0FICHE DE LECTURE INFORMATIONS PARATEXTUELLES Auteur : Anne PARLANGE et Vincent LESTRÉHAN Titre : Les pavots de la vieillesse. Sade à Charenton Lieu : Paris Édition : Seuil Collection : Cadre Rouge Année : 2005 Pages : 164 p. Cote : BNQ Parlange P2526p Désignation générique : Roman Bibliographie de l’auteur : Anne Parlange = Le souffle du minotaure (`2002), Vincent Lestréhan = Les rège de la comptabilité publique ( !!!) La première est romancière et le deuxième est trésorier-payeur général. Biographé : Le comte Donation de Sade, connu sous le nom de marquis de Sade Quatrième de couverture : Résume l’intrigue du roman = «Le 27 avril 1803, Donation de Sade est extrait de sa prison de Bicêtre et conduit à l’hospice de Charenton, un établissement spécialisé dans le traitement de la folie. Il y passera ses onze ultimes années de captivité, qui seront aussi les dernières années de sa vie. En tout, il sera resté enfermé près de vingt-neuf ans. Sade est vieux et se souvient. Il ment, il manipule, il invente. Mais une part de la vérité de cet être absolument singulier, qui a imaginé dans ses grands romans pornographiques les configurations les plus atroces, émerge. Pourquoi la lecture de son œuvre provoque-t-elle ce profond bouleversement ? Qu’il n’ait jamais réalisé les terrifiantes cruautés qu’il a écrites le différencie des innombrables bouchers que compte l’histoire, mais l’y apparente, quoi qu’on en ait. Certains affirment qu’il a fait œuvre de moraliste, par sa démesure même.» On précise – et ce n’est pas sans intérêt ici – que «Tout est vrai dans ce roman, à l’exception du personnage de Morvan Tonnerre, témoin fasciné de cet homme acharné jusqu’à la fin à représenter l’abominable et qui a attaché à cette représentation plus de prix qu’à sa liberté.» (Je souligne) Préface : Aucune. Autres (note, épigraphe, photographie, etc.) : 1- un appendice où sont présentés les «Incarcérations de Donation de Sade (1740-1814)» et qui se termine par la mention suivante : «En tout, Donation de Sade aura été incarcéré pendant 28 ans et 7 mois» (p.157-162). Le propos du roman étant avant tout de mettre en relief la «captivité» (physique, psychologique, symbolique) de Sade, cet élément vient ajouter au léger «pathos» du livre. 2- Une note des auteurs soulignant que «les relations difficiles qu’entretinrent Antoine Athanase Royer-Collard et François Simonet de Coulniers sont attestées par les documents historiques conservés par les archives départementales du Val-de-Marne. Elles ne sauraient toutefois faire oublier que le docteur Royer-Collard est l’auteur d’une œuvre scientifique reconnue.» (p.161) Étant donné que ce personnage est dépeint sous un fort mauvais jour dans le roman, on dirait là une façon d’éviter les poursuites de ses descendants ( !!!) LES RELATIONS (INSTANCES EXTRA ET INTRATEXTUELLES) : Auteur/narrateur : Nous sommes dans une fiction et, qui plus est, la narration est déléguée à plusieurs personnages dont les récits s’entrecroisent : Sade écrivant et racontant des passages de sa vie (dans un cadre qui n’est précisé qu’une fois ; il s’agirait de carnet qui relèvent toutefois essentiellement du monologue intérieur) ; Morvan Tonnerre, l’économe adjoint boiteux de la maison de Charenton qui tient une sorte de journal qui lui permet de « consigner les événements étranges dont [il] se trouve le témoin » (p.15) et qu’il dit dédier par ailleurs à Mme Quesnet ; et M de Coulmiers, le directeur de la maison de Charenton, qui écrit des lettres au ministre de l’Intérieur. Narrateur/personnage : Je crois qu’il vaut la peine de s’attarder à la relation qu’entretient le narrateur principal (en l’occurrence Morvan) avec le personnage de Sade, puisque ce rapport me semble être une mise en abyme ou, du moins, un moyen privilégié par les auteurs pour faire le portrait de Sade. Morvan est en effet à la fois fasciné et dégoûté par le comte et tout ce qu’il