Viart, Dominique (dir.), Écritures contemporaines 1, Mémoires du récit, Paris, Lettres Modernes Minard, 1998.

Viart, D. « Mémoires du récit : questions de la modernité », p. 3-27 « telle reviviscence des formes narratives (à partir des années 80) a partie liée à la mémoire, que le récit soit une forme dont on se souvient et avec laquelle on joue pour élaborer des oeuvres nouvelles qui ne se refusent plus le plaisir de raconter (mémoire du récit), que la prise en charge d’une mémoire pressante impose le recours au récit pour se mettre en forme (récits de mémoire), ou encore que le désarroi d’une période en mal de références pousse les écrivains à chercher à partir des récits reçus à édifier quelque chose comme un état présent de notre savoir et de notre situation (mémoire de récits). » (p. 7) nouvelles fictions : (L’expression apparaît pour la première fois comme titre d’ouvrage de J.-L. Moreau en 1992) Des fictions pour le plaisir de la fiction. Reconnaissant leur désir narratif, les écrivains de ces textes dits impassibles ne se laissent aller au récit qu’à la condition de n’en être pas dupes. Ainsi ces textes donnent d’un même élan le récit et sa parodie, renouvelant, mais de façon ludique, les jeux des nouveaux romanciers. p. 13 Le modèle ultime serait le mythe puisque ce dernier est « d’abord un récit imaginaire, qui excède l’anecdote, méconnaît la simple psychologie pour obéir à des ressorts bien plus obscurs et plus essentiels. » (p. 17) L’écriture de soi : À partir du début des années 80, « ces récits de la mémoire et de la perte font l’épreuve d’un deuil impossible, car le passé n’est jamais suffisamment constitué pour que l’on puisse l’enfouir. » (p. 23) « Alors que dans la tradition du récit, l’acte narratif et le contenu diégétique avaient pour visée principale une projection du narrataire – et souvent du narrateur lui-même – dans l’époque considérée, le récit contemporain me semble mettre l’accent sur le présent de son énonciation. […] il met l’accent sur la discordance qui se creuse entre la position du narrateur et la matière de sa narration. » (p. 26)

Briot, F. « La Littérature et le reste », p. 157-175 Briot voit l’écriture contemporaine comme un processus de recyclage : « Ces récits fonctionnent donc sur un principe d’égarement. Dans cet univers du plagiat, où toute écriture est forcément une réécriture, une mémoire, le plus important n,est pas la reconnaissance de la source, la reconstitution d’un état d’“avant la poubelle”, mais le simple soupçon, ludique, que cela vient d’ailleurs, et a servi, ailleurs et en d’autres temps, à d’autres intentions, d’autres fonctions. » p. 171