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Bibliographie - Corpus littérature contemporaine

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Corpus utilisé dans les articles sur le personnage

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Je note ici des romans dont le résumé ou l’extrait d’un article en faisant mention semblait trahir l’idée d’un personnage déconnecté et désolidarisé. Sous toutes réserves, donc. Aussi, corpus majoritairement français et québécois, car les résultats m’apparaissaient davantage certains que si je me lançais dans l’immensité de la littérature mondiale…

ARCHAMBAULT, Gilles, De l’autre côté du pont, Montréal, Boréal, 2004.

« De nouveau, Gilles Archambault nous propose un roman en mode mineur, résolument tourné vers la mélancolie qu’on lui connaît. Construit autour des moments de la journée, De l’autre côté du pont donne la parole en alternance au narrateur et au personnage central, Louis Audry, éditeur failli, écrivain asséché célébrant son 75e anniversaire. Son regard sur sa vie, sur la vie, sur son entourage, nous le présente comme un homme désabusé, assez solitaire, qui n’attend plus rien au soir de son existence. Mais on a parfois des surprises… À vous de le découvrir ! »

[http://lelibraire.org/craque.asp?cat=10&id=1419]

BARBE, Jean, Le travail de l’huître, Montréal, Leméac, 2008.

« Après avoir donné un grand coup de poing sur la table, il disparaît sans inquiéter les autres membres de l’assemblée. L’on peut d’emblée comprendre le désarroi du personnage. Comment devenir quelqu’un lorsque nul ne peut nous voir ? Comment apaiser la soif de reconnaissance qui nous étreint et nous tient lieu d’idéal ? Comment, en somme, se trouver une nouvelle raison d’être ? La dépossession ne saurait être plus cruelle puisque, contrairement à Raskolnikov, Andreï n’a pas de ressources culturelles ou familiales. Il est une outre vide, condamné à la plus radicale des solitudes. C’est dire que Jean Barbe a pris le parti d’écrire un roman résolument asocial, au sein duquel circule un être dépourvu de substance, dont la disparition physique n’est que le symptôme d’une inexistence morale, affective et intellectuelle. »

[http://www.erudit.org/revue/vi/2009/v34/n3/037669ar.html]

BERTRAND, Stéphane, L’Abri, Montréal, Hurtubise (Texture), 2009.

« Écrivain au chômage et père de famille, Simon Trépanier est contraint de prendre un poste de préposé aux bénéficiaires à l’Abri, un centre d’hébergement pour personnes lourdement handicapées de Montréal. Il y rencontre des employés dévoués et humains, comme monsieur Edmond, le directeur, qui se bat depuis des années pour garder le centre ouvert. Déjà surmédiatisé, l’établissement est victime d’un nouveau scandale lorsqu’on découvre qu’une des jeunes patientes est enceinte. L’acharnement des médias qui et la pression sur les employés dont le travail difficile est peu valorisé menacent la survie du centre et la santé physique et mentale de Simon. La disparition du directeur, le ‘capitaine’ apprécié et compétant, ne fait qu’empirer la situation. Simon remet de plus en plus son emploi en question alors qu’il s’enfonce dans une sorte de dépression. La découverte de l’identité du violeur et le triste retour de monsieur Edmond sont deux coups durs qui le poussent à abandonner l’Abri malgré son attachement à ses collègues. […] Le chapitre sous forme de pièce de théâtre est un peu embêtant. Le discours rapporté est-il le fruit de l’imagination du narrateur (écrivain et que l’on associe donc instinctivement à l’auteur) qui l’a réécrit? Est-ce de l’ironie, une dénonciation de l’hypocrisie des administrateurs? Un rappel que le monde n’est ‘qu’un vaste théâtre’ comme le dit la couverture? »

[http://contemporain.info/wiki2/doku.php/fq-equipe:stephane_bertrand_l_abri_montreal_hurtubise_2009_myriam_saint-yves]

CHEN, Ying, Querelle d’un squelette avec son double, Montréal, Boréal, 2003.

