DEMANZE, Laurent, //Les fictions encyclopédiques. De Gustave Flaubert à Pierre Senges//, Paris, Corti Editions José (les essais), 352 p. **Présentation**\\ Ce livre, je voudrais le placer sous le signe de Bouvard et Pécuchet. Car bien des écrivains contemporains leur ont emboîté le pas pour braconner avec gourmandise sur les territoires de la science. « Une encyclopédie critique en farce », c’est ainsi que Flaubert désignait son roman pour dire que la pulsion de savoir ne va pas sans le soupçon du scepticisme ni le rire de l’idiotie. À la manière de l’autodidacte ou de l’amateur, l’écrivain répond aujourd’hui à l’ambition autrefois revendiquée par Italo Calvino : il relie les champs du savoir, renoue ensemble les disciplines dispersées et oppose à l’intimidation des discours spécialisés une curiosité vagabonde. Manière de dire que la littérature, si elle a renoncé à son magistère d’autrefois, affirme contre l’autorité du savant une démocratie du savoir.\\ Dictionnaires capricieux et encyclopédies lacunaires, ivresse de la liste et folie de l’inventaire : l’époque cède volontiers à l’encyclomanie. À rebours du désir de totalité et de la frénésie de l’archive, les écrivains contemporains composent des encyclopédies fragmentaires et ouvertes pour dire l’exigence de la lacune et la nécessité de l’inachevable. Raymond Queneau et Georges Perec, Gérard Macé et Pascal Quignard, Olivier Rolin et Pierre Senges : voilà quelques-uns des auteurs que je réunis dans cette collection de lectures, qui font de l’encyclopédie un puissant fictionnaire et rappellent la teneur de savoir de la littérature. À défaut de rassembler la totalité des savoirs, ces fictions encyclopédiques élaborent un art de l’oubli, qui a sans doute partie liée avec la sagesse. **Table des matières**\\ Bouvard et Cie \\ Encyclopédisme de la littérature \\ Le généraliste, le spécialiste, et l’autodidacte \\ Du Livre au réseau \\ L’encyclopédisme à la lisière du roman \\ Première partie : Le vertige encyclopédique\\ Chapitre I. L’arbre et le labyrinthe \\ Jorge Luis Borges : le labyrinthe encyclopédique \\ Chapitre II. L’indirect et l’oblique : une poétique des marges \\ Gérard Macé : « Une écriture en marge » \\ Le livre des vertiges : Roland Barthes, Georges Perec et Hubert Haddad\\ Chapitre III. Listes, catalogues et collections : la totalité impossible\\ Olivier Rolin : l’invention de la totalité \\ Pascal Quignard : le collectionneur mélancolique \\ Deuxième partie : Les mots de la tribu\\ Chapitre IV. Dictionnaire : l’ossuaire et le fictionnaire\\ Le dictionnaire palimpseste d’Annie Ernaux\\ Les idées reçues au présent : Gérard Genette, Camille Laurens et Stéphane Audeguy\\ Chapitre V. Bêtise et idiotie : la condition de l’homme moderne\\ Pierre Senges : « le chasseur d’idiots »\\ Raymond Queneau : l’encyclopédiste des sciences inexactes\\ Chapitre VI. Copie et plagiat : le syndrome de l’imposteur\\ Georges Perec : « le seul frisson du faire-semblant »\\ Camille Laurens à l’index\\ Troisième partie : Portrait de l’encyclopédiste en collectionneur\\ Chapitre VII. Le périple encyclopédique : les lieux de savoir\\ Didier Blonde : un encyclopédiste du carrefour\\ Chapitre VIII. Le cabinet de curiosités : une fabrique de l’imaginaire\\ Les savoirs anachroniques : Roger Caillois, Stéphane Audeguy et Jean-Marie Blas de Roblès\\ Patrick Mauriès : « la passion du disparate »\\ Chapitre IX. Miroirs encyclopédiques\\ Roland Barthes : l’anatomie encyclopédique\\ Pierre Bergounioux : « Une poignée de mots »\\ Épilogue\\ Note bibliographique\\ Indications bibliographiques\\ **Extrait**\\ [[http://www.fabula.org/atelier.php?Fictions_encyclopediques|p. 9-29]]