====== Dominique VIART (2001), « Écrire au présent : l’esthétique contemporaine » ====== dans Michèle Touret et Francine Dugast-Portes (dir.), Le Temps des Lettres. Quelles périodisations pour l’histoire de la littérature française du 20e siècle ?, Rennes, Presses de l’Université de Rennes, coll. « Interférences », p. 317-336. **Note :** recherche d’un discours sur comment faire un état présent de la littérature et sur les notions de contemporain et autres. __Résumé :__ Sorte de plaidoyer technique en faveur de la légitimité de s’intéresser au contemporain, malgré les réticences que cela soulève chez bon nombre de critiques universitaires (par exemple : ce sont les outils et non l’objet d’étude qui font la qualité de la démarche). Il tente aussi de saisir des inflexions du contemporain français par une démarche plus théorique. __Sur la notion de « contemporain » :__ la notion elle-même est fluctuante ; « Elle désigne le présent, mais étendu à une période dont l’appréciation demeure floue et empirique. Il paraît impossible de donner une “origine” à cette extension du présent, sinon peut-être en déterminant la clôture – la fin – de la période qui le précède. L’étude de la littérature contemporaine, comme de toute autre époque littéraire, requiert un effort de périodisation. Pour cela il est nécessaire d’identifier la période dans laquelle nous sommes, ce qui, bien évidemment ne peut se faire qu’en désignant le moment où cette période débute, c’est-à-dire celui où se marquent des différences esthétiques substantielles avec la période qui la précède immédiatement. Aussi faut-il se rendre attentif à l’apparition de nouveaux enjeux, de nouvelles pratiques, de nouvelles formes… » (2001 : 318) Pour Viart, « un tel travail suppose une démarche en trois temps », dont, en troisième lieu, « tenter de marquer les caractéristiques propres de cette esthétique contemporaine naissante » de deux façons : 1. « Grâce aux discours métalittéraires qui se tiennent à son endroit ou qui l’accompagnent » (2001 : 318) 2. « Grâce à l’examen des pratiques d’écriture elles-mêmes et des enjeux de ces écritures […] » (2001 : 318-319) * Note : C’est aussi ce que nous proposons : il faudra voir comment on se situe par rapport à Viart. __La frontière de 1980 :__ • « C’est ainsi que le début des années 80 – bien des observateurs s’accordent à le constater – a manifesté une prise de distance envers les écritures expérimentales dominantes des deux décennies précédentes. » (2001 : 319) • Il élit 1984 comme année symbolique. 2 événements : 1. Arrêt en 1983 de la publication de Tel Quel, emblématique d’une certaine avant-garde. 2. Parution, en 1984, des Modernes de Jean-Paul Aron, « véritable pamphlet contre les travers de ces avant-gardes » (2001 : 320) ; puis, de 1982 à 1986, plusieurs parutions significatives en lien avec les nouvelles esthétiques : « Toutes ces œuvres soit marquent une nouvelle forme d’écriture chez des écrivains confirmés, soit font advenir sur la scène littéraire des écrivains nouveaux, différents, dont les choix, thématiques et formels, renouvellent sensiblement les productions antérieures. » (321) • 1986-87 = 2 publications qui, selon Viart, constituent « une véritable tentative pour penser le contemporain, et pour le faire en dehors des catégories en usage dans les décennies précédentes » (325) : 1. Colloque organisé à l’Université Paris 7 « L’Extrême contemporain », publié en 1987 dans la revue de Michel Deguy, Po&sie (no 41) 2. Numéro de la revue L’Infini dirigé par Alain Nadaud (no 19, été 1987) intitulé « Où en est la littérature ? » __Sur la notion « d’extrême contemporain » :__ • attribuable à Michel Chaillou qui ne la théorise toutefois pas, mais la notion propose « une sortie du système de pensée dichotomique qui caractérise la modernité » (325). • La notion propose aussi « un nouveau rapport au passé, à l’héritage culturel et à sa reviviscence. » (325) • L’extrême contemporain serait finalement une esthétique, car Viart le présente comme une sorte de présentisme (sans utiliser le mot) : « […] est ce souci du présent, qui ne s’aventure plus à décider des esthétiques du lendemain, qui s’invente dans l’instant, sans conscience claire de ce qui doit être ni a fortiori de ce qui “sera” ou “ne sera pas”. » (326) __Autres :__ * Sur les diverses étiquettes liées au « post » et autres : « Les autres formules ici et là avancées telles que “surmodernité”, “postmodernité”, “seconde modernité” ou même “néomodernité” ne proposent rien d’autre qu’une modulation du rapport de l’esthétique contemporaine à la modernité, sans même trancher sur ce qui est ici présenté comme n dépassement, là comme un renouvellement. » (322) *** Donc, ne pas aller trop avant dans les définitions, sans chercher à situer la production par rapport à une esthétique antérieure, mais observations de phénomènes. * Sur le caractère hétérogène que la critique proclame pour mieux ne pas le confronter : « On le voit, la réflexion critique ne peut finalement proposer que le constat d’une dispersion et souligner le défaut, l’absence de toute théorisation esthétique générale. Sauf à faire de ces recherches dispersées et de cette absence théorique même la caractéristique du temps. » (328) * Passage sur le fait divers p.332-333 comme « présent en procès »