43 notamment)), mais certains segments sont à la 3e personne, comme si le narrateur et le personnage de Dondog avaient le même nom, mais étaient deux individus différents (voir le moment où il héberge l'âme de Schlumm, qui pourrait expliquer ce dédoublement, p. 113-114). D'autres pans du texte sont à la première personne et présentés un peu comme un témoignage à un destinataire anonyme : les pauses du narrateur ou son émotion à l'évocation de certains moments sont indiquées dans le texte. Ces différentes variations dans la narration sont loin d'être homogènes ou justifiées. Il en résulte une impression étrange de décalage, de dédoublement du personnage narrant et « narré ». Exemple : « Yoïsha est réapparu et a proposé à Dondog de retourner dans la chambre pour y faire une partie de dominos. Nous sommes allés jouer là-bas sans faire de bruit. » (p. 54; je souligne.) |
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Psychique : Dondog est amnésique, ce qui prive son existence de sens : il erre dans la ville pour se venger, mais il ne sait ni de qui (il se souvient de noms, mais ne peut y associer personne en particulier), ni pourquoi. Il évolue dans une sorte de brouillard permanent : les gens qu'il rencontre le reconnaissent, ou savent où il doit aller, mais lui n'en a pas la moindre idée. | On peut aussi avoir de sérieux doutes sur la fiabilité du narrateur car le texte qui figure sur la quatrième de couverture (et placé en préface dans les éditions format poche) dit bien que Dondog « s’invente une biographie tragique » pour donner un sens aux quelques souvenirs qui lui restent. |
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== C) Manifestations : langagières, désorientation, confusion == | Finalement, le roman mélange plusieurs niveaux de récits et de temporalité (présent de Dondog, passé de Dondog, de Gabriella Bruna, etc.). |
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Explication : | Article théorique intéressant : http://trans.revues.org/107#ftn5 |
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Langagières : dans certains passages un peu étranges, Dondog parle ou écrit en laissant tous les verbes à l'infinitif, comme si passé, présent et futur importaient peu ou s'effaçaient. | Autre article assez pertinent sur les capacités réduites du héros dans Dondog: « Pour que tout récit, toute vengeance et toute haine prennent fin » Le héros amnésique d’Antoine Volodine |
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Désorientation et confusion : pour différentes raisons (voir « Lieux représentés ») Dondog perçoit mal son environnement : il ne voit presque jamais rien, a du mal à s'orienter dans le dédale des rues, est incapable de bien se remémorer les lieux, les gens et les dates. | Dondog - Ancienne fiche |
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| Au sujet de Dondog, voir aussi dans “discours critique-France”, Wolfgang Asholt et Marc Dambre, Un retour des normes romanesques. |
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== D) Objets : ... == | |
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Explication : | |
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== E) Manifestations spatiales : ... == | |
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Lieux représentés : une ville anonyme, nauséabonde, étouffante, sombre et insalubre, dans un pays chaud et humide, une cité mal famée envahie par les blattes, des lieux qui rappellent l'Europe de l'est, la Russie, les steppes de la Mongolie, des camps de concentration. | |
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Explication : Tout l'univers du roman est oppressant et sombre, ce qui ne fait qu'accentuer la détresse du personnage de Dondog qui est faible, malade, menacé. La saleté, la noirceur et la confusion qui règnent dans tous les lieux contribuent à rendre le personnage désorienté ou perdu puisqu'il ne voit jamais rien et ne sent que la puanteur de ce qui l'entoure. Il ne peut alors que se fier aux bruits qu'il entend; ce vocabulaire de l’ouïe est d'ailleurs très présent dans le livre. | |
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