**Fiche de lecture** **1. Degré d’intérêt général** Projet diffraction : faible Projet enquête : nul Bien que le roman se lise avec plaisir, il n'en demeure pas moins sombre et un brin tourmenté. Le narrateur désabusé mène une sorte de double vie : contaminé par la joie de vivre de sa « charmante épouse » - Lagrange, qui n'a pas de prénom ni de véritable substance - il joue le mari comblé alors qu'au fond de lui il éprouve un dégoût à la limite du mépris pour cette femme ronde, douce, harmonieuse. Son écriture trouve sa source dans le malheur, la sécheresse, la décrépitude. Plein de sarcasme, le narrateur évolue à contre-courant d'une société bien pensante qui vise la plénitude et le bonheur absolu. **2. Informations paratextuelles** 2.1 Auteur :Jacques Serena 2.2 Titre : L'acrobate 2.3 Lieu d’édition : Paris 2.4 Édition : Minuit 2.5 Collection : 2.6 (Année [copyright]) : (2004) 2.7 Nombre de pages : 125 p. 2.8 Varia :Sixième roman de l'auteur publié chez Minuit. **3. Résumé du roman** Quart de couverture : « Quand on est enfin parvenu à vivre en sécurité avec ce qu'il y a de mieux comme femme qui, de surcroît, fait du poulpe en daube, on pourrait se contenter d'apprécier. Et oublier ces nuits où l'on ne pouvait s'empêcher de partir en quête de ces filles au bout du rouleau, sous prétexte qu'elles rappelaient Sophie Roche, celle qui apparaissait souvent dans nos crises et qu'on avait même cru reconnaître, parfois, ici où là. On aurait peut-être fini par aimer le poulpe en daube, s'y tenir, en véritable acrobate, si, un jour, une de ces filles n'était pas revenue frapper à notre porte. » Le roman met en scène un écrivain qui, malgré son épouse parfaite aux yeux de tous, ne peut s'empêcher de sortir le soir pour accoster les « filles paumées » qui font du porte à porte pour subsister. Obsédé par le souvenir d'une femme qu'il a rencontré dans un bar, il tente de la retrouver parmi les « fiévreuses », ces femmes maigres, sombres et sauvages qui lui rappellent sa vie avant son mariage. Ce mariage constitue d'ailleurs une façade pour répondre à l'image communément admise du prestigieux auteur publié. Alors que le romancier réussit enfin à contrôler ses envies de sortir le soir, son épouse engage une femme de ménage qui ressemble à s'y méprendre à Sophie Roche, sa Vénus des crises, la fiévreuse qui le hante. À la fin du roman, la femme de ménage tient de plus en plus tête à la maîtresse de maison, ce qui sème la discorde dans l'appartement. **4. Singularité formelle** Mis à part l'absence de chapitres, rien de particulier à signaler. Le texte est un flot presque continu, divisé à l'occasion par des blancs et des alinéas. **5. Caractéristiques du récit et de la narration** La narration est autodiégétique et laisse une place très importante aux réflexions et aux souvenirs du narrateur. Le récit n'est pas chronologique : il débute dans le présent du personnage, mais bascule de temps à autres dans un passé indéterminé - apparemment avant son mariage et son succès littéraire. En général, seul le changement de temps verbal marque le passage d'une temporalité à l'autre (le roman est raconté au présent, sauf les scènes de souvenirs ou de crises qui sont au passé). **6. Narrativité (Typologie de Ryan)** 6.1- Simple Justifiez : Un narrateur, une histoire, tout ce qu'il y a de plus simple! **7. Rapport avec la fiction** Rien à signaler. **8. Intertextualité** Rien de significatif; je n'ai repéré aucune référence. **9. Élément marquant à retenir** L'espèce de « dédoublement » du personnage, qui, avec sa femme, agit comme un automate (il ne relate en général que ses actions quotidiennes, banales, en sa compagnie : manger, ranger la vaisselle, parler des tâches domestiques) et qui, le soir, part chasser cette femme qui le rattache à son passé. Il y a un fossé immense entre ce que le personnage tente de projeter aux yeux des autres ( une image superficielle de mari comblé qui aime la beauté et la plénitude) et son monde intérieur, sa vision de la profondeur qui se résume à une femme épuisée, maigre, sauvage.