Commentaire : With Those We Love Alive est une fiction hypertextuelle singulière et chargée émotionnellement. Tout d'abord, ce qui fait sa spécificité réside dans sa capacité à créer une interaction avec le lecteur qui dépasse son utilisation du support numérique, phénomène que je n'ai pas encore observé dans ce genre narratif. En effet, le fait que le lecteur soit amené à dessiner sur son propre corps témoigne d'une expérience de lecture plus profonde et une identification davantage probante vis-à-vis de la protagoniste. Au début de l'histoire, il est amené à donner plusieurs informations personnelles (son mois de naissance, son élément favori, la couleur de ses yeux, etc.) ce qui ajoute à son immersion. Tout dépendant de ses réponses, l'oeuvre donne un un nom personnalisé à l'héroïne, dans mon cas, c'était “Purify Melogross”. Pour moi, l'oeuvre touche puisqu'elle se révèle une grande métaphore de l'inéluctabilité des difficultés de la vie, où les traits de crayons représentent des cicatrices. Cependant, plutôt que d'opter pour une posture pessimiste, With Those We Love Alive soutient par son début et sa fin que la douleur est nécessaire et permet la vie. Alors que la première chose que l'on voit à l'écran est un “<3” et que le récit commence sur “Nothing you can do is wrong”, le lecteur comprend d'entrée de jeu la leçon de vie de ce qui suivra: ne pas avoir honte de soi. Tout comme la protagoniste qui suit tout au cours du récit un changement de sexe, le lecteur apprend à voir la nécessité de souffrir pour être heureux. Bref, si les caractéristiques médiatiques de l'oeuvre sont assez faibles, leur absence vient pour moi augmenter le pouvoir des mots et du style tranchant et imaginatif de l'auteure. Selon moi, With Those We Love Alive est l'une des fictions hypertextuelles qui a le mieux réussi à transmettre des émotions, venant ainsi prouver que son médium n'est ni froid, ni artificiel.