FICHE DE LECTURE « Les postures du biographe »

INFORMATIONS PARATEXTUELLES

Auteur : PARINI, Jay Titre : Une année dans la vie de Tolstoï Lieu : Paris Édition : Albin Michel Collection : Les grandes traductions Traduction : The last station, 1990, trad. de l’américain par François-René Daillie Année : 1993 Pages : 320 Cote BNQ: P231u

Biographé : Léon Tolstoï

Pays du biographe : États-Unis

Pays du biographé : Russie

Désignation générique : Roman

Quatrième de couverture ou rabats : Résumé de l’œuvre et brève présentation de l’auteur : « Poète et romancier, Jay Parini, s’inspirant des journaux intimes et de la correspondance des familiers de Tolstoï, a écrit un roman à plusieurs voix, nuancé, poétique, et d’une rare justesse de ton. Il y peint, entre fiction et réalité, l’émouvant portrait d’un mythe vivant saisi dans ses contradictions, idolâtré ou manipulé, aimé ou haï, mais avant tout profondément humain. »

Préface : non

Autres informations : Exergue : « Il y avait un centre bourbeux avant que nous respirions Il y avait un mythe avant que commençât le mythe Vénérable et articulé et au complet. De là naît le poème : nous vivons en un lieu Qui n’est pas le nôtre et, plus encore, pas nous-mêmes Et c’est bien dur en dépit des jours blasonnés » WALLACE STEVENS, « Notes en vue d’une Fiction Suprême »

Postface : Dans sa postface, l’auteur explique la genèse du roman : étant tombé par hasard sur le journal de Boulgakov relatant l’année qu’il avait passé au côté de Tolstoï, Parini pousse plus loin la recherche pour s’apercevoir que d’autres personnes de l’entourage de Tolstoï, ainsi que Tolstoï lui-même, avaient tenu des journaux qui concernant toujours de manière plus élaborée l’année 1910 : « Les lire à la suite, c’était comme regarder une image identique à travers un kaléidoscope. Je fus bien vite épris de ces formes de vie symétriques, constamment changeantes, qui se présentaient à ma vue. » (318) L’auteur indique par ailleurs que lorsqu’il fait parler Tolstoï dans son roman, c’est qu’il cite les véritables paroles de l’écrivain ou recrée un dialogue à partir d’extraits en style indirect. Parini en profite également pour mentionner ses nombreuses sources (dont plusieurs biographies de Tolstoï) et remercier ceux qui l’ont aidé dans l’écriture de son roman.

Textes critiques sur l’auteur : Ce texte semble faire l’unanimité, autant pour le ton et le style du bioraphe quee pour le contenu même de la biographie.

SYNOPSIS

Résumé ou structure de l’œuvre : Très important d’abord, ce roman est polyphonique : pour chaque chapitre, le lecteur se trouve devant les écrits intimes des différents personnages de l’histoire : Sophia Andreïevna, la femme de Tolstoï, Sacha, sa fille, Boulgakov, son secrétaire, Dr Makovitski, son médecin personnel, Vladimir Tchertkov, fervent disciple et ami. Quelques chapitres (5-6) portent les initiales L. N., pour Léon Nikolaïevitch (Tolstoï lui-même) et trois chapitres porte celles de J. P., qu’on suppose être celle de l’auteur, Jay Parini, qui sont en fait des poèmes : « Promenade de fin d’hiver dans le bois de Zassieka » (64-65), « Sextine pour Sonia [Sophia Andreïevna] » (173-174) et « Élégie ». Dans cette perspective kaléidoscopique, chaque chapitre répond au précédent, soit en donnant des précisions sur les événements racontés précédemment, soit en donnant une nouvelle version des événements, soit permettant au récit d’avancer par de nouvelles actions qui sont toujours en lien avec ce qui s’est passé auparavant. L’ensemble donne un peu la même impression qu’un roman épistolaire où le lecteur a accès à toutes les lettres – contrairement aux protagonistes de l’histoire – mais ici, le lecteur est devant des extraits de journaux intimes.

Topoï : mensonge, hypocrisie, amour, Dieu,

Rapports auteur-narrateur-personnage : Comme le lecteur se trouve, à chaque chapitre, devant un extrait de journal intime, il n’y a pas de narrateur à proprement dit. En ce qui concerne la relation entre auteur et personnage, le premier ne se trouve pas non plus exactement personnage dans son récit, mais il s’y intègre par quelques chapitres annoncés « J. P. » qui présentent des poèmes à propos de situations du livre ou de personnages. Sa présence est donc indéniable.

I. ASPECT INSTITUTIONNEL

Position de l’auteur dans l’institution littéraire : Parini set notamment l’éditeur en chef de L’Encyclopédie de littérature américain de l’Université d’Oxford, il est aussi professeur de littérature.

Position du biographé dans l’institution littéraire : Tolstoï, emblème de la littérature russe moderne…

Transfert de capital symbolique :

II. ASPECT GÉNÉRIQUE

Oeuvres non-biographiques affiliées de l’auteur :

Place de la biographie dans l’œuvre de l’auteur : En 1994, Parini a publié une autre biographie, cette fois sur John Steinbeck, qui semble avoir été tout aussi bien reçu que celle sur Tolstoï.

Stratégies d’écriture et dynamiques génériques : Hybridation biographie et journal intime de manière très originale et, surtout, efficace.

Thématisation de la biographie : non

Rapports biographie/autobiographie : non

III. ASPECT ESTHÉTIQUE

Oeuvres non-biographiques affiliées du biographé :

Échos stylistiques : Cela se retrouve surtout dans les chapitres où c’est Tolstoï lui-même qui parle / écrit. Parini se doit de tenter un pastiche de l’écrivain pour la crédibilité de son œuvre. N’étant une tolstoïenne chevronnée, je dirais qu’il y réussi tout de même assez bien, reprenant le style fluide, clair et net de Tolstoï qui ne s’adressait pas à l’élite dans ses œuvres, mais au peuple, et qui se devait, pour cette raison, de demeurer intelligible pour le commun des mortels.

Échos thématiques : Oui, mais cela semble de toute évidence pour montrer le lien entre la vie et l’œuvre de Tolstoï : le voyage en train, l’inégalité des classes sociales, les désaccords amoureux, etc

IV. ASPECT INTERCULTUREL

Affiliation à une culture d’élection : L’auteur vient des Etats-Unis et le biographé de « Russie », mais rien dans le roman ne soulève la question de l’interculturalité. L’auteur s’attache exclusivement à la vie de Tolstoï et à ses préoccupations, qui sont davantage d’ordre hiérarchique que culturel…

Apports interculturels :

Lecteur/lectrice : Catherine Dalpé