Schoots, Fieke, « Passer en douce à la douane » : l’écriture minimaliste de Minuit, Amsterdam, Rodopi, 1997. Écrivains : Echenoz, Toussaint, Deville, Redonnet « Minuit publie dès 1979 un nombre relativement grand de débuts littéraires. » (p. 11) La critique croit immédiatement que l’histoire se répète et, encouragée par la maison d’édition, réunit quelques uns de ces auteurs sous le dénominateur commun de « romans impassibles » (autres noms attribués à ce groupe : le Nouveau Nouveau Roman, le renouveau romanesque inauguré par Minuit, la génération salle de bain, le roman minimal, auteurs ou romans minimalistes). En même temps que cette génération apparaît, les Nouveaux Romanciers publient des oeuvres autobiographies, tandis que d’autres auteurs comme Sollers, Tournier, Modiano et Le Clézio « poussent toujours plus loin leur inclassable recherche romanesque. » (p. 16) Pour les impassibles, il ne s’agit pas d’une auto-périodisation comme celle que les Nouveux Romanciers se sont imposées ; ils ont plutôt dénié et même déprécié tout groupement en famille littéraire. (p. 25) Ils ont donc aucun manifeste, aucine déclaration publique. « L’orientation de leurs recherches romanesques se caractérise, de prime abord, par la narration d’une histoire qui joint le jeu de la réflexion. » (p. 38) « Impassible » ne veut pas dire « insensible », mais plutôt le contraire : « qu’on ne trahit pas ses émotions... » (Lindon, p. 26) « L’impression d’impassibilité est donc due à la désinvolture des narrateurs et à la nonchalance des personnages. On pourrait tenter ici un rapprochement avec “l’ironie objective”, une des particularités de l’ère postmoderne selon Jean Baudrillard. » (p. 48) Le « minimalisme narratif » de ces auteurs fonctionne à trois niveaux : la forme (brièveté des mots, phrases, paragraphes, récits, oeuvres) ; le style (syntaxe, vocabulaire simplifiés), le contenu (vidé de relations de causalité entre les événements, prénoms simples des personnages, économie de techniques narratives, etc.). (p. 52-55) Le regard est très important et abondant dans ce genre de texte. Associés au retour au récit consitutif des années 80, mais ce n’est pas un retour naïf ni un retour au « même » récit. Le fragmant, les blancs (formels, synaxiques, narratifs) sont caractéristiques de cette nouvelle façon de faire du récit. Le récit minimaliste prend le hasard ou la réflexion chaotique comme principe organisateur (ce qui reflète les pensées dominantes de la postmodernité), Il se situe beaucoup plus par rapport à l’espace que par rapport au temps. Une malaise ontologique parcourt les personnages de ces récits : trous dans la couche d’ozone, tremblements de terre, etc., toutes ces forces néfastes qu’on ne voit pas forcément. Ces personnages perdent souvent contacte avec la terre, deviennent nomades modernes. Ces écrivains ont été aussi bien associés avec le recul de la modernité qu’avec un postmodernisme critique, c’est-à-dire qui réfléchit sa propre relation avec la modernité. Écrivains proposés par les critiques : Echenoz, Toussaint, Deville, Redonnet, Laplace, Carrère, Kaplan, Bernheim. Bon, Visage, Laclavetine, Chevillard, Oster, Gailly, Guibert, Bergounioux, Nadaud, Rio, (mais les critiques ne sont pas d’accord, chaque critique fait le tri de ces écrivains pour en constituer leur propre liste.)