« Dans son sixième roman au titre alléchant, Querelle d’un squelette avec son double, le corps même est transcendé, comme si l’âme n’avait plus de forme précise et parlait non pas d’outre-tombe, mais d’un outre-monde encore plus lointain. Elles sont deux. Leurs voix se font entendre alternativement en un combat étrange. Le squelette d’abord, à moitié enterré sous les décombres après un tremblement de terre ; puis la femme de A., qui s’apprête à recevoir les invités de son mari. On a déjà rencontré ce personnage de A. dans les romans précédents de Ying Chen : c’est le bourgeois raisonnable et fort de sa réussite sociale. La femme, elle, semble venir d’ailleurs, presque étrangère à sa propre vie. Dans ce roman, c’est à peine si elle parvient à tenir son rôle de ménagère, ou simplement de vivante. Elle n’est plus que le double de son squelette. Ou encore un personnage de fiction, comme l’est par définition tout bon double. « Tâche d’être vraisemblable » (57), lui dit son mari en l’encourageant à se rendre chez le coiffeur. Quoi qu’elle fasse, elle a du mal à croire en elle, en son personnage. Elle n’a rien de bien original à offrir, du reste. Même comme personnage de roman, elle ressemble à une copie. Son histoire ne lui appartient pas en propre, elle se doit tout entière à son mari et aux amis de ce dernier, attendus le soir même pour une réception qu’elle est justement en train de préparer, à l’image d’une certaine Mrs Dalloway de Virginia Woolf. »

[http://www.erudit.org/revue/vi/2003/v29/n1/007545ar.html]

DELAUME, Chloé, J’habite dans la télévision, Paris, Gallimard, 2006.

« Dans son roman de 2006, J’habite dans la télévision, elle exploite cette fois la dissolution de soi dans la télévision. Chloé Delaume s’y transforme en Sentinelle désincarnée habitant cet espace frontalier et essentiellement virtuel qu’est le réseau télévisuel.

Le roman n’a qu’un véritable personnage, si on oublie le poste de télévision, aucune intrigue sauf la transmutation de Chloé Delaume qui se met à hanter le réseau. Elle commence à habiter la chose, parce qu’elle a décidé de tenter l’expérience de n’écouter que la télévision pendant vingt-deux mois. L’expérience est exigeante. Chloé Delaume doit adapter son biorythme, modifier ses habitudes et son mode de vie. Elle devient paresseuse, ne veut plus faire le ménage de l’appartement. Puis elle se met à parler à son poste de télévision. Elle commence à avoir continuellement faim, le discours publicitaire s’insinue dans ses propres paroles. Elle adopte un vocabulaire qui n’est plus le sien, mais celui des émissions qu’elle écoute. Ses migraines se multiplient. Et son identité commence à vaciller. »

[http://salondouble.contemporain.info/lecture/l-entite-sentinelle-chloe-delaume]

DUBOIS, Jean-Paul, Les accommodements raisonnables, Paris, éditions de l’Olivier, 2008.

« Seul, on peut l’être au milieu de la foule ou à côté de ceux que l’on côtoie depuis des lustres; c’est d’ailleurs une partie du propos des Accommodements raisonnables, dont le principal protagoniste, Paul (prénom habituel du héros des romans de l’auteur), tout juste à l’orée de la vieillesse, vit une crise personnelle importante, fondamentale, qui, après avoir atteint son paroxysme, trouvera son aboutissement. Après une fuite de plusieurs mois loin d’une réalité qui lui est devenue étrangère, Paul devra réapprendre à vivre avec les siens dans la France plutôt schizophrène de Nicolas Sarkozy. Pour ce faire, notre antihéros, scripteur de film (un métier que Jean-Paul Dubois aurait aimé exercer), s’expatriera dans la non moins déjantée Amérique de Bush, à Hollywood, plus précisément. C’est là qu’il rencontrera le double rajeuni de sa femme, Anna, qui est restée en France pour aller jusqu’au fond de la profonde dépression qui l’enferme et l’isole.

