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ranx:deuils_cannibales_et_melancoliques

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ranx:deuils_cannibales_et_melancoliques [2013/04/25 19:23] mylenetruchonranx:deuils_cannibales_et_melancoliques [2018/02/15 13:57] (Version actuelle) – modification externe 127.0.0.1
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-Résumé de l’œuvre :**  
  
-**Thème(s) :** la mort, rarement de vieillesse (suicide, sida, accident), le deuil+Résumé de l’œuvre :** Un livre très difficile à résumer puisqu'il n'y a pas d'intrigue. La protagoniste raconte la mort de nombreux de ses proches, qui s'appellent d'ailleurs tous (ou presque) Hervé. 
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 +**Thème(s) :** la mort, rarement de vieillesse (suicide, sida, accident), le deuil, l'homosexualité
  
  
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-**IV – TYPE DE RUPTURE+**IV – TYPE DE RUPTURE**
  
  
-Validation du cas au point de vue de la rupture +** Validation du cas au point de vue de la rupture****Emphase forte (gras)** 
  
  
-**a) actionnelle : remise en question de l’intention (et éventuellement de la motivation); logiques cognitives/rationnelles ou sensibles; présence ou absence d’un nœud d’intrigue et d’une résolution; difficulté/incapacité à s’imaginer transformer le monde (à s’imaginer le monde transformable), etc.**+**a) actionnelle : remise en question de l’intention (et éventuellement de la motivation); logiques cognitives/rationnelles ou sensibles; présence ou absence d’un nœud d’intrigue et d’une résolution; difficulté/incapacité à s’imaginer transformer le monde (à s’imaginer le monde transformable), etc. 
 +**
  
 +Il y a, dans //Deuils cannibales et mélancoliques//, absence totale d'intrigue et ainsi absence totale de résolution.
  
 +"Je militais contre la mort. Je pensais l'annihiler. Avec le temps, j'ai compris que j'avais peut-être gagné quelques batailles contre la mort, mais que je perdrai la guerre." (160)
  
-**b) interprétative : difficulté/incapacité à donner sens au monde (à une partie du monde) de façon cohérente et/ou conforme à certaines normes interprétatives; énigmaticité et/ou illisibilité du monde; caducité ou excentricité interprétative; etc.**+Le personnage, Catherine, semble vivre dans l'attente de la mort. Elle est une personne silencieuse et souffrante ayant tenté à plusieurs reprises de se suicider. Toutefois, elle échoue sans cesse.  
 +Elle mentionne qu'il faut, à son avis, du courage pour se tuer, se qui laisse présager qu'elle en a sans doute manqué. Elle affirme aussi que la pensée suicidaire est héréditaire (50), affirmant ainsi qu'elle ne peut rien faire pour contrer son état d'esprit puisqu'il s'agit là de quelque chose qui est en elle et ce, malgré elle.
  
 +Elle parvient, au moment où elle narre le livre, à "supporter" la vie, mais sans plus. En fait, elle dit que c'est son "devenir-mort" qui l'accroche à la vie (61). Catherine est donc un personnage qui vit pour et dans l'attente de la mort. Dans les pages 20-21, elle se qualifie d'ailleurs de "morte" à deux reprises. Sans oublier de mentionner que, dans sa jeunesse, elle a feint son décès et s'est organisé un faux enterrement.
  
 +Toutefois, non seulement son rapport à la mort est-il personnel, mais il est aussi social: ses amis, du moins ceux prénommés Hervé, sont tous destinés à la mort. Plusieurs lui demandent de l'aide. Or, cette aide, la plupart du temps, elle n'est pas en mesure de la fournir : "Je fus complètement désarmée devant l'ampleur de la demande d'Hervé. Je ne savais comment l'aider à s'approprier sa mort ni comment lui faire dire les mots du passage vers l'infini ou le vide." (41) En outre, elle dit : "Je les repousse au fond de mes souvenirs. Ce sera à d'autres d'aller les sauver. Moi, je ne sais qu'avancer. [...] L'amie qui n'a sauvé la vie de personne, c'est moi." (135-136)
  
 +Le rapport à la mort se fait aussi dans le deuil. Et justement, Catherine se retrouve souvent, dans ces situations, désemparée. Elle "sombre" dans la tristesse et dit qu'elle "n'en finirai jamais de [se] soigner et de bercer tous ces morts en [elle]" (157).
  
