INFORMATIONS PARATEXTUELLES
Auteur : Olivier Wickers Titre : Trois aventures extraordinaires de Jean-Paul Sartre Édition : Gallimard Collection : L’un et l’autre Année : 2000 Appellation générique : aucune Bibliographie de l'auteur : ? Quatrième de couverture : idéogramme de la collection Rabats : OUI, gauche : extrait de la page 13 (prologue) : Sartre en 1939, brûlant un manuscrit ; droit : description de la collection
LES RELATIONS (INSTANCES EXTRA ET INTATEXTUELLES):
Auteur/narrateur : le narrateur est extradiégétique Narrateur/personnage : le narrateur fait montre d’une appropriation de l’œuvre qui lui permet d’entrer dans l’intimité du personnage par le biais d’une description non linéaire. Cette appropriation bien documentaée, qui passe par une excellente connaissance de l’œuvre et de la vie de Sartre, reste toutefois sans concession et donne l’impression d’une biographie objective qui montre bien le caractère ambigu, antipathique et finalement pathétique du graphomane (p. 151 : « Je tenais les mots pour la quintessence des choses »), devenu «soudain le figurant de sa propre existence» (p. 215)
Sujet d'énonciation/sujet d'énoncé : trois moments de la vie de Sartre, à travers l’œuvre - structure très simple : «poursuivre - commencer - finir» : Les carnets de la drôle de guerre (1939), Les mots, L’idiot de la famille.
Ancrage référentiel : les trois œuvres, les événements historiques : la 2e guerre mondiale, les événements de Billancourt (très discrètement)
Indices de fiction : En est-ce une ? plutôt une réflexion alimentée par la lecture intériorisée de l’œuvre, un «autoportrait» en différé de Sartre à travers son oeuvre: «Le grand sujet des carnets, c’est lui» (58). «Le portrait ressemblant de JPS existe sans doute et même après Les mots, il reste à faire» (112) Emploi du conditionnel au chapitre 5 : «Théâtre : les ombres », p. 204, ex 213 : On aurait vu Les derniers jours de Jean-Paul Sartre
Topoï : L’écriture au péril de la vie, la graphomanie - et l’inachèvement (comme garantie contre la mort) Autoportrait de l’écrivain forcené, incapable de ne pas écrire, le «séquestré», le malade («il tient à jour une comptabilité précise du nombre de pages et de carnets écrits […] Les grands malades n’agissent pas autrement »(58)) … le graphomane - «Public et inaccessible» (109) - «Il eût voulu être Rimbaud, le poète aux semelles de vent et aux poches trouées qui envoya tout balader, mit ses cahiers au feu et la littérature avec.» (107) «Les mots seront un Blitzkrieg. Ils ont aussi beaucoup d’une biographie en trompe-l’œil. Ils se gardent bien de tout dire, des date sont fausses, la chronologie et les lieux sont savamment mêlés ainsi que les voix de l’auteur qui écrit avec celle de l’enfant qui rêve écrire (111)».
Biographé : SARTRE -
Pacte de lecture : «Trois Sartre, et une seule passion, toute une vie pour savoir ce qu’écrire veut dire» p. 12 autoportrait (?) - à travers Sartre, qui passe les 15 dernières années de sa vie à essayer de comprendre Flaubert, est-ce la démarche de l’auteur - Wickers - qui essaie de comprendre Sartre? : «On parle toujours de soi à travers les autres […] Parler d’une vie, de toute une vie, lui restituer sa vérité dans ce qui la fait et la défait pour comprendre un homme, tout un homme» (103) Position de Sartre : «sur un carnet de guerre : “Ma vie était une composition en rosace où la fin rejoignait le commencement : l’âge mur et la vieillesse donnaient un sens à l’enfance et à l’adolescence. En un sens j’envisageais chaque moment présent du point de vue d’une vie faite, il faudrait dire : du point de vue d’une biographie.”/ Ces jours-là, il vivait sa biographie, en attendant de se relire.» p. 17 «Finissons-là cet autoportrait. La guerre, en commençant, l’a interrompu » p. 89
Attitude de lecture : Ce livre se dévore, même si l’on a peu d’intérêt pour le sujet. Cela tient au ton désinvolte et au style. De plus, c’est un beau cas de bio en miroir : tentative de faire le portrait d’un écrivain qui fait le portrait d’un écrivain…Belle réflexion donc sur la tentation du biographique et ses écueils.
Projection de l’auteur de la bio ? : «Les dédicaces sont des hommages aux victimes consenties des livres. On dédicace un livre à celui ou celle contre qui il a été fait, puisque c’est loin de cet être qu’on est allé jouer à se faire auteur» (p. 221) [le livre en compte 2] et, clausule : «Les enfants ne mentent pas, seulement, ils ne savent pas ce qu’ils disent, et les adultes qui suivent, pas toujours ce qu’ils font. » (p. 238)
Hybridation, Différenciation, Transposition «Tous les genres sont abordés dans les carnets» (57) «On y trouve en vrac de la philosophie, des notes de lecture, les impressions du moment, des amorces de biographies, la sienne, celle de l’empereur d’Allemagne, Guillaume II l’infirme […] Plus loin, se croisent des souvenirs et des récits de l’instant, un poème. Mais surtout, il écrit sur lui, sa vie passée et présente […] Au poids, on ne distinguerait pas à coup sûr entre les objets et leur importance : une métaphysique ne tient pas plus de place qu’un récit de chambrée et d’ailleurs, ils se mêlent.» (58) «En avril 1964 […]. Il arrêtait un moment ses courses à travers tous les genres, essais, critique, théâtre, philosophie.» (99) Que sont Les mots dont l’auteur a pris le soin de ne pas précisr le genre ? Un récit, des Mémoires, un roman ? S’agirait-il alors de mensonges littéraires, de ceux qui servnt, selon les écrivains, à faire plus vrai ? (126-7)
Autres remarques : épigraphe provocatrice en regard du titre : «Il n’y a pas d’aventure, il n’y a que des histoires» (La nausée)
Élisabeth Haghebaert