Paul, donc, fuyant Anna (encore une fois le nom habituel de la femme de l’antihéros chez l’auteur), cette femme-fantôme, mais aussi un père en pleine mutation qu’il ne reconnaît pas, sans compter une France folle de ses lendemains électoraux, se fera script-doctor pour un puissant producteur hollywoodien, sur fond de violence endémique, d’incendies de forêt et de grève des scénaristes. »

[http://lelibraire.org/article.asp?cat=11&id=3439]

HOUELLEBECQ, Michel, Plateforme, Paris, Flammarion, 2001.

« Dans chacun des trois romans de Houellebecq publiés jusqu’ici [Extension du domaine de la lutte, 1994; Les particules élémentaires, 1998; Plateforme, 2001], le personnage central est une sorte de dépressif qui cependant ne se contente pas d’observer le monde de l’extérieur ou d’être « en exil » comme Mars. Sa désespérante pâleur n’est pas seulement un trait de son caractère individuel et ne s’explique plus entièrement par la misère affective de son milieu familial, mais constitue la pointe extrême d’un processus qui touche l’ensemble de sa génération. Il s’identifie à l’humanité vieillissante et analyse les symptômes de son épuisement. Ce personnage n’a rien de neuf à proposer, sinon sa propre mise en question en tant qu’individu. Il semble vouloir tirer au plus vite les conséquences du désastre général. Il est si gravement atteint par la dépression qu’il se retrouve lui aussi à la clinique, comme les héros de Toussaint et de Zorn. On a même l’impression qu’il y a toujours été ou qu’il vit en sursis, qu’il se survit. Ce personnage n’évolue guère plus que Bartleby et ne parvient jamais vraiment à entrer dans la vie. Mais cette incapacité n’est plus le signe d’une démence insolite dans un monde par ailleurs solidement ordonné. Sa dérive malheureuse est le signe d’une difficulté que partagent nombre de ses contemporains, y compris nous-mêmes, ses lecteurs. »

[http://www.erudit.org/revue/etudfr/2005/v41/n1/010843ar.html#re1no10]

MAVRIKAKIS, Catherine, Fleurs de crachats, Montréal, Leméac, 2005.

« Flore Forget est une chirurgienne de 45 ans qui tente de traverser la folie familiale qui l’affecte en s’auto-prescrivant toute une panoplie de psychotropes et d’anxiolytiques et en voyant un psychanalyste et un médium. Sa mère vient de mourir d’un cancer fulgurant et son frère, le ‘Fêlé’, est revenu dans sa vie après 30 ans d’absence. Elle décrit en détails toutes les raisons qu’elle a d’être folle : sa mère, Thérèse de Lisieux, les deux Guerres mondiales, sa relation incestueuse avec le Fêlé, le fait que le Fêlé lui ait ‘volé’ sa psychose lorsqu’elle avait 16 ans, ses amours malheureuses, le suicide de sa meilleure amie, la haine de ses collègues à l’hôpital. Elle se raccroche à la vie sur l’injonction de sa fille Rose, âgée de 4 ans, et rencontre un cuisinier qui la gave de nourriture et de sexe. Le Fêlé décroche définitivement de la réalité et fait sauter le consulat allemand et Flore épouse le cuisinier dans des noces aux allures d’orgie et de suicide. C’est un peu confus. […]

La narratrice à [sic] l’impression qu’elle invente ce qu’elle ressent dans sa vie. C’est comme si ses émotions étaient une fiction. Par exemple, elle dira : ‘Je vais aller m’inventer une histoire, la mienne. Ou encore celle d’une fille qui aurait pu être moi, si j’avais eu quelque chose comme une vie’ (p.23). Nous avons donc un personnage de fiction qui nous raconte sa vie qu’elle considère elle-même (à tors [sic] ou à raison) comme fictive en grande part. »

[http://contemporain.info/wiki2/doku.php/fq-equipe:catherine_mavrikakis_fleurs_de_crachat_montreal_lemeac_2005_christine_otis]

MERCURE, Luc, La mort de Blaise, Montréal, Leméac, 2008.