-**V – SPÉCIFICITÉS POÉTIQUES+Bien qu'elle semble vivre pour la mort, il subsiste toutefois en elle un désir de ne pas se laisser mourir impunément lorsque la grande faucheuse se présentera. Toutefois, le livre se clôt sur une conclusion plutôt négative qui renvoie à cette phrase, prononcée plus tôt : "On ne peut échapper à son destin." (164) En effet, elle fait un rêve dans lequel elle se voit décéder. Or, elle s'aperçoit qu'elle accepte passivement son destin, ce qui la rend très amère : "Cette résignation m'a toujours semblé scandaleuse. Et me voilà tout aussi servile que les autres. Prête à me fondre dans le grand blanc visqueux. Tout tend à s'effacer. Les traces s'estompent rapidement." (200)
  
-Validation du cas au point de vue narratif/poétique (voix, fiabilité du narrateur, registres fictionnels, temporels, type de configuration narrative, etc.)** 
  
  
 +Néanmoins, bien que la protagoniste fasse, tel que prouvé, montre d'une certaine lâcheté, il est à noter qu'elle n'est pas un personnage entièrement porté par la rupture actionnelle. Elle explique d'ailleurs elle-même s'être améliorée, avec le temps : "Avant, je n'arrivais pas à parler, mon corps manifestait des signes, essayait d'articuler les choses à ma place." (67)
  
-"ne supportais de moi que mon silence et ma douleur de vivre" (13) 
  
-Ignorance de ce qu'est la mort : "La mort est un scandale. Je n'y peux rien. C'est comme ça. Je suis une cancre, une abrutie de la mort ; je suis bouchée." (13) 
  
-Disparition des morts "L'image d'Hervé s'efface, comme mangée par un acide photographique. [...] Le prénom "Hervé". C'est tout. Le nom de famille d'Hervé n'est déjà plus dans ma mémoire et pourtant Flora n'a cessé de le répéter depuis le début de cette conversation." (14) +**b) interprétative difficulté/incapacité à donner sens au monde (à une partie du monde) de façon cohérente et/ou conforme à certaines normes interprétatives; énigmaticité et/ou illisibilité du monde; caducité ou excentricité interprétative; etc.**
---> Bonne mémoire (30)+
  
-plusieurs tentatives de suicide +Le personnage, comme on l'a vu, semble paradoxalement vivre dans la mort. Cependant, elle a de la difficulté à comprendre ce que signifie la mort : "Je suis une cancre, une abrutie de la mort ; je suis bouchée." (13)
---> La pensée suicidaire est héréditaire (50)+
  
-se définit comme une morte (20-21)+Vivant constamment dans le deuil, elle mentionne qu'elle tend à perdre la mémoire des morts, comme ce fût le cas pour l'un des Hervé : "L'image d'Hervé s'efface, comme mangée par un acide photographique. [...] Le prénom "Hervé". C'est tout. Le nom de famille d'Hervé n'est déjà plus dans ma mémoire et pourtant Flora n'a cessé de le répéter depuis le début de cette conversation." (14) 
 +Elle mentionne pourtant, à la page 30, avoir une bonne mémoire. Mais ce n'est pas la seul fois où, à cause de son état, celle-ci lui fait défaut. À la page 22, il est écrit qu'elle a même, à un certain moment, oublié comment dire le mot "téléphone".
  