vivra, observera et entendra pendant sa longue période de détention permettra de donner du relief à la mise en scène du biographé. Ainsi, lorsqu’il le rencontre pour la première fois : « Ses yeux vides s’étaient peuplés d’une séduction, d’une emprise, d’une force, d’une volonté, d’une tension qui se communiquèrent à moi, passant de ma jambe courte à ma poitrine dans une sorte de pincement. » (p.23-24) Il ajoute, plus loin : « Les premières semaines furent un désobligeant calvaire. Le comte de Sade se montra tyrannique, despotique même, irascible et insultant dès que je m’avisais de contrarier ses vues. C’était pis que tout ce que je pouvais imaginer. Plus de deux cents malades vivent dans notre maison, mais à lui seul il exigeait plus de soins qu’eux tous. Le temps pour lui n’a pas passé. C’est un aristocrate de la pire espèce. » (p.41) Mais tranquillement, sa fascination s’affirme : « Mais il a l’âge d’être mon père et ce rôle qu’on me fait jouer ne me convient guère, s’il faut le dire. Ce pensionnaire me déplaît fortement par ses manières pleines de morgue et par ce que tout le monde dit de lui relativement à ce qu’il a fait avant d’arriver. Pourtant, je ne sais quoi en lui m’émeut et me remue. Il est très menteur, invente sans cesse des billevesées et des mélodrames pour la moindre chose. Mais quand il crie quelque chose en lui ne ment pas. » (p.42) « Il ne parle jamais de son passé. Et il ment si effrontément que je n’ajoute aucune foi à ce qu’il raconte. Je le fuis plutôt que je ne recherche sa compagnie, en dépit de la consigne que m’avait donnée M. de Coulmiers de gagner sa confiance. Mais il me trouble infiniment. Je ne puis m’empêcher de l’observer et de l’écouter à la dérobée quand il parle avec le directeur, ce qui arrive souvent. Sa voix, d’abord, me plaît, quoi que j’en aie. Il y court une sorte de vibration, d’onde, d’écho, comme si elle contenait non point les inflexions d’un seul homme, mais celle d’un monde caché. Sa voix recèle un paysage. Et c’est bien, si j’y réfléchis maintenant, en traçant ces lignes, lorsque je me suis fait cette remarque que j’ai commencé à perdre ma tranquillité. Je ne crois ni à Dieu ni à Diable, mais l’idée m’est venue tout d’un coup que cet homme était le diable, ou plutôt que cet homme était plusieurs hommes. » (p.53-54) « Quelque âge qu’il ait atteint, quelque embonpoint qui l’entoure et quelque négligence qu’il apporte à sa mise ordinaire, ce Lucifer n’est point entièrement déchu. Il brille encore d’un éclat que même moi je perçois et qui, je dois le dire avec honte, me fascine et m’attire. » (p.105) Biographe/biographé : Le portrait de Sade est assez nuancé, quoiqu’on ait l’impression d’une certaine tentative de légitimation. La double narration permet toutefois de donner les deux contrepoints ; Sade est présenté comme un être à la fois répugnant et fascinant, mais le fait qu’il soit peu représenté en action rend difficile tout jugement définitif sur lui. À travers ses carnets fictifs, Sade offre une sorte de plaidoyer lui permettant de défendre ses positions et ses choix. De plus, les choix opérés par la narration permettent de mettre en scène un Sade souffrant de son emprisonnement et qui apparaît très humain : « J’ai été interdit de lecture et d’écriture, je le suis maintenant de parole. Il m’est défendu de parler à qui que ce soit en dehors de mon appartement. À Vincennes et à la Bastille, on m’avait pris le vent. Pendant dix ans, dix mois et six jours, je n’ai pas une seule fois senti le vent sur ma peau. Ils ne savaient pas que je l’aimais à la folie.» (p.12) Sade est présenté en quelque sorte comme une victime de son désir d’écrire et donc mené par une fatalité : « Mais je n’ai rien décidé. Il s’est passé que je suis devenu une dépendance de ma plume, une excroissance monstrueuse au bout de cet instrument qui me gouverne, quoi que j’en aie. Contrairement à ce que pensent ces plats