« Le roman est mené de manière lente et tranquille. Le personnage est hautement dépressif mais sans que cet état ne se traduise dans un lyrisme lourd et obscur. La simplicité du style aussi est intéressante. La narration qui passe du nous au je est assez bien réussi pour évoquer toute la solitude du personnage qui a perdu son chat, Blaise. Les préoccupations personnelles du personnage mise [sic] en opposition aux aléas de la guerre irakienne permette de remettre la souffrance en perspective. […]

Un professeur de piano vit seul avec ses nombreux chats lorsque l’un deux se fait vieux et vient à mourir. Il rejette ses élèves qui sont maintenant rendus adolescents et qui n’ont plus l’innocence et la passion de l’enfance. L’un deux, Alexandre, le délaisse alors qu'il l’avait toujours traité comme un fils. Un jour qu’il n’en peut plus de tristesse, il fait venir Alexandre chez-lui [sic] et lui demande de l’aider avec une écharde au doigt. Il manoeuvre afin que le couteau le blesse gravement. Il est hospitalisé. Il y a apparence de suicide mais le psychologue ne voit pas de troubles psychologiques majeurs et le laisse rentrer chez lui, sans trop d'inquiétudes. Il tente de se remettre au piano mais en vain, sa main est trop abîmée. Il décide d'aller rendre visite à son ami français avec qu'il correspond au sujet des chanteurs yé-yé. Il lui laisse des vinyles rares au seuil de la porte sans jamais se décider à entrer et à se rendre compte de la détresse qui incombe aussi son ami. Il rate l’occasion d’assister à un spectacle de vieux chanteurs yé-yé et puis il rentre chez lui. Sa soeur l’accueille à l’aéroport et ses chats l’attendent à la maison. »

[http://contemporain.info/wiki2/doku.php/fq-equipe:luc_mercure_la_mort_de_blaise_montreal_lemeac_2008_genevieve_dufour]

MESSIER, William S., Épique, Montréal, Marchand de feuilles, 2010.

« Étienne, dès l’incipit, nous prévient que son rôle n’a été qu’accessoire dans ‘les événements de 2005’ (p. 13), et que s’il fait figure de protagoniste, c’est uniquement parce qu’en racontant, il devient automatiquement le centre de la perception. Mais son récit en est un parmi tant d’autres, qui s’inscrira idéalement dans un folklore, dans la mythologie déjà grandissante du déluge de juin 2005 et dans l’imaginaire toujours un peu plus débordant de la région entière. Étienne, en prenant la parole, cherche à la fois à nous faire part d’une surabondance de récits et à appartenir à cette même surabondance.

[…]

Lui-même personnage énigmatique et difficile à cerner, en sa qualité confuse d’adulte-enfant, oscillant sans cesse entre son désir de voler et son désir d’invisibilité, Étienne décrit le monde qui l’entoure avec les yeux d’un conteur à la fois expérimenté et naïf, avec la voix d’un jeune homme à la fois désabusé et fasciné par les personnages hauts en couleur qui peuplent son quotidien et son imagination. »

[http://salondouble.contemporain.info/lecture/des-charognes-et-des-hommes]

MODIANO, Patrick, La Petite Bijou, Paris, Gallimard (Folio, 3766), 2001.

--------------, Accident nocturne, Paris, Gallimard (Folio, 3755), 2003.

--------------, Dans le café de la jeunesse perdue, Paris, Gallimard, 2007.

« Un état singulier : le désaisissement.

