le premier, sociohistorique et critique vise à contextualiser la production littéraire en traçant un portrait du champ éditorial, critique et plus largement institutionnel. Il s’agira ici d’identifier les éléments de même que les enjeux qui concernent de façon plus particulière les pratiques narratives : création ou disparition de maisons d’édition, atomisation et nouvelles formes des pratiques éditoriales (éditions en ligne et sites d’écrivain), genres ou pratiques auxquels les maisons d’édition se destinent, persistance ou brouillage des catégories génériques, orientations esthétiques, etc. À cette cartographie du territoire éditorial – à laquelle il faudra inclure certains aperçus de la décennie précédente pour mettre en perspective nos observations –, s’ajoutent aussi d’autres éléments d’ordre institutionnel tels les prix, les concours, les revues de création ou de critique, de même que les événements littéraires qui, encore une fois, sont susceptibles d’éclairer un contexte et son évolution. Ce premier axe mettra à l’épreuve notre hypothèse sur un plan d’analyse spécifique, en conduisant à déterminer dans quelle mesure la porosité serait à l’œuvre dans le champ lui-même et portée par lui. Il faudra voir, grâce à l’examen des politiques éditoriales, si, par exemple, l’atomisation et le caractère composite du champ permettent et encouragent la rencontre des formes et des esthétiques : les politiques des maisons et des collections tendent-elles à reconduire les catégories génériques traditionnelles ou plutôt à défendre l’hybridité, l’éclectisme et l’exploration des frontières? L’examen du discours critique, savant et culturel, nous paraît également susceptible de révéler les postures, les modèles, les valeurs et les enjeux défendus et négociés. Que ce soit par l’élection de certaines œuvres ou figures d’écrivains (et l’occultation obstinée de certaines autres), par la valorisation de lieux éditoriaux, d’événements littéraires et de postures esthétiques, ou que ce soit encore en ouvrant son propre discours à d’autres formes (la critique ayant ainsi elle-même recours à ce processus d’échange), voit-on se dessiner au sein de cette formation discursive une « défense et illustration » du principe de porosité?