BRAVO, Frederico (dir.), La fin du texte, Pessac, Presses universitaires de Bordeaux (Littéralité), 2011.
La lecture de l’explicit – comme celle de l’incipit dont il n’est pas le pendant symétrique – procure une expérience troublante et mystérieuse : celle de la parole faisant retour au silence d’où elle est issue. Polysémique, l'expression « fin du texte » désigne aussi bien le terme ad quem de l’écriture (sa finalité) que sa clôture (sa fin matérielle) ou son achèvement (sa finition). La fin est tout à la fois un lieu du texte, un moment de la lecture et un acte conclusif : un protocole de sortie. Elle soulève des questions tant d’ordre technique – où, quand et comment finit le texte ? – que terminologique : les mots « fermeture », « clôture », « fin », « chute », « dénouement », « conclusion », « explicit » n’ont en effet que l’apparence de la synonymie.
La fin du texte est à la fois une nécessité et une contrainte, une finalité et une cause, mais aussi, du point de vue de la réception, un couronnement : le lieu où tout peut basculer, laissant au lecteur une impression de complétude ou, au contraire, d’inachèvement – c’est l’oeuvre ouverte, tronquée, en suspens –, voire d’insatisfaction si ses attentes ne sont pas satisfaites – c’est alors la chute déceptive, la fin « ratée ». En raison de son pouvoir modélisant, la fin du texte soulève encore bien des questions d’ordre théorique, comme le rapport entre clôture et généricité – y a-t-il des modalités de fermeture propres à chaque genre littéraire ? – ou le lien entre clôture structurale et littéralité – en quoi la fin du texte est motivée ? en quoi elle est motivante ?
Le présent volume fait le bilan de quatre années de recherche collective consacrées à la question de la fin du texte et tente d’apporter des éléments de réponse à toutes ces interrogations.
Federico Bravo - Avant-propos
Première partie : Théories et pratiques de la clôture
1. Jalons théoriques
- Anne-Marie Capdeboscq - La fin du texte
- Myriam Ponge - Le point final du texte
- Marco Kunz - La nueva narrativa española y la clausura del texto
2. Lire les classiques
- Marta Lacomba - La fin justifie-t-elle les moyens ? La mort du Cid à travers les genres
- Maria Aranda - La poétique de la clôture dans la comedia lopesque : vers une systématique du personnage final ?
- Valérie Charpentier - Dramaturgie du dé-nouement dans La Dama Boba de Lope de Vega
- Florence Raynié - L’explicit dans les romans et les nouvelles de Lope de Vega
- Isabelle Bouchiba-Fochesato - La fin des comedias de Tirso de Molina
3. Lire les modernes
- Nuria Rodríguez-Lázaro - La fin du texte poétique
- Myriam Bernède - José Ángel Valente : le Mot de la fin
- Sadi Lakhdari - Silence et fin du texte dans les romans de Benito Pérez Galdós
- Álvaro Bautista Cabrera - Decisión y finales en algunas obras de Bolaño
- Amélie Florenchie - La fin du texte dans Señora de rojo sobre fondo gris de Miguel Delibes : rétro-éclairage d’un portrait en demi-teintes
Deuxième partie: Genres littéraires et clôture textuelle
1. La fin du poème, du récit, du texte dramatique
- Anne-Marie Capdeboscq - L’enclos textuel
- Nadine Ly - Formes poétiques et clôture textuelle : finir un sonnet
- Ana Stulic-Etchevers - « Bonne fin / mauvaise fin » : l’appréciation subjective de la fin du roman
- Raphaël Estève - Une typologie quantitative de la dernière phrase
- Federico Bravo - ¿Cómo acabar sin haber empezado? El final del microrrelato
- Dominique Breton - « Rideau ! » ou la fin dans le théâtre espagnol contemporain
2. Textes et fins de textes
- José Manuel González Herrán - El final de Los Pazos de Ulloa (1886) de Emilia Pardo Bazán
- Anne Charlon - Des excipit rodorédiens
- Isabelle Bouchiba-Fochesato - La fin des autos sacramentales de Tirso de Molina
- Marta Cuenca-Godbert - Clôture plurielle dans El siglo pitagórico de Antonio Enríquez Gómez