Les personnages de Modiano sont confrontés à des états de crise particuliers en cela qu’un dysfonctionnement temporaire, une discrète anicroche dans le fil des jours, s’inscrivent peu à peu dans la durée, annihilant insidieusement leur présence au monde. L’épreuve du désaisissement de soi constitue le pivot de cette problématique existentielle, qui génère à la fois des situations romanesques distinctes et des modes de narration singuliers. »

(Bruno Blanckeman, Lire Patrick Modiano, Paris, Armand Colin (Lire et comprendre. Écrivains au présent), 2009, p. 74.)

MOORE, Lorrie, A Gate at the Stairs, New York, Alfred A. Knopf, 2009.

« A Gate at the Stairs raconte une année dans la vie de Tassie Keltjin, jeune femme de 20 ans originaire de la campagne profonde. Tassie étudie dans une petite université du Wisconsin et se cherche un boulot à temps partiel en ce mois de décembre 2001. Elle est finalement engagée comme gardienne chez Sarah et Ed, un couple qui n’a pas d’enfant. En fait, pas encore, car ceux-ci souhaitent adopter un bébé. Ce sera Mary-Emma, une enfant mulâtre âgée de deux ans, à laquelle Tassie s’attache très vite. Au cours de cette année, Tassie connaîtra l’amour et le deuil, l’émerveillement et la détresse. Pourtant, le ton de la narratrice oscille entre l’indifférence comique et une forme d’ahurissement douloureux mais rarement pathétique. Tassie apparaît presque détachée, ou engourdie, comme si elle n’était pas sûre que l’histoire qu’elle raconte la concerne vraiment. ‘I was floating away from myself’, (p. 107) constate la jeune femme le jour où elle accompagne Sarah et Ed au bureau d’adoption. Cette impression persistera tout au long du roman. La naïveté de la narratrice est progressivement déconstruite par des réflexions d’une placide lucidité: ‘I began to feel there was no wisdom. Only lack of wisdom.’ (p. 125) Les expériences pénibles se succèdent et la laissent perdue, abasourdie, ‘as if a tornado had hit and lifted me up, then dropped me down and moved on, bored’. (p. 137) Et même quand Tassie tente une action pour changer le cours des choses, pour retenir tous ceux qui la quitteront inévitablement, elle se rétracte, retourne à l’immobilité. ‘I had mostly in life tried to stand still like a glob of coral so as not to be spotted by sharks.’ (p. 184)

[http://salondouble.contemporain.info/lecture/lart-de-la-l-g-ret]

NICOL, Patrick, La notaire, Montréal, Leméac, 2007.

« Après une séparation, un homme emménage dans une maison de son quartier natal. Il y découvre des photos de lui, enfant. Cette circonstance particulière déclenche un bouillonnement de la mémoire qui trouble la surface du présent, une enquête intérieure sur les circonstances qui ont entouré ces prises de vue.

Entre l’amour désabusé de son ex et la relation purement charnelle qu’il entretient avec une notaire, le narrateur traverse alors une crise qui le mènera, de fausse piste en chemin de traverse, à la découverte d’enjeux qui lui échappent dans une réalité qu'il ne sait pas saisir. On croyait lire un roman psychologique, et ça l’est. Mais il s’agit aussi d’un récit qui démontre avec finesse que les cadavres ne sont pas tous dans les placards. »

[http://lelibraire.org/editeur_archives.asp?id=29#4057]

NOYART, Paule, Les pékinois de monsieur Chang, Montréal, Leméac, 2004.

