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Rabaté, Dominique et al, Le Roman français contemporain, Paris, Culturesfrance, 2007.
Chaque critique s’est taché de produire une bibliographie sélective de romans pour accompagner leur article. Ces bibliographies étant de plusieurs pages en longueur, je ne les ai pas retapées. Il s’agit bien du « roman de langue française depuis 1990 ».
Rabaté, D. « Résistances et disparitions », p. 9-41.
Quignard, Bon, Michon, Bergounioux, Millet, Echenoz, Jean-Paul Goux, Laurent Mauvignier, Lydie Salvayre, Martin Winckler, Leslie Kaplan, Jauffret, Olivier Cadiot, Louis-Combet, Germain, Nothomb, Carrère, NDiaye, Catherine Millet, Modiano, Didier Daeninckx, Fred Vargas, Alain, Fleischer, Nadaud, Jean-Loup Trassard, Peuch, Olivier Rolin, Volodine, Chaque année à la rentrée littéraire sortent quelques 600 titres, pour la plupart des romans, en France. Jamais le roman n’aura été si « hégémonique » dans le paysage littéraire (p. 10). « Le soupçon double le roman contemporain comme son ombre : il le mine et en occulte la gloire, mais cette ombre peut aussi bien révéler son éclat, dessiner mieux la silhouette séduisante qui est la sienne. » (p. 13)
« biographies imaginaires », « vies rêvées » : mélange entre « fictionalisation et biographie, imagination et document, qui fait de la vie d’un autre la matière d’une méditation sur ce que l’on peut savoir d’autrui, fût-il ou non célebre. Mais l’intérêt de ces vies tient aussi à l’aller-retour entre le peintre et le modèle, entre le sujet de la biographie et celui qui tente d’en reconstruire l’image, une image qu’il ne faut d’ailleurs pas trop stabiliser au risque d’en perdre la vertu fascinante. […] À rebours de la biographie (et d’une certaine manière du roman, qui produit toujours comme malgré lui du déterminisme), il s’agit dans la biographie imaginaire, en accord avec son lointain modèle de Marcel Schwob, de faire exister des singularités, de refuser le récit unificateur, pour faire saillir les moments aberrants, les lieux de stupéfaction. (p. 15)
Les expérimentations du roman contemporain « relèvent toutes de ce que j’appellerai les résistances et les disparitions du sujet en ce sens qu’elles me paraissent témoigner, réfléchir et façonner les manières d’être aujourd’hui de l’individu des sociétés postindustrielles, surmodernes […] Résistances : ce seront les modalités que le roman expérimente, selon les protocoles de la fiction qui explore le monde des possibles, modalités par lesquelles le sujet maintient sa singularité, échappe au contrôle social, au poids des normes, parfois en assumant le risque d’une régression ou d’un archaïsme. […] Disparitions : le roman se fait alors aussi l’echo de toutes sortes de pans de vie passée qui se volatilisent, s’attachant à dire les traces d’une réalité évanescente. Mais la disparition peut aussi devenir le projet paradoxal d’un sujet occupé à fuir dans les marges de la société, à se volatiliser dans un espace intermédiare, celui de l’écriture ou de l’imaginaire, un espace de solitude à partager et à réinventer. » (p. 19)
Le roman contemporain est souvent, voire presque nécessairement, monologique. Cela témoigne de la prévalence du narrateur à la première personne, narrateur non fiable, réduit à son point de vue sur le monde qui est souvent incomplet et biaisé. (p. 23)
Jérusalem, C. « Terre, terrain, territoire. Variations historiques et géographiques dans les romans contemporains », p. 47-73.
Trois lignes de littérature géographique :
Romans de la terre perdue : Témoignage du monde rural, « dans un rapport mythique à la dépossession » (Michon, Bergounioux, R. Millet, Jourde), p. 48-49
Romans du « terrain » : « privilégient l’espace public plus que l’espace privé, le présent plus que le passé, le collectif plus que l’individuel, l’urbain plus que le rural. Le terrain est l’objet d’une investigation sociologique et ethnographique qui permet de mettre au jour les mutations du monde contemporain urbain » (Bon, Jean Rolin, Salvayre, François Bégaudeau), p. 49.
Romans du territoire : « embrassent une étendue spatiale plus large [pays lointains…]. Ceux sont des fictions qui aiment jouer, des “fictions joueuses” » (NDiaye, Echenoz, Toussaint, Volodine), p. 49.
Guichard, T. « Les Mutations du roman français », p. 81-101.
Guibert, Angot, Régine Detambel, Camille Laurens, Christian Prigent, Claude Louis-Combet, Dominique Fabre, Michon, Bourgoinioux, R. Millet, Eric Faye, Christian Garcin, Salvayre, Serena, Jean-Claude Pirotte, François Salvaing, Jean-Loup Trassard, Bon, Les années 1990 sont les années d’« autofiction ». Louis-Combet a inventé un genre : la « mythobiographie » : « investir, via la fiction, la vie d’un personnage illustre et à y insérer ses propres sentiments, angoisses, pulsions. » (p. 89) Mention la Nouvelle fiction brièvement, en opposition à l’autofiction Guichard met en rapport le succès de l’autofiction avec un public obsédé de télé-réalité etc. Il constate tout comme Rabaté que ces dernières années, beaucoup de romans se font en monologues
Peras, D. « Les Mutations du roman populaire », p. 105-119.
Il faut bien prendre en compte le roman populaire, puisque ses ventes financent les éditeurs qui publient de la littérature « plus expérimentale ». (p. 105) Le roman populaire se porte bein économiquement. Les lignes entre littérature de grand public et Littérature commence à se brouiller. On témoigne d’un effet de « zapping » : on peut apprécier à la fois une Duras et une Nothomb, par exemple. Que faire des livres comme Les Bienveillantes de Littell ? La partie la plus inventive des romans de large consommation est « sans doute le polar. » (p. 113) « Le public apprécie de ces écrivains leur capacité non seulement à raconter des histoires, mais aussi à dire le monde, contrairement à une litérature soucieuse avant tout de dire le moi. »