INFORMATIONS PARATEXTUELLES
Auteur : Dominique Noguez Titre : Les trois Rimbaud Édition : Minuit Collection : Année : 1986 Appellation générique : Bibliographie de l'auteur : romans, ouvrages sur le cinéma Quatrième de couverture : Rabats :
LES RELATIONS (INSTANCES EXTRA ET INTATEXTUELLES):
Auteur/narrateur : une voix qui parle du Rimbaud « mature » sur le ton de la critique érudite, en déléguant la parole à des auteurs illustres (Valéry) ou à des spécialistes plus ou moins connus.
Narrateur/personnage : position de l’expert
Sujet d'énonciation/sujet d'énoncé : l’expert par rapport à son sujet
Ancrage référentiel : références à de nombreux auteurs ou personnages connus (Valéry, Aragon, Breton, Cocteau, sa soeur Isabelle, Huysmans, Michaux, Garelli, Picasso, Kandinski, Gide, Étiemble, Mauriac, de Boisdeffre, Mandiargues, etc.), ainsi qu’à l’œuvre de Rimbaud. Utilisation de la photographie et de l’appareil de notes infrapaginal censés donner crédibilité à « l’étude » : citations en allemand, p. 55; de remarques métatextuelles : « sur un strict plan biographique » (p. 21), «nous n’envisageons, c’est dit, que la biographie » p. 25, «comme sur un palimpseste mal gratté » 55
Indices de fiction : l’abondance de documents (fac similé de revue, de manuscrit), surtout ceux en contradiction avec la légende du personnage : (Photo du patriarche !) les dates, la connaissance passive de la vie de Rimbaud (dénonçant le voyage en Chine et aux USA, ses deux mariages, p. 24). La référence métatextuelle au pastiche, p. 8; des remarques en apparence anodines : « l’ennui est qu’on ne sait jamais vraiment sur quel plan on se place » p. 13 «Nous n’irons pas jusqu’à la plaisante fiction d’Alain Borer qui, danss son Rimbaud en Abyssinie, prête à l’écrivain le destin de son personnage des Nuits d’Afrique, le fqait donc mourir vers 1891 des suites d’une amputation de la jambe, et s’amuse ensuite à imaginer l’idée que nous nous ferions aujourd’hui de lui si, à Dieu ne plût, tel avait été le cas (petit jeu littéraire…)NON. Nous n’en conviendrons pas moins que cette manière de récrire l’histoire a l’avantage de faire ressortir, de façon ingénieusement métaphorique, qu’un certain R. meurt bien en 1891 pour donner naissance à un autre» (voir aussi la note 20, p. 27, parlant de la « critique-fiction » de Borer)
Topoï : le canular, le faux et l’usage de faux, la falsification sous tous ses aspects.
Biographé : Rimbaud « prolongé ».
Pacte de lecture : on mise d’entrée sur la crédibilité du document et la crédulité du lecteur et tout est mis en œuvre pour ébranler ses certitudes.
Attitude de lecture : amusement et admiration devant la prouesse (la récupération de l’argument de Borer par exemple et sa dénégation, p. 27). «En vérité, …il n’y eut, il nY a quun seul R. » p. 30
Hybridation, Différenciation, Transposition Transposition dans la mesure où : il s’agit d’un faux, d’un canular, passage donc du sérieux à la fiction ludique sous couvert de sérieux. Le point de départ est d’imaginer une suite à la vie de Rimbaud et de considérer son oeuvre comme de simples écrits de jeunesse éclipsés par une oeuvre sérieuse et hautement académique. L’absence de pacte de lecture initial (entrée in medias res), l’appareil paratextuel de type documentation érudite, témoignages à l’appui (Journal de Léautaud, témoignages de Valéry, de Gide, photos, etc.) induit une lecture de type savant. Celle-ci remet en cause la légende du poète trop tôt disparu et lui fabrique une nouvelle vie, radicalement inverse de la sienne. Sans connaissance solide de la vie et de l’œuvre de l’auteur, il sera facile de se laisser berner quand il s’agira de savoir s’il s’agit d’un discours de vérité ou d’un discours de fiction. Le genre biographique est perturbé dans la mesure où tout un pan de la vie de Rimbaud relève de la pure invention : il s’agit de lui inventer une fin et, pour donner crédibilité à ce projet, de « faire comme si » sa vraie vie était la fausse.
Des transpositions à l’intérieur du texte : passages de poésie à prose, p. 40, accompagnés de commentaires métatextuels : « les textes ne relèvent ni du même genre (bilan intime ici, là récit d’aventures), ni du même statut (allégorique et visionnaire ici, réaliste-là)» p. 40
Le terme de Transposition même se trouve p. 43 : « cette fin du héros des Nuits est presque la transposition réaliste de la fin du Bateau ivre ».
Autres remarques critique cryptée du R en Abyssinie de Borer. Voir p. 38 : « On pourrait dire de R en A ce que bernard Frank dit de Nerval parti en Orient en 1848 : il est à la recherche de ses rêves. Il va vérifier sur le terrain ce que sa tête invente»