Fiche de lecture 1. Degré d’intérêt général L'écriture fortement influencée par un style pictural représente une modalité intéressante du roman, de même que la construction narrative structurée dans l'alternance des temps présent et passé. 2. Informations paratextuelles 2.1 Auteur : René Viau 2.2 Titre : Hôtel-motel Les Goélands 2.3 Lieu d’édition : Montréal 2.4 Édition : Leméac 2.5 Collection : 2.6 (Année [copyright]) : 2006 2.7 Nombre de pages : 186 pages 2.8 Varia : Premier roman de René Viau (critique d'art initialement) 3. Résumé du roman Deux personnages en crise occupent le centre de l’action du dernier roman de René Viau, Hôtel-motel Les Goélands. Jim et Vera quittent Montréal à bord de la Volvo déglinguée de Jim et conduisent jusqu’à ce qu’ils atteignent la Basse-Côte-Nord. Ils déposent leurs pénates à l’hôtel-motel Les Goélands, comme le titre du roman l’évoque. La trame du récit se construit par fragments : une ligne narrative se situe au présent et les autres sont au passé déclinés selon les souvenirs respectifs de chacun. Le roman est construit en plusieurs morceaux tels des chapitres et se déploie dans l’alternance du présent et du passé. L’espace accordé aux réminiscences est d’ailleurs aussi prégnant que celui du temps premier. Ainsi, au fil de la lecture, les personnages se dévoilent progressivement et des liens entre eux se tissent de sorte que le lecteur en vient à saisir l’origine de la détresse de chacun. Cette connaissance des personnages par le lecteur évolue au même rythme que la relation entre Jim et Vera. C’est donc à une traversée de l’intimité et du territoire (de Montréal à Havre-Saint-Pierre, en passant par une petite escapade au Labrador) à laquelle invite le roman. Malgré son sens aigu de la description visuelle, la narration omnisciente permet également d’accéder aux préoccupations profondes des deux protagonistes : l’un éprouve difficilement sa rupture avec Alice et l’autre est en cavale depuis plusieurs années, accusée d’avoir participé au meurtre d’un important éditeur italien alors qu’elle était une étudiante révolutionnaire éprise de Fabio, le présumé assassin. Les personnages sont au centre d’un carré amoureux dans lequel Alice, la copine de Jim, s’est entichée de Mathieu, l’amoureux de Vera. Les deux couples étaient jadis amis. Mathieu était le colocataire de Jim et Alice. Cette dernière a épousé Mathieu pour lui permettre d’obtenir la citoyenneté canadienne. De fil en aiguille, ce qui représentait une union bidon s’est concrétisé en un amour véritable et Alice a quitté Jim. Leur séjour en terre inconnue, permet aux deux protagonistes de se rapprocher et de faire plus ample connaissance, de se confier alors que leur quotidien se résume à se promener sur la grève, se soûler, dormir, se souvenir du passé et se faire des reproches (dans le désordre). Finalement, alors qu’ils viennent de faire connaissance dans le sens biblique du terme pour la première fois du roman alors qu’une tension sexuelle manifeste est installée depuis les premiers moments du récit (sans compter les nombreux ébats sexuels décrits avec force et détails qui parcourent le roman), ils quittent leur hotel pour s’embarquer à bord du voilier Boréal Express et rejoindre Terre-Neuve. Ils roulent sans jamais trouver le chemin pour se rendre au bateau, atteigne la fin de la 138 et font demi-tour. '' 4. Singularité formelle La description est un élément-clé de l'écriture de Viau. Les scènes font l'objet d'une description marquée des formes, de la lumière, des couleurs, des textures trahissant l'intérêt de l'auteur pour l'art pictural. 5. Caractéristiques du récit et de la narration Le roman est construit en plusieurs chapitres brefs et est construit dans l'alternance du présent et du passé de chacun des personnages. La première partie du roman est axée en grande partie sur l'histoire de Jim, tandis que la seconde partie du roman porte davantage sur Vera, dont le passé est beaucoup plus trouble que Jim. La narration est hétérodiégétique et la focalisation, interne. Cette dernière progresse au fil du roman : au début, c'est à l'intériorité de Jim à laquelle nous avons accès alors que Vera demeure relativement opaque, à l'image de la brume anesthésiante où elle se terre, ensevelie sous les tonnes de médicaments. Puis, au fur et à mesure, la focalisation interne est l'objet de Vera qui se dévoile peu à peu au lecteur. 6. Narrativité 6.1 Typologie de Ryan 1- Simple 2- Multiple **3- Complexe** 4- Proliférante 5- Tramée 6- Diluée 7- Embryonnaire 8- Implicite 9- Figurale 10- Anti-narrativité 11- Instrumentale 12- Suspendue Justifiez : Complexe : le récit est construit à partir de trois fils narratifs : le premier qui unit les deux personnages, le deuxième, celui où figure Jim tant dans son présent aux côtés de Vera que dans ses souvenirs liés en grande partie à Alice, le troisième, celui où apparaît Vera auprès de Jim et les réminiscences liées à sa vie d'autrefois en Italie puis auprès de Mathieu. 7. Rapport avec la fiction Le rapport à la fiction est somme toute conventionnel. Rien à relever à ce sujet de singulier. 8. Intertextualité Rien de bien particulier, il me semble. 9. Élément marquant à retenir Les jeux narratifs de focalisation et le style pictural de l'écriture.