-dans le deuil, oubli du mot "téléphone" (22)+Toutes les raisons pour lesquelles ces gens décèdent lui échappent. "Il y avait Hervé que j'aimais et qui est mort du sida, lui aussi sans que je sache, sans que je comprenne"(86), dit-elle. Et non seulement ne réalise-t-elle pas ce qui se produit avec ses amis morts, mais aussi avec ses amis mourants : "Hervé m'avait donc dit beaucoup et je n'ai rien compris. Je me suis contentée d'enregistrer. Je fus un répondeur automatique, rien de plus pour lui." (88)
  
-il ne vaut pas la peine de lutter contre la mort si on est seul (26) (Anne Frank) +Toutefois, malgré celaelle comprend plus la mort qu'elle comprend la vie. Elle mentionne que loin des cimetière, elle est déboussolée (80)
---> Catherine "supporte" la viesans plus (50) +
---> "C'est mon devenir-mort qui m'accroche à la vie.(61)+
  
-"Je fus complètement désarmée devant l'ampleur de la demande d'Hervé. JE ne savais comment l'aider à s'approprier sa mort ni comment lui faire dire les mots du passage vers l'infini ou le vide." (41)+Étonnamment, malgré cela, sa vision se montre souvent très juste et réfléchie. Elle semble régulièrement comprendre des événements lié à la mort que d'autres ne comprennent pas (par exemple, pourquoi l'homme vivant dans son immeuble s'est-il réellement suicidé). Une fois de plus, sa personnalité est paradoxale.
  
-vision réaliste de la mort, du suicide, etc. 
  
-"La mort physique ne serait que la suite logique et presque insouciante de cette première abdication de soi." (62) 
  
-"Avant, je n'arrivais pas à parler, mon corps manifestait des signes, essayait d'articuler les choses à ma place." (67)+**V – SPÉCIFICITÉS POÉTIQUES
  
-se qualifie "d'aveugle" (67)+Validation du cas au point de vue narratif/poétique (voix, fiabilité du narrateur, registres fictionnels, temporels, type de configuration narrative, etc.)**
  
-hanté par les morts (79) +Il n'y a aucune intrigueLes chapitres, également, s'enchaîne excessivement rapidementparfois en étant liés aux précédentsparfois nonLeur longueur varie sans cesse, mais ils sont tous très courts (pas plus que 3-4 pages).
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-déboussolée loin des cimetières (80) +
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-"Il y avait Hervé que j'aimais et qui est mort du sida, lui aussi sans que je sache, sans que je comprenne." (86) +
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-"Hervé m'avait donc dit beaucoup et je n'ai rien compris. Je me suis contentée d'enregistrerJe fus un répondeur automatiquerien de plus pour lui." (88) +
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-le suicide demande du courage (116) +
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-s'est fait un faux enterrement dans sa jeunesse +
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-"Je sombre dans la tristesse et la perte d'Hervé" (125) +
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-"Je les repousse au fond de mes souvenirs. Ce sera à d'autres d'aller les sauver. Moije ne sais qu'avancer. [...] L'amie qui n'a sauvé la vie de personnec'est moi." (135-136) +
-"Je ne retournerai pas en analyse, mais je n'en finirai jamais de me soigner et de bercer tous ces morts en moi." (157) +
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-"Je militais contre la mort. Je pensais l'annihiler. Avec le temps, j'ai compris que j'avais peut-être gagné quelques batailles contre la mort, mais que je perdrai la guerre." (160)+
  
-"On ne peut échapper à son destin. Et, je n'échappai pas au mien." (164) 
  
-a oublié son livre (amnésique de ce qu'elle écrit) 
  
-rêve dans lequel elle accepte passivement la mort (199) 
---> Cette résignation m'a toujours semblé scandaleuse. Et me voilà tout aussi servile que les autres. Prête à me fondre dans le grand blanc visqueux. Tout tend à s'effacer. Les traces s'estompent rapidement." (200) 
  
  
ranx/deuils_cannibales_et_melancoliques.1366932197.txt.gz · Dernière modification : 2018/02/15 13:56 (modification externe)

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