Informations paratextuelles Auteur : Victor-Lévy Beaulieu Titre : Monsieur de Voltaire Éditions : Stanké Collection : Nil Année : 1994 Appellation générique : Romancerie Bibliographie de l’auteur : Il a consacré plusieurs ouvrages à des écrivains : Ferron, Hugo, Melville, etc. (Il fait allusion, à la page 22, des écrivains qui ont retenu son attention). Nous savons par ailleurs qu’il travaille actuellement à une biographie sur Y. Thériault. Quatrième de couverture : Mise en contexte du projet d’écriture. Le parcours se présente comme suit : 1) problème d’alcool et enfermement ; 2) lecture de Voltaire ; 3) découvertes ; 4) écriture ; 5) renaissance.
Pacte de lecture Annonce d’un hybride : biographie sur Voltaire (titre) versus facture fiction-roman (appellation générique) Dans une partie autobiographique, VLB laisse entendre que son intention de décrire Voltaire comme on l’a souvent fait n’est que secondaire : « J’essaie de me concentrer pour que, quelque part en moi, l’étincelle jaillisse. Je pense alors à Voltaire, à ce que mes lectures m’ont déjà appris de lui. Le mot monstruosité me sollicite. Il flotte quelque part au-dedans de moi et j’essaie de l’attraper. Que j’y parvienne ou pas n’a guère d’importance. Il y a toutes sortes de façons de lire et, là où j’en suis, dans ce petit boudoir de la maison d’enfermement, je ne suis pas très exigeant. Je laisse les mots venir n’importe comment dans ma tête : l’étude de Me Alain y apprenant le métier de robin, et puis quoi d’autre encore ? » (p. 51). (voir l’extrait rapporté dans la section ‘le biographé’). Les relations entre les instances Auteur/narrateur L’auteur parle en son nom. Les événements relatés dans les sections autobiographiques sont d’ordre factuel (voir ci-dessus).
Narrateur/personnage On pourrait croire que, dans les passages biographiques, l’auteur et le narrateur sont deux instances distinctes. Or le ton nettement factuel du début me laisse croire que le biographe parle en son nom. Lorsqu’il laisse libre cours à son imagination (séquences dialogisées, pensées du biographé), c’est souvent à partir d’informations factuelles ; il s’agit plus d’interprétation que d’imagination à l’état brut.
Sujet d’énonciation/sujet d’énoncé Dans les parties biographiques, ils sont bien sûr disjoints. Cependant, au fur et à mesure où le biographe progresse dans sa lecture de Voltaire, la distance entre les deux instances s’amenuise (voir section biographé ci-dessous).
Le biographé Relation ambivalente que le biographe entretient avec son personnage (voir le quatrième de couverture). Voltaire, l’homme, se présente du point de vue du biographe comme étant une personne avare, orgueilleuse : « Ce Voltaire-là m’horripile, au point de me désintéresser de toute lecture[…] » (117). Alors qu’il s’y projette parfois : « Après tout, ce n’est que Voltaire que je cherche⎯ un état de monstruosité tel que, par comparaison, le mien en deviendrait pour ainsi dire inoffensif (p. 16). (Ce passage peut être conçu comme un pacte biographique, le premier si l’on se réfère à l’extrait ci-dessus où le biographe renonce à cette intention). Présentation des « deux » Voltaire : « Il accomplira ce qui, même pour son père, ne sera toujours qu’un rêve : être immensément riche. Heureusement, il sera aussi écrivain, le premier vraiment professionnel dans tout le monde occidental » (p. 21).
Ancrage référentiel Biographie qui s’appuie sur des sources secondaires (voir bibliographie). Le biographe simule les échanges (polémiques) entre Voltaire et Fréron, Rousseau, etc. (pp. 230-242). Voir également des extraits de textes de Voltaire dans lesquels il vise certaines personnes : J. Bignon (136) ; J. Boileau (136) ; Boursier, etc. (137). Recours à l’onomastique(126-149-179), à la toponymie (16-23-24), aux dates (123), etc.
Indices de fiction Le biographe laisse parfois (rarement) libre cours à son imagination : [après un bref passage autobiographique] « Je l’imagine donc revenu en France et reprenant sa vie là où il l’a laissée » (116). Dans partie autobiographique, narration d’un rêve (111-116). Thématisation de l’écriture C’est plutôt rare : « C’est de commencer qui est difficile, aussi bien dans la vie que dans la littérature. À vingt ans, Voltaire ne sait pas encore comment faire. Il ne sait surtout pas ce qu’il doit faire. Il ne suffit pas d’être prêt à tout, il faut d’abord avoir quelque chose à dire et trouver à être entendu. Ce n’est pas probant chez le jeune Voltaire. (53)
Attitude de lecture
Hybridation, Différenciation, Transposition Alternance marquée entre l’autobiographie et la biographie. Parfois, à l’intérieur même d’un chapitre, on retrouve les deux genres (chapitres 2-20)
Autres Transition entre Voltaire et VLB marqué à l’aide des déictiques : « Hier, c’était samedi le 30 mai 1778, et Voltaire est mort à Paris […] Mais moi, je suis vivant. Aujourd’hui, c’est jeudi, le 11 novembre 1993 […] (bis) […] Hier, c’était samedi le 30 mai 1778, et Voltaire est bien mort. Aujourd’hui, c’est jeudi le 11 novembre 1993 et je suis vivant. Oui, franchement vivant. Tout est bien. 22 septembre ». (245-254)
Lecteur/lectrice Simon Fournier