imbéciles, je suis l’être du monde le moins gouverné par ses sens. Par défaut, quand l’on m’a obligé à vivre sans écrire, ma plume s’est faite main, vit, prestige , fouet, couteau, fleur. Mais c’est le corps dans la langue que je me suis roulée, toujours, depuis la Barrière blanche. La langue est le seul lieu où je n’ai pas peur et ne désire pas d’entendre la voix écrasante. » (p.38) Tout au long de ses monologues, il se défendra en disant qu’il n’a peint que la réalité : « Oh, génies de la stupidité, zélés serviteurs de l’hypocrisie, quand consentirez-vous à reconnaître que je n’ai rien inventé, jamais ? Êtes-vous bêtes au point de ne pas voir que je n’ai fait que piller ce qui existe ? » (p.69) Curieusement, il fera un parallèle entre les horreurs de l’aliénation telles que les vivent les patients de Charenton et ce qu’il a dépeint dans ses livres : « … et répudier pour toujours cette prison obscène et démoniaque, où mes tableaux les plus sombres se peignent le plus exactement, le plus fidèlement, sauf que dans mes romans les victimes ne disent jamais rien. » (p.148) Je dis « curieusement » car le portrait qui est fait de Charenton est plutôt propret dans ce roman. Lorsque Sade arrive à Charenton, Tonnerre en donne une description physique : « C’était un homme qui avait passé, assurément, la soixantaine, d’une grande corpulence, aux traits empâtés mais fins encore. Ses longs cheveux avaient cette couleur indécise que l’on voit aux blonds devenus blancs sans jamais avoir été gris, une curieuse teinte de sable ou d’aile de mouette. Son regard était foudroyé, comme s’il eût vécu toutes les avanies d’une vie loin d’elle-même. Puis, la seconde d’après, il y passa une expression d’orage, une injonction, une douceur caressante – tout cela à la fois – et je ressentis, à l’instant, comme un élancement de l’être absolument singulier. » (p.23) Autres relations : L’ORGANISATION TEXTUELLE Synopsis : Le roman, relativement court, se déroule néanmoins sur onze ans, soit la période de détention du comte. Il n’y a pas d’intrigues comme tel, la narration des divers personnages servant à deux choses : 1- Rendre compte de la vie à l’hospice de Charenton pendant cette période, ce qui inclut le fonctionnement de l’hospice (les tâches) et la répartition des malades selon leur maladie (incluant les indigents), leur origine social (et ceux, comme Sade, qui ne sont rien d’autres que des prisonniers d’état que leur famille entretiennent), etc. 2- Le monologue intérieur de Sade sur certains aspects de sa vie dans un esprit amer et critique. Le journal de Tonnerre commence par une rétrospective de sa vie avant d’être engagé par Coulmiers. Breton d’origine, il a perdu ses parents très jeune et s’est retrouvé boiteux suite à un accident en mer. Marginal par son handicap, il semble relativement à l’aise à Charenton où il a des fonctions importantes. Lorsque Sade arrive, il est chargé de s’occuper de lui. Le comte a droit à tout sauf d’écrire, ce qui est impossible pour lui. Suite à une discussion avec Coulmiers, Sade parvient à obtenir gain de cause et il a tout le papier qu’il désire, mais, régulièrement, deux agents de police viennent saisir tout ce qu’il a écrit. Un jour, Mme Marie-Constance Quesnet, une grande amie et protectrice de Sade, vient prendre pension dans la chambre à côté de la sienne et Tonnerre en tombera éperdument amoureux. La vie, par la suite, s’écoule tranquillement entre tous ces personnages, quoique avec de petits rebondissement ; par exemple, ils montent tous ensemble un théâtre afin d’offrir un passe-temps thérapeutique aux malades ou encore, scène d’un autre genre, Tonnerre aura l’occasion d’espionner le comte et Mme Quesnet, ce qui le mettra au supplice, ce qui le conduira un peu malgré lui à souhaiter la mort du comte et à organiser une rencontre entre lui et la jeune Magdeleine à qui Sade apprendra le latin et les mathématiques tout