« Amanda est atteinte du cancer et subit des traitements de chimiothérapie. Elle entreprend la narration du récit des événements et transmet son humour iconoclaste et son point de vue acerbe sur les gens et la vie en générale, notamment en discutant, lorsque sa santé le permet, avec Christian, un adolescent de douze ans qui se pose mille et une questions existentielles. Amanda ne lésine pas sur la médication pour s’épargner la douleur et le roman suit les allées et venues du personnage qui transite entre conscience et inconscience (ses rêves et hallucinations sont transmis au lecteur). Elle traite son entourage durement et les tient à distance par ces méchancetés et son humeur massacrante : elle fait pleurer Éliane, son infirmière, sa soeur qui ne peut supporter qu’elle soit souffrante et malade comme leur mère jadis, son mari Richard qu’elle néglige au profit de Marc, son médecin. Seuls réconforts : les pékinois de monsieur Chang (le pharmacien du quartier) et les pilules magiques qui la font ‘décoller’. Elle raconte également ses souvenirs d’enfance auprès de ses tantes en Espagne, auprès de sa soeur également et de Mimile, son meilleur ami, les frustrations contre le père qui a délaissé sa mère malade, la rencontre avec son mari Richard, ses visions de son ami décédé du cancer Alex maintenant transformé en ectoplasme. Amanda s’intéresse aussi aux marthyrs [sic] catholiques qui se sont dévoués à Dieu et qui se sont complètement abîmés dans l’abnégation et la charité. Plus particulièrement, c’est le père Damien et son travail auprès des lépreux qui la passionnent, de même que son ascétisme. Au fur et à mesure que le roman, on apprend des bribes d’histoires concernant la vie d’Amanda, ses traumatismes, ses souffrances, ses blessures passées qui expliquant son amertume et son humeur cassante. »

[http://contemporain.info/wiki2/doku.php/fq-equipe:paule_noyart_les_pekinois_de_monsieur_chang_montreal_lemeac_2004_genevieve_dufour]

OSTER, Christian, Trois hommes seuls, Paris, Minuit, 2008.

« La fiction semble ici être construite autour de l’idée de la vraisemblance du récit intérieur d'un personnage ordinaire, un anti-héros qui fuit plutôt que d’affronter les événements. Cela ressemble à un réalisme de la subjectivité ; il s’agit de la petite histoire banale d’un homme parmi tant d’autres à qu’il [sic] arrive bien peu de choses. »

[http://contemporain.info/wiki2/doku.php/fq-equipe:oster_christian_2008_trois_hommes_seuls_paris_minuit._genevieve_dufour]

PAGE, Martin, Peut-être une histoire d’amour, Paris, éditions de l’Olivier, 2008.

« Virgile, le personnage principal, revient du travail et trouve sur son répondeur un message de Clara, qui lui annonce que leur histoire est finie : elle le quitte. Toutefois, il ne connaît pas cette Clara. Puis ses amies se mettent à l’appeler parce qu’elles ont appris la nouvelle. Virgile pense que son cerveau est atteint d’une grave forme d’amnésie et croit qu’il va mourir. Il liquide ses trucs, ferme ses comptes, et apprend avec stupéfaction qu’il ne souffre finalement de rien. Il décide donc de mener sa petite enquête. Clara, si ça se trouve, est une fille qu’il a rencontrée dans une soirée. Il ne s’en souvient pas très bien, il avait bu. Il décide de la retrouver pour la reconquérir. Le roman se solde sur une sorte d’échec positif : à la dernière minute, alors qu’il pourrait patienter quelques secondes à peine et faire sa connaissance (parce qu’elle est réelle, finalement), il décide de laisser tomber et de changer de vie, en quelque sorte. Il faut dire que Virgile est un étrange personnage qui n’a pas beaucoup de volonté et qui se laisse habituellement porter par les événements. […]

Il me semble que c’est ici que se déploie tout l’intérêt du roman. Le récit commence avec ‘un accident avec la réalité.’ (p. 14) Le personnage principal se demande si ‘la fine frontière entre réalité et fiction s’était-elle rompue ?’ (p. 18) et on fait référence (en faisant une erreur d’orthographe…) à la Gradiva de Jensen, récit (analysé par Freud d’ailleurs) dans lequel un personnage s’éprend d’un bas relief qui devient alors vivant, en quelque sorte. Cet ‘accident’ se transforme ensuite en ‘trou’, en ‘gouffre de mémoire’ (p. 137), puis devient une simple « ‘farce’ (p. 153). À la fin, le personnage admet que Clara est ‘la seule chose excitante et réelle de son existence.’ (p. 159) »

[http://contemporain.info/wiki2/doku.php/fq-equipe:martin_page_peut-etre_une_histoire_d_amour_paris_editions_de_l_olivier_2008._pierre-luc_landry]

PAQUET, Simon, Une vie inutile, Montréal, Héliotrope, 2010.