en en faisant sa jeune maîtresse. Cependant, bien peu d’animosité règne véritablement jusqu’au jour où le docteur habituel de l’hospice meurt et est remplacé par un confrère zélé et belliqueux, le docteur Royer-Collard qui sèmera le trouble dans les esprits de tous en les tourmentant sans cesse. Ce dernier parviendra, peu avant la mort du comte, à obtenir ce qu’il souhaite, soit la destitution de M. Coulmiers. Lorsque Tonnerre raconte la mort du comte, il laisse sous-entendre qu’il l’a empoisonné ; à ce moment, Sade, très vieux, souffrait énormément, à tel point qu’ « il n’écrivait même plus » (p.149) Tonnerre conclura sur ces mots : « Je n’ai fait qu’accéder à son désir. Je ne suis pas un meurtrier, je suis un exécuteur. Il me manque. Mme Quesnet pleure sans cesse. À travers ses larmes, pourtant, il me semble que, pour la première fois peut-être, elle ne me regarde pas seulement, mais me voit. » (p.150) Ancrage référentiel : Quelques notes de bas de page qui ponctuent le roman servent, de façon très marquée, d’ancrage référentiel : Elles permettent, la plupart du temps, soit de donner des informations sur divers éléments (ex : la prison de Bicêtre, p.31) ou des précisions biographiques sur divers personnages, dont Sade (p.92). Ce souci de donner des éléments de preuve à des informations qui ne peuvent trouver place dans le cadre romanesque renvoie à l’affirmation paradoxale en 4e de couverture : « Tout est vrai dans ce roman » Indices de fiction : Beaucoup d’éléments concordent pour instaurer un régime de lecture fictionnel, dont la désignation générique « roman », la narration autodiégétique, le monologue intérieur de Sade, la présence d’un personnage ouvertement déclaré « fictif », etc. Il y a toutefois des intrusions possibles du référentiel dans le fictionnel, comme la présence d’un épilogue où se donne à lire un « texte » retrouvé après la mort de Sade ou les lettres du directeur de Charenton. Comme on ne sait pas si ces textes sont référentiels, on ne peut cependant, à cause du cadre pragmatique, que les verser au compte de la fiction. J’ajouterai une note concernant une sorte de mise en abyme de la fiction assez intéressante, quoique pas véritablement développée dans le roman = Sade, pendant un de ses monologues, affirme ne pas avoir écrit La nouvelle Justine (p.55). Plus loin dans le récit, Tonnerre se fait montrer par les policiers une feuille saisie dans les affaires du comte, sur laquelle une note est suivie de l’inscription : « Ajoutez ce paragraphe en note, dans la réédition de La nouvelle Justine. » (p.65) Ainsi, non seulement l’histoire est fictive, mais nous ne pouvons, à l’intérieur de ce cadre, qu’accorder peu de crédit aux dires du comte. Rapports vie/œuvre : Tout le roman semble se construire sur un anti rapport vie/œuvre, en ce sens que l’on utilise l’un pour interpréter l’autre même s’ils ne coïncident pas et que c’est là le drame de Sade. Tout le monde (en fait, tous ceux qui sont en dehors de l’hospice) finit en quelque sorte par confondre les deux, oubliant que Sade n’a pas commis les horreurs dont il parle. Un des deux policiers fera un compte-rendu à Tonnerre des crimes de Sade : « Je n’ai pas vu de meurtres ou de tortures » conclue-t-il, « Je pense qu’il souffre en grande partie de sa réputation. On brode, on en rajoute, on lui fait porter un chapeau bien trop grand pour lui. Mais ce qui est avéré, ce sont ses livres. S’il pouvait s’empêcher d’écrire, ma foi, ce ne serait pas le premier débauché sur la terre ! » (p.122) Tonnerre conclura lui-même que le crime de Sade est « uniquement d’encre et de papier. » (p.150) Thématisation de l’écriture et de la lecture : L’écriture est très fortement thématisée à travers le personnage de Sade, bien sûr, mais aussi à travers le personnage de Tonnerre qui affirme, en ouverture de son cahier-journal : « Mais mon âme est agitée d’un tel trouble qu’il me faut consigner