« Normand est au centre d’un cercle vicieux: il ne trouve pas le bonheur; il vit donc l’ennui; l’ennui le pousse à chercher le bonheur; il ne trouve pas le bonheur; etc. Cette spirale ne lui permet pas de s’inscrire dans la société qui sans cesse le repousse. […] L’effort de tracer son propre parcours sans l’aide des ‘instances traditionnelles’ est fatal pour lui dans le moment contemporain. Il n’arrive pas à se mettre au diapason de ses voisins. Il est reclus, ne cherchant le bonheur qu’à tâtons aléatoires.

Plus précisément, l’idée de bonheur est rapidement liée à celle d’avoir des ‘projets’. Le bonheur n’est donc pas exactement l’accumulation d’argent ou de biens matériels, mais plutôt le fait d’avoir toujours quelque chose à faire. Il en va du «sens» qu’on donne à notre vie. Sans cesse, Normand tente alors d’avoir des ‘projets’. Constatant que les gens vivent à travers les leurs, en avoir aussi lui semble une solution parfaite à son ennui eurythmique. […] (Or, c’est) bien dans cette position du ‘sans projet’ que Normand est emprisonné entre les murs de son demi-sous-sol. Il n’a pas de ‘représentation du (de son) futur’ puisqu’il n’a pas de projet. Il n’arrive pas à passer au ‘contexte d’action’. Au contraire de la famille de sa sœur, fardée jusqu’au front d’activités, l’inaction règne dans la sienne. Normand a bien un ‘projet’ plus ou moins constant: celui de garder ses neveux. Néanmoins, ce ‘projet’ est vécu par procuration. […] C’est bien plus le projet de sa sœur qu’il vit par ricochet –avoir des enfants, une famille, des activités– que le sien durant ses épisodes de gardiennage. »

[http://salondouble.contemporain.info/lecture/un-journal-tr-s-utile]

STRÖM, Johan af, Ressources de l’épuisement, Montréal, Leméac, 2008.

« Le récit est bien mené. Il s’agit d'une sorte de récit de voyage, mais qui est mené sur le mode de la dérive. Cette dérive, c’est ce qui fait la particularité du récit. Le personnage principal, qui est aussi le narrateur, est tiraillé par des événements sur lesquels il n’a aucun contrôle. Les personnages qu’il côtoie se succèdent à un rythme important et n’apparaissent parfois que dans un seul épisode. […] Ressources de l’épuisement est un roman dans lequel Tafari Richard, le narrateur, fait le récit de sa triste existence. Le récit débute in medias res : il est dans une voiture avec son ami Pablo, au Mexique. Nous apprenons qu’il y passe des vacances avant de reprendre son travail à New York dans un bureau. Au fil du récit, nous apprenons que Tafari est malade : il doit avoir avec lui une trousse qui contient des médicaments et il tient absolument à ce que cela reste secret. Bien que ce ne soit jamais écrit en toutes lettres, nous comprenons qu’il a le sida et qu’il est gravement malade. Cela semble expliquer pourquoi il vit si dangereusement : chaque scène est ponctuée par la consommation souvent abusive d’alcool, et il est également question du fait qu’il est sorti récemment d’une clinique de désintoxication. […]

Au niveau du développement de l’action, il faut noter que le personnage principal est toujours sur le mode de la fuite, de l’errance. Il n’est pas maître du futur immédiat mais plutôt porté malgré lui par la force des événements. Un élément intéressant du récit qu’il serait pertinent d’étudier de plus près. »

[http://contemporain.info/wiki2/doku.php/fq-equipe:johan_af_stroem_ressources_de_l_epuisement_montreal_lemeac_2008_simon_brousseau]