les événements étranges dont je me trouve être le témoin. J’ai peur, sans cela, de perdre la raison. » (p.15) Le parallèle avec la nécessité d’écrire qu’éprouve Sade est évident, quoique moins fort, évidemment ; le drame de Sade, ce n’est pas qu’il soit un débauché, mais qu’il écrive sur la débauche en la glorifiant. M. de Coulmiers dira de Sade : « Tout comme je suis bossu, il écrit. » (p.31) et Sade affirmera, en faisant référence à la Révolution : « Mais il vaut mieux commettre des crimes que de les raconter. » (p.92) ; ce pourquoi, en fait, il est enfermé. Mais le paradoxe est de savoir lequel a le plus d’importance pour Sade, la liberté ou l’écriture. Un des deux policiers avance : « Mais j’ai l’impression qu’il préfère, plutôt que la liberté, ses… phrases. Sujet-verbe-complément. Vit-foutre-torture. Pinces-tenailles-sang. Des milliers de pages comme ça. » (p.125) La question reste ouverte. Thématisation de la biographie : N’est pas thématisée. Topoï : Comme l’indique le titre ; le vieillissement est un topos important. Sade dit lui-même : « Les années se sont assemblées autour de moi, grégaires et âpres comme un troupeau de bêtes qui, pour se désaltérer, assèche un point d’eau puis le piétine. J’en suis enserré et asphyxié, comme si le licol du temps réussissait ce qu’aucun de mes geôliers n’avait obtenu : me réduire. Ce n’était donc que cela ! Il suffisait d’attendre ! » Ainsi, seule la vieillesse peut venir à bout du comte et le faire taire, alors que rien ni personne n’y est parvenu. Il est également prisonnier de son corps devenu obèse à cause de la vieillesse. Le topos de l’emprisonnement est tout aussi important : Sade s’est vu dépouillé de tout, y compris de ses œuvres et de son droit à jouir de ses biens et de sa liberté : « Mes pensées intimes sont les seules qui m’appartiennent encore, les seules qui n’aient pas été volées, violées ou contrefaites parce que je ne les ai écrites nulle part. » (p.143) Ce topos est lié à celui de la maladie mentale, terriblement mal vue à l’époque, bien que peu mis en scène si ce n’est l’espèce de « melting pot » qu’est Charenton où l’on mélange tous les types de malades (les indigents, les dépressifs, les prisonniers d’état, etc.) Hybridation : Ne s’applique pas = roman. Différenciation : Ne s’applique pas. Transposition : Transposition de l’œuvre à travers l’énonciation = assez marquée puisqu’une partie de la narration est assurée par le comte de Sade lui-même et il semble évident que les auteurs ont tenté de respecter son style qui fait souvent référence à des plaisirs « sadiques » et érotiques. Voici un exemple parmi beaucoup d’autres : « De ce que je désire, je n’ai jamais eu mon content. Il fut une époque de ma vie où n’importe quelle peau nue me suffisait. La douceur de la peau, sa morbidesse, l’affaissement souple de la nuque que je ployais devant moi, ou, au contraire, le ventre sec et chaud d’un valet me fouillant de son vit, les verges de mon enfance préalablement appliquées avec soin, sans cruauté ni colère… » (p.35) C’est le ton général qu’adopte le comte, sans verser dans l’excès et donnant une crédibilité certaine au personnage, mais peut-être moins à la figure historique de Sade (ce qui serait à vérifier au moyen de ses œuvres elles-mêmes). Autres remarques : Cette vision de Sade est bien différente de celle de Doug Wright qui nous a donné la pièce et le film Quills, la plume et le sang, quoique les personnages soient les mêmes. L’esthétique est différente ici ; c’est un roman intimiste sans rebondissement. LA LECTURE Pacte de lecture : Ambigu parce que ce livre est annoncé comme un roman inspiré du réel, fidèle à l’Histoire et bien documenté (comme l’atteste la liste des remerciements en fin d’ouvrage). Attitude de lecture : Petit livre très intéressant, bien écrit et senti. Un Sade d’un nouveau genre. Correspond parfaitement au projet. Lecteur/lectrice : Manon Auger